VII

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June Díaz

Durant le week-end, j'étais allongée dans mon lit, en train de lire distraitement un livre. Je n'avais rien à faire, d'autant plus que j'avais annulé mes cours de guitare. Surtout parce qu'April m'avait blessée ce jour-là... Elle ne se rendait pas compte à quel point ses mots pouvaient avoir un impact sur moi. En même temps, si je lui avouais mes sentiments, je crois qu'elle se moquerait de moi... Quelle plaie... Je déteste être amoureuse...

— June ?

La voix de ma mère me sortit de mes pensées et je tournai mon regard vers la porte, intriguée. Il était rare qu'un de mes parents vienne personnellement me voir dans ma chambre. D'habitude, ils envoyaient une domestique quand ils avaient quelque chose à me dire.

— Oui ? Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je en me redressant et en posant mon livre.

— Tu peux venir deux petites minutes au salon ? Ton père et moi aimerions te parler, dit-elle.

Me demandant bien pourquoi, je la suivis sans protester jusqu'au salon et m'assis sur le canapé en face de mes parents. J'imaginais que cela devait être important puisqu'ils voulaient me parler en personne.

— En réalité, ta mère et moi devons nous rendre à New York, aux États-Unis, pour une affaire. Ça prendra environ quelques semaines, tout au plus, annonça mon père alors que je restai impassible.

Je vois. Encore un voyage d'affaires... Je ne compte plus les fois où ils m'ont laissée seule à la maison depuis mon enfance... C'était devenu une habitude, voire même mon quotidien, d'être seule en permanence. Mais parfois, cela me pesait.

— Je ne peux pas vous accompagner ? demandai-je sans réfléchir.

J'aurais voulu la fermer, mais c'était sorti tout seul. Il faut croire que je désespérais vraiment à l'idée d'être abandonnée pendant plusieurs semaines.

— Ma chérie, on aimerait beaucoup que tu viennes, mais... tenta ma mère avant que je ne la coupe.

— Je sais, je sais... Je connais la chanson : je dois aller en cours, et vous n'y allez pas pour le plaisir, mais pour le travail..., dis-je.

— Exactement. D'ailleurs, nous ne devons pas traîner, notre vol est pour ce soir. Il faut faire nos bagages..., ajouta mon père en se levant, suivi par ma mère.

Je soupirai en remontant à l'étage. Je passai le reste de la journée enfermée dans ma chambre, à me perdre dans la mélodie de mon piano. Oui, je savais en jouer, surtout parce que mes parents m'y avaient forcée au collège. Mais j'avais fini par apprécier cet instrument et en faire mon échappatoire quand je me sentais mal.

Le lendemain, mes parents étaient déjà partis, et je me retrouvai donc seule à la maison. Enfin, pas totalement seule, puisqu'il y avait les domestiques et ceux qui s'occupaient de l'entretien de la maison, du jardin et de la piscine. Alors que je mangeais du popcorn en regardant un film Netflix à mon bureau, la sonnette retentit, me faisant soupirer. Qui pouvait bien sonner un dimanche alors que mes parents n'étaient pas là ?

Avec un soupir, je me rendis dans le bureau de mon père pour allumer les caméras de l'entrée et voir qui c'était. À ma grande surprise, il s'agissait d'April. Qu'est-ce qu'elle venait faire ici, un dimanche ?

Sans réfléchir davantage, je sortis pour aller ouvrir le portail. Nos regards se croisèrent immédiatement, et je ressentis une drôle de sensation. Je ne pouvais pas le nier, malgré moi, je l'aimais toujours...

— Qu'est-ce que tu fabriques ici ? demandai-je, sceptique.

— J'aimerais te parler. Mais pas ici, répondit-elle en enfonçant ses mains dans les poches de son jean.

— Tu peux toujours courir. Je ne veux plus te voir, surtout pas après ce que tu m'as fait, dis-je en m'apprêtant à lui claquer la porte au nez.

Mais elle me devança et bloqua le portail de ses mains avec force. Irritée, je tentai de la repousser avec le portail pour la dégager, en vain.

— Mais bon sang... Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "je ne veux plus te voir" ? dis-je entre mes dents.

— Allez, juste cinq petites minutes... Ce n'est pas sorcier ! dit-elle en maintenant le portail ouvert.

— Très bien. Cinq minutes, pas plus, dis-je d'un ton ferme en me décalant.

Nous nous retrouvions ainsi dans mon salon, à nous fixer en silence durant de longues secondes. Ne voulant pas m'attarder, je finis par briser la glace.

— Ton décompte commence maintenant. Qu'as-tu à me dire pour venir me déranger en plein week-end ? dis-je en croisant les bras.

— Ok... Écoute, je sais qu'on se connaît à peine, et je vais être honnête avec toi : je ne te supporte pas, c'est un fait. Cependant, ça ne me donne pas le droit de te traiter comme je l'ai fait, ce n'est pas normal. Donc, je m'excuse. Voilà.

J'eus du mal à assimiler ce que je venais d'entendre. Elle venait de s'excuser ? Moi qui pensais qu'elle n'en serait pas capable. Intriguée, je lançai la question suivante :

— Pourquoi maintenant ? Pourquoi ce week-end précisément ? Tu avais tout le temps de le faire durant la semaine...

— Eh bien, ta copine là... Je ne sais pas comment elle s'appelle. Elle m'a forcée, ou plutôt, elle m'a menacée. Elle m'a même giflée vendredi, si tu veux tout savoir. Donc forcément, j'étais obligée pour éviter qu'elle m'en colle une, répondit-elle d'un air nonchalant sous mon regard surpris.

Ellie s'en était mêlée ? Je lui avais pourtant dit de ne rien faire... Elle ne m'écoute jamais, celle-là, toujours aussi têtue... En même temps, ça lui ressemble bien d'aller gifler ceux qui l'agacent. De toute façon, April était dans son collimateur.

— Je vois. Donc tu t'excuses uniquement parce que mon amie t'a forcée ? Tu ne le fais pas sincèrement, si je comprends bien ? Si c'est le cas, sors de chez moi. Et reviens quand tu sauras t'excuser avec sincérité. Conclusion : je n'accepte pas tes excuses factices, dis-je sèchement.

— J'ai tout de même fait l'effort de venir et de m'excuser. Je ne te comprends vraiment pas, rétorqua-t-elle.

— Oui, tu ne me comprends pas, c'est sûr.

— Au moins, on est d'accord sur ce point.

— Tu sais quoi ? T'es vraiment frustrante ! C'est le comble... soupirai-je, agacée.

— En quoi pourrais-je te frustrer ? Je t'adresse à peine la parole et on se connaît pas. Franchement, t'es bizarre.

Me pinçant les lèvres, je peinais à retenir mes émotions qui voulaient prendre le dessus. Cette fille était tellement frustrante, tout ça à cause de mes sentiments pour elle. Mon cœur tambourinant dans ma poitrine, je peinais à garder mon calme, et comme je m'y attendais, je cédai...

— Tu me frustres parce que je t'aime, bon sang ! m'écriai-je à voix haute, sous ses yeux écarquillés.

À SUIVRE,...

N/A : Nouveau chapitre ! ^^ j'espère que ça vous a plu ! Sur ce, je vous laisse ! Merci encore de suivre ce récit ^^ Kiss ✨

𝓗𝓐𝓣𝓔 𝓣𝓞 𝓛𝓞𝓥𝓔 [𝚠𝚕𝚠]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant