Accident ?

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La porte grinça. Julie entra. Elle détailla la pièce des yeux. Rien n'avait changé. Tout était à sa place. Pourtant il manquait quelque chose. Une lumière. Une chaleur. Une envie de vivre. L'endroit était froid. Il suintait le malheur et le mal être.

Antoine n'était pas chez lui, mais Julie avait gardé les clefs de son appartement après leur rupture. Antoine ne lui avait pas réclamé et elle avait chéri de tout son coeur ce dernier souvenir de leur relation.

Julie fit le tour de l'appartement. Elle alluma les lumières pour tenter d'apporter plus de chaleur aux pièces. Mais, malgré l'éclairage, les pièces restèrent tristes et désespérément froides.

C'est alors que Julie posa son regard sur le tableau au-dessus de la télévision, en face du canapé. Son portrait. Il l'avait gardé...

Julie s'assit. Une larme roula sur sa joue. Elle avait toujours cru en Antoine. Elle savait au fond d'elle qu'il l'aimait encore. Mais c'était autre chose d'avoir une preuve. D'en être persuadé.

Julie se rendit compte à ce moment-là, que le canapé semblait être le seul lieu lumineux. Comme si quelqu'un avait mis une couverture sur cette scène. La jeune fille se surprit à penser que c'était le seul endroit où Antoine se sentait aimé. C'était sur ce canapé que s'était déroulée leur relation. Ils y avaient fait leur premier apéro en amoureux. Ils s'étaient dit "je t'aime" sur ses cousins. Leur première nuit d'amour avait été faite sur ce clic-clac.

Parce que la vue de ce tableau était trop éprouvante pour elle, Julie continua son tour du mobilier. Elle ouvrit les tiroirs, farfouilla dans les placards.

C'était surtout pour s'occuper. Julie attendait le retour d'Antoine. Elle avait besoin de mettre les choses au clair avec lui.

Ce dernier, rentrait justement. Il avait encore les mains pleines de sang. Le couteau, lui, avait regagné sa poche. Il n'aurait d'ailleurs jamais dû en sortir.

Antoine n'était pas beau à voir. Ses cheveux étaient en bataille, son visage strié de larmes, ses joues tachées de sang séché... Sa démarche n'était pas sûre. Il zigzaguait sur le trottoir. On aurait pu le prendre pour un fou, mais personne ne l'aperçut ou ne fit attention à lui.

Il savait qu'il mettrait quelques heures à se remettre de son acte. Mais au moins il avait la paix. Les voix dégustaient leur victoire en silence.

Antoine arriva chez lui. La clef ne tourna pas dans la serrure : pour cause, la porte était déjà ouverte. Antoine, fronça les sourcils. Il était pourtant sûr d'avoir fermé. Mais à près tout... Il n'avait plus les idées très claires en ce moment.

Julie entendit la porte s'ouvrir. Elle sourit, se leva et alla à la rencontre de celui qu'elle attendait.

Antoine sortit le couteau de sa poche. Il fallait qu'il le nettoie sinon, il fallait s'émousser. Pour le prix que ça coûtait... Le garçon entendit un bruit de pas. Il se retourna prestement.

Julie eut à peine le temps d'apercevoir le visage ravagé d'Antoine. Une douleur fulgurante lui transperça l'abdomen. Elle échappa un cri et s'affala sur le sol.

-Finalement tu n'as même plus besoin de nous pour te dire quoi faire.

Antoine avait du mal à reprendre pied. Il avait poignardé quelqu'un tout seul. Sans que les voix, qui étaient mystérieusement réapparues, ne le forcent.

-Et regarde qui tu as blessé, idiot.

Machinalement, Antoine baissa les yeux.

Le couteau toucha le sol en produisant un bruit métallique.

Antoine était déjà à terre.

Il hurla. Et hurla encore. Il se fichait de déranger le voisinage. Il ne pouvait faire autrement.

Il ne voulait faire plus que ça. Hurler. Pourtant il n'y parvint pas. Sa gorge le brûla au bout d'un quart d'heure. Alors, il se coucha aux côtés de Julie. Et se mit à pleurer.

Toutes les larmes retenues depuis quatre ans tombèrent là, sur le carrelage froid de l'entrée.




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