À 16 heures précises, Dulce arrive pour son entretien. Quand j'ouvre la porte, elle se fige un moment, me regardant pendant quelques secondes, puis elle ferme les yeux brièvement, comme pour reprendre son souffle. Pendant cet instant, je sens quelque chose dans son regard, peut-être de la peur ou de la détresse ? Je ne saurais dire, mais elle balaie rapidement cette impression, car dans l'instant qui suit, elle se montre plus décontractée.
Je note une différence par rapport à la jeune femme timide que j'avais vue lors de la soirée. Cette fois, elle semble plus sûre d'elle. Elle me salue avec un sourire discret mais confiant, me tendant la main avec une poigne ferme.
– Bonjour, monsieur Charman, dit-elle calmement.
Je lui rends la poignée de main, restant neutre, même si je suis curieux de voir ce qu'elle a dans le ventre.
– Bonjour, Dulce. Installez-vous, s'il vous plaît.
Elle s'assoit en face de moi, et avant de commencer l'entretien, je lui propose quelque chose à boire. – Est-ce que je peux vous offrir un café ou un verre d'eau ?
Elle répond avec une pointe d'ironie et un sourire amusé : – Il suffit d'une goutte de café pour que mon cœur explose.
Je ne peux m'empêcher de sourire à sa réponse. – Vraiment ? demandé-je, intrigué.
Elle rigole doucement, puis explique : – Oui, je suis un peu stressée.
Je la regarde, surpris. – Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer.
Je la vois sortir un carnet et un stylo, ce qui me pousse à la taquiner un peu. – Ah, on sort le grand jeu ? dis-je avec un sourire.
Elle sourit en retour et explique : – Zut! J'ai oublié l'enregistreur.
Je continue sur le ton de la plaisanterie. – Ça ferait un peu interrogatoire de police, non ?
Elle rit doucement et rétorque : – Je ne veux rien rater de ce que vous allez me dire.
J'apprécie son humour et le fait qu'elle a su détendre l'atmosphère mais je décide de passer aux choses sérieuses. – D'accord, alors commençons.
Je la regarde avec une expression plus concentrée. – Dites-moi un peu pourquoi vous souhaitez ce poste.
Dulce me regarde droit dans les yeux, aucun signe d'hésitation.
– J'aime cuisiner, mais plus que cela, j'aime transmettre tout mon amour dans ma cuisine. Elle marque une légère pause, semblant réfléchir un instant avant de continuer. – La cuisine, pour moi, c'est... disons... une manière de communiquer. J'ai appris dès mon plus jeune âge que ce n'est pas seulement ce qu'on cuisine, mais comment on le fait. Chaque plat doit être une expérience unique et spécialement préparé pour la personne qui va le déguster.
Elle sourit légèrement, comme si elle se replongeait dans ces souvenirs. Elle ajoute alors, avec un sourire chaleureux : – Dans mon pays d'origine, il y a un dicton qui dit "O le kuka lelei e le gata i mea'ai, ae fa'ama'i le fatu" ce qui signifie "Un bon cuisinier ne nourrit pas seulement l'estomac, mais apaise aussi le cœur." C'est exactement ce que je cherche à faire à travers ma cuisine.
Intrigué par cette phrase et par la chaleur avec laquelle elle la prononce, je décide de creuser un peu plus. – C'est beau, ce dicton. Quel est votre pays d'origine ?
Elle me regarde avec un sourire encore plus grand et répond avec une certaine fierté dans la voix : – Ma mère vient des îles Samoa et mon père est mexicain

VOUS LISEZ
Beyond Appearance
RomanceDeux âmes brisées, l'une un homme au succès apparent mais hanté par un vide émotionnel profond, l'autre une personne jeune mais déjà marquée par la dureté de la vie, cherchent désespérément à trouver une connexion authentique dans un monde dominé pa...