IV

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April Leroy

Mon regard se posa sur elle... Pourquoi diable fallait-il que ce soit elle exactement ? De toutes les personnes qui existent sur cette terre, évidemment, il fallait que ce soit June Díaz qui se dressait sur mon chemin. Je commençais à me dire que le monde se fichait de moi.

— Alors comme ça, la princesse du lycée veut apprendre à jouer de la guitare ? Charmant..., fis-je sarcastiquement sous son air neutre.

Son regard était différent, ce regard n'était pas celui qu'elle m'avait lancé ce matin en cours. Celui-là n'était pas du tout amical. J'aurais dû savoir qu'au lycée elle cachait bien son jeu. Cette fille n'est et ne sera jamais une personne que j'apprécierai.

— Non. La "princesse", comme tu le dis, a changé d'avis. Dégage, avait-elle dit en s'apprêtant à me claquer la porte au nez.

D'un geste précipité, je bloquai la porte de mes mains à l'aide de mon pied. J'ancrai mon regard stern dans ses yeux océan. Je ne la supportais pas, mais j'avais besoin de cet argent alors il en était hors de question. Elle allait faire ses cours, que ça lui plaise ou non.

— Dans tes rêves. Je n'ai pas fait tout ce chemin pour rentrer bredouille. Alors ouvre-moi cette porte, dis-je en lui lançant un regard noir.

— C'est moi qui t'ai engagée. J'ai le droit de te renvoyer si je veux.

— Ben désolé, mais je ne bougerai pas d'ici !

— Très bien. Alors reste là.

N'ayant pas tout de suite saisi le sens de ses paroles, elle me poussa avant de fermer le portail d'un coup sec. J'entendais le verrou grincer et ses pas s'éloigner. Non mais je rêve ? Cette fille, c'est vraiment la reine des casse-pieds.

Deux heures passèrent où je m'étais assise sur le rebord du trottoir en attendant qu'elle se décide à m'ouvrir. Soupirant en me rendant compte qu'elle n'allait jamais le faire, je m'étais levée en m'apprêtant à partir. Mais je fus vite stoppée par l'arrivée d'une voiture près du portail. Me retournant, je vis un homme et une femme roux dans la voiture, ça devait être les parents de l'autre garce.

— Eh bien ? Est-ce vous April Leroy ? La prof de guitare ? questionna alors son père en abaissant la vitre.

— Oui, effectivement, dis-je.

— Que faites-vous donc dehors ? Je pensais que vous deviez lui faire cours jusqu'à 19h..., fit-il en fronçant les sourcils.

— Votre fille a eu l'audace de me claquer la porte au nez. Donc depuis près de deux longues heures, j'attends qu'elle m'ouvre, dis-je.

Il ne semblait pas me croire, mais il finit par me faire signe de les suivre à l'intérieur lorsque le portail s'était ouvert. Il gara la voiture et ils sortirent en m'invitant à l'intérieur sous mon air ravi, enfin presque.

— Allez la rejoindre dans la salle de séjour. Normalement à cette heure, elle y est. C'est au bout du couloir, m'indiqua alors sa mère avec un sourire.

Me dirigeant vers cette fameuse salle de séjour, je la vis assise sur un canapé, les yeux rivés sur un livre. M'accoudant à l'encadrement de la porte, elle leva les yeux vers moi avec choc. Se frottant les yeux à plusieurs reprises, elle me fixait avec un air renfrogné.

— Tu ne rêves pas au cas où tu te poserais la question, dis-je.

— Comment t'as fait pour entrer ? J'avais verrouillé le portail, fit-elle d'un air sceptique.

— Tes parents m'ont gentiment laissé entrer. Contrairement à une certaine personne, dis-je en la fixant durement.

— Ben tu peux repartir. Je t'ai dit de dégager.

— Je ne le ferai pas. Jamais au grand jamais, je ne réaliserai l'un de tes caprices.

— Alors ne reste pas là.

Elle commençait sérieusement à m'énerver. Me retenant de lui hurler dessus ou de me jeter sur elle, j'ouvris mon sac sous son air intrigué en y sortant des notes que j'avais préparées pour ses cours de guitare. Je m'approchai et les jetai violemment sur la table basse.

— Bien, je vais rentrer. Mais t'as intérêt à apprendre ça. Je n'ai pas dépensé mes économies sur ces photocopies pour rien alors je te préviens... Si demain tu ne sais rien, je te massacre.

Je tournai les talons en saluant ses parents poliment et en m'excusant avant de sortir. Je pris mon vélo et partis à toute allure jusqu'à la maison. Elle m'avait énervée, ça c'était sûr.

Arrivant à la maison, je jetai mon vélo par terre sur le gazon de la cour avant d'ouvrir et de claquer la porte. Aussi vite que j'étais entrée, August se dressa face à moi avec un bol en fer sur la tête et une poêle à frire en guise de batte de baseball sous mon air intrigué.

— Mais qu'est-ce que tu fabriques ? dis-je en levant un sourcil.

— J'ai cru que t'étais un voleur... D'habitude tu ne claques jamais la porte en rentrant..., dit-il sous mon sourire amusé.

— Et tu crois sérieusement qu'une demi-portion comme toi arriverait à abattre un voleur de cette manière ? dis-je en éclatant de rire.

— C'est pas drôle ! fit-il en retirant le bol de sa tête avant d'aller ranger ce qu'il avait pris.

Je continuais à rire en le suivant dans la cuisine. Au moins j'avais la chance d'avoir un petit frère pour me remonter le moral et booster ma joie de vivre. Des trucs idiots comme ça, il en faisait tout le temps.

— Ok, ok... Désolé, c'était juste marrant à voir, dis-je en reportant mon regard vers la table de la cuisine où trônaient des œufs et du riz.

— C'est ton dîner..., fit-il avec un sourire que je lui avais rendu.

— Merci Gus Gus... Allez, monte prendre une douche..., dis-je en lui ébouriffant les cheveux.

— On va jouer après ? avait-il dit en me regardant.

— Oui, je te rejoins quand j'aurai fini de manger.

D'un air joyeux, il fila en vitesse à l'étage sous mon sourire. Finissant mon repas, je fis la vaisselle en vitesse avant de le rejoindre dans sa chambre pour jouer avec lui jusqu'à 21h. On avait construit une tente dans sa chambre avec des couvertures et des oreillers. On s'y était installés dans l'obscurité de la pièce en allumant une veilleuse. Et là, il se mettait à me raconter sa journée à l'école. Quelques fois, on se racontait des blagues et je le chatouillais pour l'embêter. Quand il s'était assoupi, je le ramenai dans son lit en laissant la veilleuse sur sa table de nuit.

Je suis alors revenue dans ma chambre en ouvrant mes manuels et mes cahiers pour faire mes devoirs. D'un soupir, je me disais que j'allais encore manquer de sommeil cette nuit. Mais il fallait que mes devoirs soient faits.

Mon quotidien se résumait à ça en somme, je faisais toujours passer mon frère avant moi. Peu importe si je devais finir mes devoirs au beau milieu de la nuit, je savais qu'il avait besoin de moi. Je tenais à lui... Je n'avais que lui...

À SUIVRE,...

N/A : J'avais de l'inspiration alors voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu ^^

𝓗𝓐𝓣𝓔 𝓣𝓞 𝓛𝓞𝓥𝓔 [𝚠𝚕𝚠]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant