- 11 -

14 6 0
                                        

Je suis assis dans mon bar, en pleine discussion avec l'architecte d'intérieur que j'ai engagée pour concevoir le décor. Elle a un goût raffiné, c'est indéniable, mais nos visions divergent de plus en plus. Depuis ce matin, nous nous heurtons sur tout : la disposition des meubles, les couleurs, et surtout ce fameux papier peint qui semble cristalliser nos désaccords.

— Écoutez, je comprends votre point de vue, mais ce papier peint à motifs... ce n'est pas ce que j'imagine pour cet espace. Moi, je cherche quelque chose de plus sobre, plus raffiné. Ce que vous proposez, ça ne correspond pas du tout à mes attentes, dis-je en croisant les bras, l'irritation se trahissant clairement sur mon visage.

Elle acquiesce d'un mouvement de tête, visiblement agacée elle aussi, mais elle garde son calme. Enfin, en apparence.

– Liam, je vous assure que ce style donnera du caractère à l'espace. Vous ne voulez pas que votre bar soit banal, non ? Ces motifs ajoutent une touche d'audace et de personnalité. Vous m'avez engagée pour ça, pour apporter mon expertise. Faites-moi confiance.

Je fronce les sourcils, de plus en plus irrité. Son ton me dérange. Elle parle avec une prétention de savoir mieux que moi ce qui me convient.

— C'est mon bar, dis-je d'une voix plus sèche que prévu. C'est moi qui connais l'ambiance que je veux créer. Vous êtes là pour respecter mes goûts, pas pour imposer les vôtres. J'ai des attentes claires, et j'aimerais qu'on les suive.

Elle soupire, manifestement exaspérée.

– Très bien, Liam, si vous n'êtes pas prêt à écouter mes conseils, je pense qu'on a fait le tour.

Elle fait un geste brusque, rangeant ses affaires avant de se tourner vers moi.

– Apparemment, vous avez déjà tout en tête, alors je vais vous laisser vous débrouiller. Vous n'avez pas besoin de moi, après tout.

Elle part avant que je puisse ajouter quoi que ce soit, claquant presque la porte derrière elle. Je reste planté là, la colère montant en moi. Au fond, je savais que cette collaboration ne durerait pas. Son ton condescendant, sa manière de parler, on pourrait penser qu'elle détenait la vérité absolue... tout cela m'a toujours dérangé.

Les ouvriers, présents dans la pièce, échangent des regards silencieux. Je sens leurs regards peser sur moi, mais je décide d'ignorer, faisant mine de ne rien remarquer. Une irritation monte en moi, bien que je tente de la dissimuler. Cette journée ne se déroule vraiment pas comme je l'avais imaginé, et ça me met hors de moi.

Je passe une main lasse sur mon front et pousse un soupir profond. Encore une décision à prendre, encore un problème à régler. Mais ce bar, c'est mon projet, mon rêve. Et personne me détournera de ce que je veux concrétiser.

Je soupire encore, tandis que mes pensées s'emmêlent dans ma tête. Ce genre de situation, malheureusement, je le connais trop bien. À chaque fois que je travaille avec des femmes, ça finit invariablement pareil : des tensions, des malentendus, des affrontements. Un peu comme si, dès qu'on essaie de collaborer, quelque chose clochait inévitablement.

Je commence sérieusement à me demander si le problème ne serait pas plus profond. J'ai l'impression que certaines ressentent ce besoin de s'imposer, de prouver qu'elles ont leur place. on aurait dit qu'elles cherchaient à prendre le dessus. Et franchement, ça me dérange. Je suis quelqu'un de déterminé, je sais ce que je veux, et je ne peux pas rester sans rien dire face à ce genre d'attitude.

Et je ne peux m'empêcher de penser que tout cela trouve ses racines dans mon passé. Depuis le départ de ma mère, une sorte de colère s'est installée en moi. Une méfiance envers certaines femmes, celles qui me rappellent ce sentiment de trahison. Dès que je sens ce besoin de dominer ou de manipuler, ça me met hors de moi.

Beyond AppearanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant