Partie 4 | Mort (16)

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—Je t'aime. Souffla Noisette

— Je sais, c'est bien ça le problème, moi aussi je t'aime.

— Vraiment ? Alors pourquoi avoir passé tant d'années à m'éviter ?

— Pour ton bien. Pour pas que tu finisses incarcéré pour avoir aimer un homme, qui se déguise en femme en plus.

— Moi tout ce que je voulais c'était être avec toi. Mais je comprends, tu as du tellement souffrir à cacher ainsi tes sentiments.

— Tu ne peux pas imaginer à quel point. Conclu je.

Nos lèvres se frôlèrent. Nos cœur battant la chamade, à l'unisson. Nos jambes si proches. Les yeux dans les yeux. Nous nous embrassâmes devant toute une assemblé. On allait être emprisonné, en centre de reconditionnement... Non, c'était vrai j'allai mourir et Noisette était déjà condamné. C'était trop tard. Alors autant y aller à fond.

Je le serrai dans mes bras et lui aussi. Nous répétâmes l'action avec notre bouches. Cette fois le baiser fut plus long et intense. Quel ironie. On était aux anges, nous pouvions nous aimer. Enfin nous pouvions nous tenir la main. Mais bientôt Noisette se retrouverai seul.

— Échappons-nous d'ici et marions nous. Me murmura-t-il à l'oreille.

Je secouais la tête. J'avais promis. Je devais tenir cette promesse pour la symbolique. Le serment maudit était sacré, on ne le brisait pas. Si je devais mourir aujourd'hui, c'était que les Déesses le souhaitaient. Je voulais une dernière fois accomplir leurs vœux.

Et puis j'avais peur d'assumer les conséquences de mes actes. Cette fois, j'étais allé trop loin. Mon sacrifice ne suffirait même pas à pardonner mes blasphèmes. J'étais un religieux de sexe masculin qui préférait porter des vêtements féminins, et qui par-dessus le marché aimer d'un amour fougueux un autre individu du même sexe.

Mon nom serait renié à jamais. Ma mort était incurable où ça signifierait que la société dans laquelle on vit, ne comporte plus de règles. Je fis signe à ma garde que j'étais prêt. Tant pis pour les adieux, plus vite, ce serait fait moins je risquais de regretter ma décision.

La femme blonde me conduisit sur un ponton de bois. Il ressemblait au pont de pêche. Je repensais à tous ceux qui avaient du perde la vie en sautant d'ici. Étaient ce des humains ? Des Voyageurs ? Avaient ils fait un serment par amour ? Par désespoir ? Avaient ils eue peur avant de sauter ? Où s'étaient-ils sentis attirés pour le calme bruit des vagues ?

— Vous pouvez vivre. Vous avez encore le choix. Chuchota la femme, avant de quitter le ponton.

De quel choix parlait-elle ? La proposition de Noisette était insensée. Il y avait trop de soldats, nous ne pourrions pas nous enfuir. Et puis zut... J'allai sauter et tout ça serait finis. Alors que je m'approchai courageusement du bout du ponton, mille pensées traversèrent mon esprit. On dit que c'est souvent ce qui se passe à travers votre esprit avant de mourir. Des souvenirs refaisaient surface.

Je devais avoir deux ou trois ans et je pleurais, car j'avais perdu mon doudou. Paëlla me le rapportait en inventant une histoire farfelue comme quoi ma peluche s'était perdu en cherchant le petit coin.

Je devais avoir cinq ou six ans et je jouai au ballon avec mes parents et ma tante.

Noisette me proposait de jouer avec lui sans prendre en compte la couleur de mes cheveux.

J'étais caché avec Noisette, et on se confiait nos secrets dans une cabane abandonnée.

J'essayai une jupe pour la première fois.

Je tombai à cause de mes talons hauts sous les rires de ma sœur.

Je rencontrai Beldeneige pour la première fois.

Aille ! Le garde me poussait. Attends ! Est-ce que j'avais le droit de laisser tomber ma famille et mes amis ? N'étais ce pas de la lâcheté que de perdre la vie, leur laissant une blessure qui ne cicatriserai jamais ? Noisette, Frégate, ma famille, ... Je ne pouvais pas leur infliger ça. Me voir me tuer les détruirait de l'intérieur.

Et puis Yann avait besoin de nous. Mon sacrifice pouvait attendre. Finalement, avais-je vraiment envie de mourir ? Mes proches m'aimaient pour l'être imparfait que j'étais. Certaines personnes seraient prêtes à tout pour moi. J'avais de la chance. Et j'allai la gâcher pour me simplifier la vie. Frégate serait aux mains du propriétaire, mes amis emprisonnés, ... Yann, mort...

Je devais éviter ça, c'est ce que les Déesses m'auraient dit. Bats toi pour ceux qui t'aiment et pour ce que tu trouve juste. Les Déesses... Je repensais à la plume de corbeau glissée dans mes cheveux. N'étais ce pas un signe ? Je l'extirpai, tandis que le soldat commençait à s'impatienter.

— Une seconde ! S'écria la femme.

Son compagnon se retourna. Je courus à toute vitesse, la plume à la main ne pensant à rien d'autre qu'à Noisette. Le garde réagit rapidement et s'interposa. Mince ! Trop tard !

- Je gère ! Assura la guerrière. J'attendais d'être sûr que tu voulais vivre !

Elle planta une fléchette tranquillisante dans l'épaule de son ex collègue. Mais il allait tomber dans la source. La femme tenta en vain de le rattraper. Il était trop lourd pour elle et l'entraînait dans sa chute. Je pris l'homme, le bras et avec détermination, nous réussîmes à intercepter le soldat qui put s'écroulait sur le ponton. Ouf !

Il n'était pas notre ennemi, il faisait juste son boulot. Je ne voulais pas qu'il meure ! Ses proches en auraient été affligés. Et puis les Déesses étaient contre la violence. Je me crispai en repensant à l'acte de la soldate. Elle avait mal agi pour moi.

C'est comme si je lui avais ordonné d'endormir le garde. Mais je savais que nous n'avions pas le choix. D'autres soldats entouraient déjà ma nouvelle alliée et moi. Elle leur administrait des tranquillisants un à un. Mais c'était trop lent. Et eux étaient armés de sabres et d'épées. Je devais faire quelque chose. Qu'est qu'un religieux pouvait bien faire en situation de guerre. Prier ? Oui, c'était la clef. Je me mis à genoux, évitant un coup d'un des guerriers. Je tenais la plume à la main. Oh, Déesse Amaya, faite que le combat cesse, je vous en supplie. J'attendis. Rien. Peut-être les Déesses m'avaient renié. Ce n'était pas impossible. Mais pas le temps de se lamenter, car une épée approchait dangereusement de ma nuque.

— Non ! Hurlai-je en tenant fermement la plume.

Mais le coup ne m'atteint pas.

— Oh merci Grande Déesse des Ténèbres. Merci. Je vous remercie pour avoir paré cette mort inévitable.

— Hmm. Et moi, je n'ai pas le droit à un remerciement ? Grogna une voix masculine.

Noisette ! Il avait mis à terre le soldat sans même être armée. Comment avait il fait ça ? La seule réponse : les Déesses lui avaient permis de vaincre.

— Arrête de me fixer comme si j'étais un Terrien. Tu sais très bien que je maîtrise parfaitement les arts martiaux... Aaaaah

Une flèche venait de passer pile au-dessus de sa tête. Une chance ou bien le destin ? Il récupéra une épée et se mit à se battre à nos côtés. Noisette n'était pas un tueur, il se servait de l'épée seulement pour parer les coups. Moi, je ne pris pas part au combat, je n'avais reçu aucune formation adéquate et risquais plus de me blesser qu'autre chose, surtout que je ne ferais jamais acte de violence.

Donc, à deux et demi, face à une dizaine de guerriers, nous étions en bien mauvaise posture. Au moins, ma prière nous avait ramené Noisette. J'en étais arrivé à cette conclusion, aussi rationnelle, soit elle. Je commençai à perdre espoir. Noisette et moi mourrons cote à cote comme Roméo et Juliette. 

Tome 1 : Miel | Un Monde Incolore Où les histoires vivent. Découvrez maintenant