Tokyo Moon

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Ma nuit fut longue et inévitablement ennuyeuse. Camoufler comme si je portais une cagoule à inspecter les caméras de surveillance de la ville m'a pris un temps fou, mal positionnée dans ma mini voiture. Sa misérable existence n'a pas un brin de folie. Il sort du lycée à dix-huit heures tapantes, s'est dirigé vers sa vieille Volvo polluante pour aller se désaltérer le gosier dans un petit bar des vieux quartiers parisiens. Il y passe ce qui me semble des heures avant d'aller retrouver sa petite femme chérie qui ne se doute pas un seul instant des agissements de son époux. Ma surveillance n'a abouti à aucune piste valable pour trouver un moyen assez exceptionnel de l'abattre.

Allez, mes petits bonbons en sucre, on ne va pas épiloguer sur ce vieux bougre pervers égocentrique. Je me lève, me dirige vers mon dressing et enfile une tenue de sport. Ensemble bas et crop top noir, avec une veste zip de la même couleur et des tennis grises. J'agrémente le tout d'une casquette black. J'accroche un tour de bras pour maintenir mon téléphone et enfile mes airs pods. À toute vitesse, je dévale les escaliers, me motivant étant donné que la nuit a été longue. Le besoin de discrétion m'oblige à utiliser le portail en fer forgé qui donne sur une petite ruelle à l'arrière. Je pousse mes jambes à fond la caisse pour avoir le temps d'une course effrénée avant que le soleil pointe le bout de son nez. Dans les oreilles, la petite Pink hurle à me briser les tympans. Sortir de mon isolement de temps à autre me procure un bien-être considérable. Sentir l'air fouetter mon visage, mes cheveux volant en suivant mes mouvements. Être libre le court d'un instant.

Je profite de l'accalmie des rues en pleine semaine pour approcher en toute discrétion du lycée de ma future victime. Le lycée est situé au cœur du quartier latin, dont il regorge des plus prestigieux établissements d'enseignement français. Ils forment l'élite française. Des anciens élèves devenus hommes d'État, diplomates, maréchaux de France, académiciens, hommes de lettres. Grâce à son prestige, ils ont modernisé l'enseignement et les activités scolaires et sportives. En outre, les nombreuses filles de cet établissement ont voulu l'expérimenter par le sport prévu dans la scolarité américaine. C'est pour cela que l'administration a validé la demande des élèves en mettant en place une équipe de pom-pom girls pour agrémenter les matchs de football. En parcourant le site officiel de l'établissement, je dois avouer que j'ai un peu bavé devant, légèrement. L'espace d'une seconde, pouvoir m'imaginer grandir dans ce genre d'endroit m'a, comme je dirai, manqué, alors que je n'ai jamais pu y goûter. C'était comme si on m'avait supprimé une part de ce que j'aurais dû vivre. Bref... Passons, ce n'est pas le plus important, mais l'état d'âme doit être relié au placard, pour ne pas envahir mon cerveau de pensées néfastes. Mère m'aurait écharpé si elle avait su ce qui me traversait l'esprit en ce moment même.

Patientant devant la grande porte en bois je réfléchis à la façon dont je pourrais le kidnapper sans bavure. Chez lui étant impossible à cause de la proximité des voisins, je comprends à présent que ce lieu n'est pas favorable à l'issue dont j'aimerais donner à la vie de cet individu. Va falloir rapidement que je trouve un autre moyen de le capturer.

Je rebrousse chemin au pas de course pour garder mon temps de sport égal à chaque jour, j'admire au passage la ville qui se réveille doucement de son endormissement. La lueur du jour perse à travers la nuit noire, m'obligeant à accélérer pour atteindre mon logement avant l'inévitable. Personne ne doit connaître la sortie au cas où. Le visage de la femme qui hante le lieu de cet immeuble.

Enfin, en sécurité dans mon cocon, je monte pour me rafraîchir la peau sous l'eau que déverse mon pommeau de douche. L'eau chaude détend mes muscles endoloris par la force exercée sur eux. Atteignant leur limite. Une fois propre comme un sous neuf, je mange rapidement un casse-dale et me réfugie dans le doux velours de ma couette, m'entrainant dans les bras de Morphée. Offrant à mon subconscient la liberté de s'exprimer ouvertement.

The queen of crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant