The queen of crime

Evil Blood

Ma vie a-t-elle déjà eu un sens ?

Les découvertes vont-elles être à la hauteur de mes espérances ?

Evil,

Mon cher fils. Si à ce jour, cette lettre est entre tes mains, ça signifiera que je suis mort. Que la vieillesse m'a terrassé ou que l'emploi que j'occupais m'a trahi. Tu te retrouves aujourd'hui seule dans ce monde. Sans mère. Ni père. Nous t'avons tous les deux abandonnée d'une manière différente. Petit, je ne pouvais pas te raconter les détails sur mon travail au risque que tu ne comprennes pas et que tu décides de me fuir. Toi, mon fils que j'ai tant aimé. À ton âge, tu es capable de comprendre pourquoi je suis parti, pourquoi t'ai-je abandonné, pourquoi je ne suis jamais revenu.

Ta mère a toujours été au courant, mais elle n'a jamais voulu t'en faire part. J'ai pourtant plusieurs fois insisté pour qu'elle t'explique ou me laisse t'expliquer de vive voix. Dans ses moments où elle était lucide, je faisais tout pour la convaincre, à contrecœur j'ai respecté son choix de te vouloir en dehors de cette horreur.

Par ailleurs, il arrivait que par peur, elle me contacte pour me faire part de ce qu'il se passait dans ta tête. Les idées noires qui infestent ton existence. Qui lui faisait penser que tu avais besoin d'aide. Elle savait au fond d'elle que tu n'étais pas fou, mais seulement comme moi, malgré ça, elle n'a jamais voulu que j'intervienne. C'est pourquoi je t'ai laissé suivre le cours de ta vie sans intervenir pour que tu puisses avoir un semblant de normalité dans ton existence.

Aujourd'hui, je veux que tu t'épanouisses amplement, et il n'y a qu'à ma manière que tu pourras être comblé. Je t'offre la chance de ta vie, d'apprendre à me connaître, mais aussi d'approfondir ta personnalité. Je ne serais seulement pas là pour voir ton évolution. Crois-moi, tu ne seras que plus heureux en menant une existence comme la mienne.

Je te laisse le soin d'aller retrouver Tokyo Moon, cette fille qui connait presque tout et pourras te faire découvrir ce dont tu recherches sans le savoir. Elle loge à l'adresse XXXX (pour des soucis de confidentialité, je ne peux vous lire l'adresse marquée sur ce document). Ne la trahis pas à cause de moi si tu décides d'ignorer ce courrier, elle n'a rien demandé et ne mérite pas de souffrir.

J'espère que ces mots te persuaderont de faire le bon choix.

Ton père qui t'a toujours aimé, même de loin.

Bundy Blood.

Voici les mots que je découvre sur le parvis de la caserne militaire où je travaillais depuis quelques années maintenant. À la sortie, un homme habillé en costume costard cravate bleu marine m'a interpellée dans un silence effrayant, en me tendant cette lettre qui me revenait de droit.

Toujours choquée par la présente lettre, installée sur son fauteuil, sans broncher, ni savoir comment prendre la prise de parole de mon paternel. Cet homme qui m'a laissé sans aucune nouvelle toutes ses années, alors que j'avais tellement besoin de lui. Qui m'a laissé évoluer dans un monde qui je sais, ne me conviens pas.

Pour vous expliquer, pour quelle raison je pense ça. Il faut que je vous raconte ce qu'il m'est arrivé.

Après une mission militaire que j'exécutais avec mon escadron. La traque d'un terroriste sans pitié prenait fin. Sauf qu'il a fallu pour sauver les membres de mon équipe que je reste seul, avec une arme chargée qu'à moitié pour retenir les assaillants. Dans ce désert, où la chaleur m'étouffait, où le sang qui avait jailli sur mon visage durant de très longues minutes m'accueillait. Les talibans résistaient et ne voulaient pas nous lâcher, la cueillette de leur leader les rendait fous furieux, là où mon escadron et moi-même étions plus qu'heureux que les années de recherche aient fini par payer. En regardant le gaz sadko filer droit vers la ville, je savais que mon existence s'arrêterait dès l'instant où je leur avais donné l'ordre de prendre la fuite.

Ma capture m'a rendu hystérique, m'a détruit, m'a changé à tout jamais. Leurs méthodes, je les ai connues, les enjeux aussi, et j'ai décidé de foncer droit dans leur tanière. Comme un homme, je me suis résigné à accepter le sort qu'il m'était réservé, mais à quel prix ?

Je vous raconterai, en temps voulu, les séquelles que m'ont causées ces mois d'enfermement dans une pièce aussi exigu qu'un placard à balai, dans des conditions plus déplorables que dans une prison.

Voilà pourquoi j'ai fini par être réformé de l'armée. Sans aucun doute, pour ne pas créer de scandale, ils m'ont laissé sortir, pour que je ne fasse pas de vague et retourne sur la route empruntée quelques années plus tôt avant d'intégrer l'armée. Je n'aurais jamais raconté mon histoire, bien que la déception m'accable encore à ce jour. Je pensais honnêtement que j'avais plus de valeur à leurs yeux, mais ils ont mis presque une année entière avant de revenir me chercher et de me sortir de cet enfer.

Alors, en ce mois de mars de l'année 2023, je me retrouve chez une inconnue qui est aussi froide qu'un frigidaire, sans famille, avec un emploi qui me redonne du baume au cœur et avec beaucoup d'argent pour commencer une nouvelle vie. N'oublions pas cette nouvelle lettre dont je ne sais pas exactement ce que je vais en faire pour l'instant.

Je suis un personnage atypique, très décalé comparé à la société et de ce que j'ai pu apercevoir de cette traitresse aux cheveux d'ébène, on se ressemble plus que je ne le voudrais. C'est sûr que comparé à moi, niveau style, elle est comme les nains passe-partout dans Fort Boyard et moi, je suis attifé comme dans une flashmob d'un clip de rap. Tokyo m'a bien informé sur ce que mon père faisait de ses mains, je suis heureux d'avoir découvert son secret, par contre serai-je à sa hauteur ? Telle est la question.

Au diable, les ressentiments, avant de poser un pied dans cet immeuble, je voyais rouge constamment, défiant toute autorité, prenant à bras-le-corps le moindre humain qui se mettait en travers de mon chemin. Mes neurones ont souffert et aujourd'hui, je ne suis plus le petit garçon qui pleurait comme une pisseuse lorsque son père a pris la tangente.

Je suis devenu un homme aux couleurs flamboyantes d'une belle obscurité, à la personnalité très extravagante et en symbiose complète avec le sang. Tel un vampire calfeutré dans sa tanière bien trop longtemps, je m'apprête à reprendre le cours de mon existence accompagné des futures âmes de mes victimes.

Evil Blood, destructeur de chair humaine, au service de la nation, calcinant tous ses mécréants qui peuplent les rues de notre société pour vous servir.

AH ! AH ! AH ! AH ! AH ! AH ! AH ! AH !, ricané-je dans mon humble demeure. Le sang va couler encore plus rapidement qu'une cascade en geyser.