𝓗𝓐𝓣𝓔 𝓣𝓞 𝓛𝓞𝓥𝓔 [𝚠𝚕𝚠]

XIV

April Leroy

Durant toute la matinée, j'avais remarqué que June était distante. Elle m'évitait constamment et ne me parlait même plus, elle qui d'habitude était un vrai moulin à paroles depuis qu'on sortait ensemble. Je dois avouer que ça m'agaçait, et même si ce silence était apaisant d'une certaine manière, je savais que quelque chose n'allait pas chez elle. J'avais essayé de lui tirer les vers du nez, mais elle finissait toujours par esquiver mes questions ou changer de sujet. Elle pouvait vraiment être énervante quand elle s'y mettait.

— C'est quoi cette tête encore ? me demanda Maya, assise près de moi à la cafétéria.

— Rien... Je t'assure... soupirai-je en fixant June de loin, à sa table habituelle avec Ellie.

Harry suivit mon regard et comprit que je fixais June. Il fronça un sourcil avant de me regarder d'un air intrigué.

— Il s'est passé quelque chose entre toi et June ? demanda-t-il.

— Non, justement, il ne s'est rien passé.

— Alors c'est quoi le problème ? fit Maya.

— Le problème, c'est qu'elle me cache quelque chose. Elle refuse de me dire ce qui ne va pas et ça m'énerve... grognai-je en prenant une bouchée de mes pâtes.

— Tu devrais peut-être lui laisser du temps ? Peut-être que c'est quelque chose de délicat... suggéra Harry, ce qui me fit soupirer.

— Peut-être bien... murmurai-je en fixant June d'un air préoccupé.

Vers la fin de la journée, j'attendais dans le couloir face à la porte de notre salle de classe. Lorsque June en sortit, je l'entraînai de nouveau à l'intérieur et refermai la porte derrière moi. Peu importe ce qu'elle me cache, cette fois-ci, elle ne m'échappera pas. Ancrant mon regard dans le sien, elle détourna les yeux d'un air crispé. Soupirant, je saisis son menton pour qu'elle me regarde.

— Ne cherche pas à m'éviter. Je sais que quelque chose ne va pas. Alors parle, dis-je d'un ton ferme.

— Euh... je ne sais pas vraiment comment te l'annoncer... répondit-elle d'un regard troublé.

Je n'aimais pas du tout son ton. Ça semblait bien plus grave que ce que j'avais imaginé. Mais, déterminée à savoir, je continuai de la fixer pour l'encourager à parler.

— Alors dis-le simplement. Peu importe ce que c'est... dis-je alors qu'elle prenait une profonde inspiration.

— Mes parents m'ont annoncé hier qu'on allait partir vivre en Espagne...

Je restai de marbre face à cette révélation, même si au fond de moi, j'étais choquée. La réalité me frappa : June allait partir pour une durée indéterminée dans un autre pays. Même si je refusais de l'admettre, je savais qu'elle allait me manquer. Cette fille, je l'avais détestée, mais j'avais fini par l'aimer malgré moi. J'étais attachée à elle, et pourtant, on allait devoir se séparer, sans savoir pour combien de temps.

— Quand est-ce que vous partez ? demandai-je.

— Ce week-end...

Mon cœur se serra. Alors qu'on commençait enfin à bien s'entendre, voilà qu'on devait se séparer. Parfois, la vie est vraiment injuste...

— — —

Je me réveillai en sursaut au son de mon réveil, qui semblait avoir sonné depuis un bon moment. Épuisée, je pris mon téléphone et réalisai avec horreur qu'il était déjà 9h. Bon sang, le vol de June était dans une trentaine de minutes ! Sans perdre une seconde, je me précipitai vers la salle de bain avec mes habits du jour. Après une douche rapide, un coup de brosse dans mes cheveux et une tenue enfilée à la hâte, je dévalai les escaliers sans prendre le temps de ranger ma chambre.

— Tu vas où comme ça un samedi matin ? Je croyais que tu ne travaillais pas avant midi... lança mon frère, en pyjama, affalé sur le canapé devant sa série animée.

— Je dois aller quelque part, sois sage. Je reviens vite ! criai-je en quittant la maison en trombe.

Attrapant mon vélo, je pédalai à toute vitesse vers l'aéroport. J'espérais ne pas arriver trop tard, sinon je m'en voudrais à vie si elle partait sans un au revoir. Essoufflée, j'arrivai enfin et déposai mon vélo avec les autres avant de me mettre à courir à travers le terminal, cherchant June du regard. Après quelques instants, je commençai à craindre d'être arrivée trop tard. Je m'arrêtai pour reprendre mon souffle, le cœur battant.

— April !

À l'entente de sa voix, je relevai les yeux et croisai son regard. Elle laissa ses bagages à ses parents et se rua vers moi pour se jeter dans mes bras. Je la serrai fort en passant une main délicate sur sa joue.

— Tu en as mis du temps... On était sur le point de partir... dit-elle avec un sourire.

— Ouais, désolée... Mais l'important, c'est que je sois là...

— Tu vas me manquer, tu sais ? ajouta-t-elle avec un sourire triste.

— Je le sais...

— Ce sera sûrement compliqué, mais je promets que je reviendrai pour nous deux. D'ici là, tu m'attendras ?

— Je t'attendrai toujours, Díaz...

Nos regards se croisèrent, et peu à peu, nos visages se rapprochèrent jusqu'à ce que nous comblions la distance entre nous. On s'embrassa passionnément, refusant de laisser l'autre partir. Un baiser qui, pour d'autres, pourrait sembler anodin, mais qui signifiait beaucoup pour moi. Ce baiser scellait une promesse, un serment liant nos cœurs malgré la distance. Peu importe combien de temps tu resteras loin de moi, j'attendrai patiemment ton retour, June. Et quand ce jour viendra, toi et moi, on ne se quittera plus jamais...

À SUIVRE,...