Enquête

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Le commissaire Gardon soupira en entendant frapper à sa porte : on ne pouvait jamais être tranquille ! Il répondit tout de même d'une voix lasse :

-Oui ?

Une femme d'âge mûr entra dans la pièce. Ses cheveux étaient grisonnants et des petites rides pointaient au coin de ses yeux. Cela n'enlevait pourtant rien à sa prestance. Marie-Élisabeth travaillait dans la police depuis une trentaine d'années. Elle était très respectée au commissariat, c'était la doyenne.

Le commissaire Gardon n'eut pas le courage de la renvoyer.

-Qu'il y a-t-il ? Demanda-t-il.

-Une nouvelle victime, Etienne.

Le dénommé Etienne fronça les sourcils. Depuis quelques jours, on retrouvait des corps dans des endroits isolés de Paris. Le tueur, car il y avait forcément un tueur, semblait toujours utiliser le même mode opératoire. Il emmenait ses victimes loin de la civilisation et les assasinait. Comme s'il avait quelque chose à se reprocher.

-De qui s'agit-il cette fois ?

-Marc Merdu, la trentaine, bijoutier de banlieue.

-On n'a toujours aucune idée du mobile ? Questionna le commissaire.

-Non. On a quand même pu trouver un élément important.

Le commissaire tendit l'oreille.

-Lequel ?

-Le tueur n'est pas un tueur professionnel. Il s'est servi d'un couteau à jambon !

Marie-Élisabeth esquissa un sourire. Elle en avait vu passer des assassins depuis qu'elle était en service. Mais jamais un comme celui-là. Il ne faisait rien comme les autres. La majorité du temps, les tueurs ne s'embetaient pas à achever leurs victimes, ils les laissaient mourir dans d'atroces souffrances. Pourtant celui-ci agissait comme s'il ne tuait pas de son plein gré.

Marie-Élisabeth devait prendre sa retraite dans deux mois. Mais elle était heureuse de pouvoir résoudre un dernier mystère. Elle était presque prête à remercier cet assassin pour l'aventure qu'il lui procurait. Presque.

-As-t'on pensé à comparer la vie des victimes ?

La  cinquantenaire sursauta. Elle s'était perdue dans ses pensées.

-Non, mon commissaire. Mais je peux demander à Louis de le faire.

-Faites donc. Cela lui fera remuer son petit cul, excusez moi, son petit derrière.

Marie-Élisabeth ne put empêcher un léger rire. Son commissaire était certes bon, son langage était souvent très osé. Mais il avait raison. Le jeune Louis Marceau était entré dans l'équipe sous peu. Il ne faisait jamais rien de superflu, et déléguait ses tâches dès qu'il le pouvait.
Il était temps de lui montrer le travail : le vrai !

Marie-Élisabeth quitta le bureau du commissaire pour se diriger vers la machine à café où elle trouverait indubitablement Louis.

Et elle le trouva. Le jeune homme était occupé à son téléphone en attendant que son énième café coule.

-Louis !

Le jeune homme brun se retourna prestement, il avait beau être un tire-au-flanc, il n'était pas assez courageux pour ignorer la doyenne.

-Tu as une nouvelle mission.

Louis soupira intérieurement.

-Tu vois les meurtres étranges qui depuis quelques jours se propagent ?

Le policier hocha la tête.

-Le commissaire veut que tu fasses le lien entre toutes les personnes assassinées. Une enquête de routine !

Le jeune policier resecoua la tête et Marie-Élisabeth sourit, satisfaite.

Elle observa un instant le garçon qui se levait avec une moue grincheuse, puis retourna vaquer à ses affaires.

Elle avait hâte de voir comment tout cela allait tourner.

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