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Je claque la porte de mon appartement, laissant échapper un soupir de soulagement. Le poids que je portais toute la journée semble enfin se dissiper. Ma valise tombe lourdement sur le sol, marquant la fin d'un autre voyage éreintant. Chaque fois que je monte dans un avion, une vague de paranoïa m'envahit. Turbulences, moteurs défaillants, passagers incontrôlables, tout y passe dans ma tête. C'est ridicule, je le sais, mais c'est plus fort que moi. Heureusement, cette fois encore, tout s'est bien passé.

Je murmure un "tout va bien" à voix haute, pour me rassurer. Mon travail m'oblige à voyager sans cesse. Pas vraiment le choix. C'est soit ça, soit changer de carrière, et je ne suis pas prêt pour ça. Alors, je m'accroche à l'idée de ces moments où je peux enfin poser mes valises quelque part, même si ce "quelque part" change constamment.

Cet appartement, par exemple. Un deuxième achat que j'avais fait comme investissement il y a quelques années. C'est mon père qui gère tout, des locataires aux petits travaux. Il a toujours été là pour s'occuper des détails en mon absence. Sept mois. C'est la première fois que je vais rester quelque part aussi longtemps depuis un moment. Ça me paraît énorme, surtout dans un endroit où je ne connais personne.

Je jette un coup d'œil autour de moi. L'endroit est spacieux, lumineux, et la première chose qui me frappe, c'est la cuisine américaine avec son immense comptoir en marbre blanc. J'adore cet espace ouvert, où tout est connecté, de la cuisine au salon. Cela donne une sensation de liberté, même si je suis seul ici.

Je contourne le comptoir et me retrouve dans le séjour, plutôt large, avec un canapé en L qui fait face à une grande télévision fixée au mur. La pièce est baignée de lumière grâce aux baies vitrées qui s'ouvrent sur un petit jardin. Quelques plantes, un peu d'herbe, et une terrasse où je pourrais imaginer prendre un café le matin. Si seulement j'avais le temps.

Je monte les escaliers en bois, qui grincent légèrement sous mes pas, et j'arrive sur le palier. Deux chambres identiques m'attendent, chacune avec son propre balcon. Je choisis celle de droite sans réfléchir, y posant ma valise.

Sept mois ici. C'est long. Et l'idée de passer autant de temps sans attaches, sans repères, me donne un frisson. Je vais devoir m'habituer à cette nouvelle routine, trouver des moyens de faire passer le temps. Peut-être rencontrer des gens. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Je pense que c'est suffisant pour que des choses changent. Peut-être que cette fois, je réussirai à établir de vraies relations. Qui sait ?

Je me lève et ouvre la baie vitrée du balcon pour laisser entrer l'air frais de l'après-midi. Pendant des années, j'ai fait des allers-retours entre Londres et la France pour rendre visite à mon père et mon frère. Ils ont vécu là-bas longtemps avant de déménager à Los Angeles il y a deux ans. Et je réalise que, malgré tout ce temps, je n'ai jamais pris le temps de venir les voir ici. Peut-être que ce séjour me permettra de renouer avec eux.

Mon père, avec son regard perçant et ses cheveux toujours impeccablement coiffés, n'a pas changé. C'est un homme dévoué à son travail, jonglant entre ses affaires et sa famille. Après avoir été abandonné par « notre mère » durant notre naissance, il a élevé ses enfants tout seul, affrontant les défis de père célibataire tout en bâtissant un empire dans l'immobilier. Je l'admire pour sa force et sa résilience, et pour avoir toujours su nous protéger, malgré tout.

Quand je suis arrivé à LA, son chauffeur m'a récupéré à l'aéroport. J'aurais préféré qu'il vienne lui même, mais je suppose que c'est ainsi avec lui. Toujours occupé, toujours en mouvement, toujours à jongler avec ses projets. Mais bon je le comprends totalement. C'est difficile de lui en vouloir, après tout, il a dû se battre pour tout ce qu'il a aujourd'hui.

Beyond AppearanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant