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Je suis assis sur le canapé, un verre à la main, zappant distraitement les chaînes. Mon attention, pourtant, n'est pas sur l'écran. Mon regard glisse constamment vers la cuisine, où Dulce s'affaire, visiblement irritée. Elle nettoie les plans de travail avec nervosité. Moi aussi, je suis agacé, peut-être même plus qu'elle.

Aujourd'hui, elle a fait sa première gaffe. Je lui avais dit clairement que j'invitais quatre personnes pour le dîner de ce soir. Elle avait largement le temps d'ajuster sa liste de courses, mais elle ne l'a pas fait. Quand elle est arrivée avec les courses, elle m'a simplement dit qu'elle avait oublié. Oublié ? Une excuse inacceptable.

Je suis resté complètement silencieux. Pas un mot. Pas la moindre réaction. Je savais que si je parlais, je risquais de dire des choses que je regretterais. Des dingueries, comme toujours quand je perds patience. C'est pourquoi je me suis contenté de la fixer un instant, avant de détourner les yeux, préférant m'abstenir de tout commentaire. Je voulais apaiser la situation, même si à l'intérieur, je bouillonnais. Mieux vaut se taire parfois que de parler et aggraver les choses.

Mais ce silence, je le vois maintenant, l'a peut-être déstabilisée encore plus. Elle semble encore tendue, comme si elle attendait toujours que je lui fasse des reproches. Elle s'agite dans la cuisine, nettoyant chaque surface avec plus de vigueur que nécessaire, clairement frustrée.

Je repose finalement la télécommande et me redresse sur le canapé. Mon ton est plus dur que d'habitude quand je parle.

Dulce, dis-je d'un ton neutre.

Elle s'arrête net dans son mouvement, se tournant vers moi. Ses yeux, généralement calmes, sont pleins d'appréhension, peut-être même de culpabilité.

Oui, monsieur Charman ? répond-elle à la hâte.

Ce qui s'est passé ne doit plus jamais se reproduire, dis-je d'un ton neutre. Je vous ai dit ce matin que j'invitais quatre personnes, et vous aviez largement le temps de réajuster votre liste de courses. Mais vous ne l'avez pas fait. Et la seule excuse que vous avez trouvée, c'est l'oubli. Ce n'est pas acceptable.

Elle serre les lèvres, visiblement touchée par le reproche, mais elle garde le silence.

Oui. Ce ne sera plus un problème. Je suis vraiment désolée pour cela, répond-elle d'une voix tremblante mais contrôlée.

Je la fixe encore un instant pour être sûr que mon message soit bien passé. Puis je hoche simplement la tête, me réinstallant contre le dossier du canapé, mettant ainsi fin à la conversation.

Je garde mes pensées pour moi, mais intérieurement, je sais que tout s'est arrangé. Amani a dû rattraper le coup en allant acheter ce qui manquait. Les invités n'ont rien remarqué de la bourde grâce à son intervention rapide. Ça va, mais ça ne doit plus jamais arriver.

Quelques minutes plus tard, Amani arrive, les bras chargés de courses. Il dépose rapidement les sacs sur le comptoir, essoufflé mais efficace. Dulce le remercie brièvement avant de se précipiter pour l'aider à ranger. Ensemble, ils rangent les provisions en silence, et une fois tout en place, Amani salue poliment et s'en va. Dulce le raccompagne à la porte, puis revient directement à son poste. Elle se remet au travail, son visage toujours concentré mais moins tendu.

Je suis plongé dans mes pensées, quand j'entends soudain sa voix m'interpeler.

Monsieur ?

Je me retourne pour la voir se diriger vers moi, les mains croisées devant elle, son regard plein d'innocence, presque comme une enfant qui aurait fait une bêtise. Elle s'arrête juste en face de moi, baissant les yeux un instant avant de reprendre la parole.

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