XII

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June Díaz

Au moment où ses lèvres touchèrent les miennes, je fus prise de court un instant avant de fermer les yeux et de lui rendre son baiser d'une manière beaucoup plus fougueuse. Après un instant qui me parut une éternité, nous avions rompu notre échange, nous fixant du regard. J'avais du mal à croire ce qu'elle venait de faire, et pourtant, elle l'avait fait.

— Je ne m'y attendais pas... dis-je avec un léger sourire.

— Moi non plus. Mais, à vrai dire, tu l'as bien cherché, répondit-elle sans me quitter des yeux.

— Même si je l'avais cherché, pourquoi l'as-tu fait ? Je croyais que tu me détestais...

— Bien sûr que je te déteste, Díaz. Je te déteste autant que ces sentiments que j'éprouve pour toi !

— Pourquoi ? Je ne t'ai pourtant rien fait... dis-je, peinée.

— Je ne sais pas... Je n'ai pas la réponse... Peut-être que je n'arrivais tout simplement pas à te cerner... fit-elle en soupirant.

— Tu connais l'expression qui dit qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture ?

Ma question la laissa perplexe, à en juger par son expression. Je ne pouvais m'empêcher de sourire. Cette fille pouvait se montrer adorable quand elle le voulait. Voyant son manque de réponse, je décidai de lui éclairer la lanterne.

— Pour faire simple, quand tu vois un livre, tu peux facilement le juger à sa couverture. Mais ce n'est pas la bonne méthode, car tu ignores sans aucun doute ce qu'il contient. Peut-être que la couverture ne t'attire pas ou qu'elle te rebute, mais l'essentiel dans un livre, c'est son contenu, et non son apparence, que ce soit de près ou de loin.

— C'est quoi tout ce charabia ? fit-elle en fronçant les sourcils, tandis que j'affichais un air amusé.

— Ce que j'essaie de te dire, c'est qu'il ne faut pas juger quelqu'un avant de vraiment le connaître. Tu dis que tu me détestes, mais peut-être changeras-tu d'avis une fois que tu en sauras un peu plus sur moi.

— Et qu'est-ce qui te fait croire que j'en ai envie ? demanda-t-elle en me regardant de haut.

— Tes sentiments le disent, tu l'as toi-même admis. Tu ressens quelque chose pour moi, et ce quelque chose est ici, dis-je en pointant du doigt son cœur.

— Je te déteste..., murmura-t-elle en rougissant.

— Mais tu m'aimes... ajoutai-je en me rapprochant d'elle.

Ancrant mon regard dans le sien, elle finit par m'embrasser à nouveau, me serrant contre elle tandis que je souriais. Rompant un instant notre baiser sans pour autant nous éloigner, April murmura ces mots :

— Je te hais autant que je t'aime, Díaz... dit-elle avant de capturer mes lèvres pour la troisième fois.

Le lendemain, j'étais à la cafétéria avec Ellie. Un sourire idiot plaqué sur mon visage, je ne réalisais même pas que je rêvassais, n'écoutant pas un mot de ce que me racontait ma meilleure amie. Vous vous en doutez, non ? J'étais sur un petit nuage : je sors enfin avec la fille que j'aime. Même si, pour l'instant, ce n'est qu'une relation naissante, qui a vu le jour hier.

— Hé oh ! Je te parle ! Franchement, redescends sur terre deux minutes... râlait Ellie à côté de moi, me sortant de mes pensées.

— Ah, désolée. Tu disais ? demandai-je en me tournant vers elle.

— Tu sais quoi ? Laisse tomber. Dis-moi plutôt ce qui te fait rêvasser comme ça. Habituellement, tu as cette tête quand tu admires ta Leroy de loin, mais je ne la vois nulle part, fit-elle en voyant mes joues se colorer.

𝓗𝓐𝓣𝓔 𝓣𝓞 𝓛𝓞𝓥𝓔 [𝚠𝚕𝚠]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant