Tokyo Moon

9 2 4
                                    

Petit passage chez la psychologue. Confiez-vous à moi

Éprise par la colère qui menace mes synapses, je me rends immédiatement dans ma chambre afin de me changer pour plus de discrétion et d'aller vérifier ce que fait le vieux bougre qui mourra bientôt. Si je ne me remets pas au travail très, très rapidement, je ne suis pas sûre que je tienne le coup face à Evil. J'enfile ma tenue noire, prépare quelques encas et boissons et file immédiatement vers le garage.

Après avoir franchi les rues de la ville en ayant respecté les limitations de vitesse, je foule la route étroite de la forêt environnante des extérieurs de Paris pour faire une reconnaissance des lieux de prédilections de sa cabane pour animaux. La haine que je ressens pour ces personnes est indescriptible, le sentiment d'insécurité anime chaque être humain, par peur de la mort, de la vengeance, de la méchanceté, de l'horreur de certains êtres. Mon rôle est de les défendre, en même temps que de canaliser le besoin fanatique de meurtre. Joindre l'utile à l'agréable. Au moins, le jour de ma mort, je saurais à quelle fin j'ai offert ma vie.

Je me gare près d'un sentier à l'abri des regards. Ma voiture sera camouflée par les feuillages environnants. Je sors du véhicule, attrape une lampe torche dans le coffre, m'arme considérablement et m'enfonce dans la forêt. Mes chaussures font crisser les feuilles sous mes pieds, le bois craque, les oiseaux chantent en harmonie, la fraîcheur s'invite dans les mailles de mon gilet si fin.

Je m'imagine, l'espace d'un instant, si ma victime s'échappait, que je devrais parcourir la longueur des bois afin de la traquer pour assouvir ma vengeance glaçante. L'entendre couiner comme une fillette, aux abois d'une mort certaine. Pouvoir respirer l'odeur du sang avant qu'elle imprègne le cadavre. Une image succulente s'infiltre dans mon esprit. Faisant resurgir certains de mes meurtres imaginés comme une traque. À cette époque, j'étais bien plus jeune, plus fougueuse, plus encline à prendre le risque de perdre ma proie. Aujourd'hui, je ne prendrais plus de risque, même si en soi le fait de tuer est un risque considérable, mais étant donné ma discrétion ainsi que mon inexistence, ça sent très bon pour mes petites fesses bien galbées. Maintenant, tout est prêt, établi à l'avance, la jauge de sécurité est inspectée à la seconde près.

Arrivée en bordure de forêt, je remarque qu'une voiture est garée à proximité des enclos, où j'aperçois Roblès le vieux pervers/pédophile en train de donner à becter à ses rottweilers. Une sacrée race de chiens. Des combattants. Je n'aurais aucun mal à mettre en pratique le plan mis en place quelques jours avant dans ma tête. Ses bêtes sont faites pour tuer. Croyez-moi, c'est aussi exaltant d'assister à une mort qui n'est pas de notre fait que d'y participer, surtout quand c'est celle de personnes ou d'animaux que le criminel apprécie fortement. La douleur psychologique est plus frappante que lorsqu'un individu lambda vous ôte la vie.

Avez-vous déjà pensé à la mort, mes petites mouches ?

Très souvent pour ma part. Je n'ai pas peur de celle-ci, j'ai seulement la frousse de ne laisser aucune empreinte dans le monde. Seules les personnes dont j'ai pris la responsabilité de les venger se souviendront de moi, sans connaître un brin de mon visage. Est-ce un choix voulu ? Non. Ma mère ne m'a pas laissé le choix, accoucher dans un milieu hospitalier n'était pas favorable, quelqu'un aurait pu la reconnaître, et la police aurait pu venir l'interpeller. Elle n'est pas comme moi. Elle a grandi en étant connue de la société, en faisant partie intégrante du monde. Elle allait à l'école, elle avait des petits amis, elle participait à des fêtes, elle avait même eu un travail. Seulement, elle a dévié de cette ligne toute tracée que veulent les parents pour chacun de leurs enfants. Et n'a pas eu connaissance du danger qu'elle encourait lors de ses premiers assassinats. Ses empreintes faisant partie de la base de données nationale, elle a très vite été repérée et a dû prendre des mesures radicales en se cachant pour le reste de son existence, enceinte de sa petite fille chérie.

Mon paternel, je ne le connais pas. Le seul fait que j'ai en ma possession de sa part a été les paroles incendiaires de ma mère à son encontre. Le tapissant comme la pire espèce que la planète ait pu concevoir, ça ne m'étonnerait même pas qu'il ait pu être son premier meurtre. Mais je ne le saurai véritablement jamais.

Robles, ce vieux dégueulasse en tenue de paysans avec sa chemise à carreaux plus longue pour cacher son ventre bedonnant, se pavane tel le roi de la savane au milieu de ses petites bêtes avec un seau rempli de viande. Si j'avais la possibilité d'envahir son esprit, de lui montrer que ses animaux fétiches vont avoir la chance de le déguster lui, je saisirai cette opportunité de voir s'écouler la sueur de la mort affreuse qu'il va subir.

Sagement assise sur un rocher en retrait de sa cabane, j'attends patiemment qu'il se décide à reprendre la route vers chez lui. Je dois me lier d'amitié avec ses chiens, qu'il ne soit pas surpris de mon intervention plus tard dans la semaine, que je ne me fasse pas dévorer à la place de Robles.

Les secondes défilent lentement, m'apostrophant d'un ennui total. Je ne peux même pas, comme certains jeunes font patienter en naviguant sur les réseaux sociaux, car je n'ai aucun compte ! Auparavant, je n'y avais pas le droit, ce fut le plus grand interdit dont j'ai eu, ainsi que de sortir de la maison, comme je vous l'expliquez un peu au début.

Ma mère, le matin, me programmait l'ordinateur pour apprendre selon mes âges le parcours scolaire. J'ai fait comme tout le monde, mais à la maison. Ensuite, l'après-midi, j'avais des cours, des tutos avec mes parents, des fois les deux, des fois l'un ou l'autre de tueur en série.

Mais qui, s'il vous plaît, décide de créer des cours pour devenir tueur en série ?

Ma mère est réellement tombée sur la tête, vous ne pensez pas ? Maman est une connerie à elle toute seule, juste pour que sa chère fille puisse toucher du bout du doigt l'extase qu'elle vivait depuis sa première fois.

Elle est complétement chtarbé il faut se le dire !! (Je le répète : ne jamais reproduire chez soi, ne jamais reproduire chez soi, ne jamais reproduire chez soi), on ne fait pas les voyous.

Si je dois vous avouer toute la vérité. Cela va paraître dur pour certains. J'ai commis mon premier assassinat à l'âge seulement de Dix ans. Et oui, on m'avait amené une proie sur un plateau d'argent, on l'avait suspendu par les mains, attaché les pieds qu'il ne puisse pas bouger, et on m'a donné un couteau en me laissant dans la pièce ou Devil était dans le chapitre précédent. Je ne voulais pas la décevoir. Donc, en l'espace de même pas deux minutes, j'ai planté mon couteau violemment dans la chair qui paraît plus tendre qui n'y paraît à la découpe. J'y allais d'une rapidité affligeante au début, puis vers la fin, lorsque l'humain avait claqué, de la pointe de la lame, je prenais le temps d'apercevoir cette même lame descendre délicatement jusqu'à érafler l'organe qui se trouvait ci-dessous. Je suis restée plus d'une heure à mastiquer le corps autant que je le pouvais, puis une fois terminé, je me suis avancée vers la glace accrochée au mur, afin de regarder l'état dans lequel j'étais. Je n'aurais jamais pensé prendre autant de plaisir, et être autant heureuse d'avoir été asperger du sang de ma victime. J'ai lâché mon couteau non pas de dégoût, mais seulement pour avoir les mains libres. C'est alors que j'ai malaxé, que j'ai étendu le sang éjaculé sur moi sur le reste de mon corps. La sensation du visqueux sur ma peau découverte m'apaiser.

Ce jour-là, j'avais réussi une chose, la plus importante à mes yeux de petite-fille. Rendre ma mère la plus heureuse du monde, elle avait une si grande fierté pour moi. Après cet événement, nous avons passé énormément de temps la nuit à parcourir les rues afin de parfaire mon entrainement dans des situations plus périlleuses. Je devais être prête pour mes dix-huit ans.

L'heure est venue d'aller sympathiser avec ses petites bêtes à poils ! Buenas noches mes bébés.

The queen of crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant