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Je commence à disposer les meubles un peu partout dans l'appartement, essayant de donner un peu plus de personnalité à cet espace encore trop vide à mon goût. Je place un petit meuble à côté de chaque toilette pour y ranger quelques livres. Oui, des livres dans la salle de bain, c'est mon truc. Je trouve que c'est l'endroit idéal pour sortir la tête de mon téléphone.

Dans la salle de bain, je place un autre meuble plus bas, où je pourrais stocker des serviettes et des produits de toilette. Côté cuisine, je range les ustensiles dans les tiroirs, puis j'installe quelques étagères supplémentaires pour poser mes épices et autres petites choses qui me seront utiles au quotidien. Le salon commence à prendre forme aussi, avec la disposition du canapé et de quelques meubles TV. Petit à petit, ça ressemble à quelque chose.

Alors que je suis en train d'ajuster une lampe dans le coin du séjour, mon téléphone vibre sur la table basse. Je le prends et je vois que c'est Josh, un de mes meilleurs potes à Londres. Le mec est un vrai rayon de soleil, toujours hyper solaire et surtout, toujours prêt à te taquiner à la moindre occasion. J'appuie sur "répondre", et tout de suite, il commence à me parler en espagnol avec son enthousiasme habituel.

– ¡Hola! ¿Cómo estás, cabrón? Salut ! Comment tu vas, enfoiré ?

Je roule des yeux et réponds d'un ton faussement agacé.

– Ta gueule, Josh.

Il éclate de rire à l'autre bout du fil, clairement amusé par ma réaction.

– Allez, mec ! Tu renies tes origines ! Oh sacrilège !

Je soupire, mais un sourire se dessine sur mes lèvres malgré moi.

– Je ne renie rien du tout, idiot.

Étant d'origine cubaine et grecque, mon père nous parlait souvent dans sa langue maternelle, l'espagnol. C'est avec cette langue que j'ai grandi, bercé par ses sonorités. Mais en grandissant, j'ai aussi appris le grec. Peut-être que c'était une sorte de préparation inconsciente, au cas où un jour je croiserais "ma mère", et que je pourrais lui balancer des injures qu'elle n'a même jamais entendues en grec.

Plus sérieusement, c'est surtout par plaisir que j'ai appris cette langue. Il y a quelque chose de mystérieux, presque magnétique, dans le grec.

– Et si ça peut te faire fuir, bon débarras ! réponds-je avec un soupir exagéré, incapable de ne pas sourire. Il éclate de rire.

– Bon, alors, t'es bien arrivé à LA ou quoi ? Comment ça se passe ?

– Ouais, bien arrivé. L'installation est en cours. J'ai pris une journée un peu plus tranquille aujourd'hui pour me remettre de mes émotions après... un truc qui s'est passé hier soir.

– Oh, vraiment ? raconte, dit-il avec une curiosité bien trop excitée.

Je lui fais un résumé rapide de l'incident de la veille avec l'inconnu. Josh reste silencieux pendant une seconde, ce qui est rare.

– Bordel, mec ! Mais c'est chaud ça ! Et t'es là, tranquille à ranger tes meubles comme si de rien n'était ?

– Que veux-tu que je fasse, Josh ? Je n'ai pas le choix. Je ne vais pas m'arrêter de vivre à cause de ça. La police s'en occupe.

– T'as des nerfs d'acier, toi. Moi, je serai resté à l'hôpital pendant des semaines.

Je souris, sachant que Josh exagère, comme toujours. Il fait une pause dramatique avant de me poser une question que je redoutais un peu.

– Et Asly, alors ? Vous allez garder contact ou c'est fini tout ça ?

Je soupire intérieurement, sentant venir sa taquinerie. Asly... c'est compliqué. On s'était fréquentés pendant quelques mois, rien de sérieux. On s'était rencontrés au centre BDSM que Josh tient, et même s'il savait que je la fréquentais, je ne l'avais jamais officiellement présentée. Ce n'était pas vraiment une relation avec des attaches pour moi. Juste quelque chose de... temporaire.

Beyond AppearanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant