Evil Blood

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Avoir des explications

Profitant de l'absence de Tokyo, je m'incruste dans son appartement en crochetant la serrure. J'aimerais découvrir davantage de chose sur sa personnalité, mieux la cerner. Cette fille ne dégage rien, à part une grande part d'obscurité, persuadés qu'il y a autre chose à gratter sous la surface. Mon premier constat ne m'apprend pas grand-chose. La moitié des portes de cet appartement sont fermés à clés. Seul le salon et la cuisine me sont accessibles, ainsi que sa chambre. Elle enferme même ses fringues à double tour, c'est pour vous dire la paranoïa qu'elle vit.

— Qu'est-ce que tu fous là ? M'atteint une voix que je commence à connaître, d'un timbre peu enclin à la discussion.

Attend-elle réellement une réponse ?

— Je ne veux pas savoir, ma soirée a été tellement agréable que j'ai envie de rester sur mon petit nuage et de ne surtout pas écouter tes petites excuses lamentables. Pour que tu sois devant mon dressing, tu voulais quoi ? Voler ma petite culotte, pour la sniffer comme un pervers ?

Pour qui, me prend-elle. La respiration hachée d'une colère noire, je la retrouve dans le salon, tranquillement affalée sur le sofa, la tête vers le plafond et un sourire plaisant qui étire ses lèvres. Qu'est-ce qui peut bien l'enjouer à ce point-là ?

— Si tu comptes rester planté comme un idiot au milieu de mon plancher, sers à quelque chose et vas me chercher à boire, tu seras gentil !

Ses nouveaux ça, elle me donne des ordres à présent. Cela signifie qu'elle me prend pour un faible. Je vais lui montrer moi.

Je me rapproche de son corps, mettant de l'ombre sur son si joli visage, alors que le soleil zèbre déjà à travers la baie vitrée. Puis d'un coup, qu'elle ne puisse pas anticiper, j'agrippe fortement sa gorge et serre. Ses deux billes bleutées me transpercent de toutes parts. L'angoisse ne l'accapare pas, au contraire, elle rit à gorge déployée. Le comportement sadomasochiste quel renvoi ne me prend pas au dépourvu, c'est le genre de femme qui n'a pas froid aux yeux, qui n'a peur de rien. Elle sait se défendre donc elle ne craint rien, selon elle ! En plus, elle ne pense pas que je sois capable de faire du mal, d'agresser. Elle me prend pour un faible ce qui ne me plaît pas tellement. Il faut que je fasse mes preuves, que je lui prouve qui je suis, que mon père soit fier de moi.

— Tu prends ton pied Evil ? glisse-t-elle en exagérant de sa langue en décortiquant les mots.

— Et toi, tu aimes quand ça fait mal ?

— Si tu savais, mon mignon la manière dont je prends mon pied, jamais, tu n'aurais osé poser tes mains sur moi ! Petit Veinard, appuie-t-elle en touchant brièvement le bout de mon nez de son doigt, comme si j'étais un enfant, j'ai passé tellement une excellente soirée, que je vais faire l'impasse sur ta maladresse ce soir d'accord ?

— Je n'en ai strictement rien à cirer que tu fasses l'impasse ou non ! Tu me prends pour qui ? je rage de colère. Je ne suis pas ton espèce de jouet à qui tu peux passer des heures à faire tourner en bourrique.

— Hum...

Ce petit bruitage est si sexy venant d'elle. Je n'aime pas l'effet qu'elle a sur moi ! J'ai autant envie de la fracasser, qu'envie de la baiser violemment pour expier ma frustration.

— Tu as fini ton introspection ? Je peux aller me coucher maintenant.

Je la repousse plus violemment que je ne l'aurais voulu, et file à pas de gorille vers mon appartement. En entrant, la première chose que j'ai envie de faire, c'est de tout casser. Tout ce qui passe dans ma main y passe. J'ai besoin d'évacuer la colère qui fait rage en moi, d'extraire le poison qui menace mes artères de se disloquer. Rester près d'elle est un supplice !

The queen of crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant