Le commissaire Gardon faisait les cents pas dans son bureau. Cette affaire de meurtres le préoccupait. En 20 ans de carrière, il n'avait jamais vu ça.
Un mystérieux tueur au couteau de cuisine, des victimes sans aucun rapport apparent, des lieux de crimes éloignés les uns des autres...
C'était digne d'un série policière.Le commissaire espérait que le jeune Louis trouverait quelque chose. Le petit n'était pas un mauvais bougre, mais ce n'était certainement pas le couteau le plus aiguisé du tiroir.
Cette réflexion, assez appropriée dans le moment présent, provoca un petit rire au commissaire.
Ce petit élan le déconcentra et il se prit le coin de son bureau dans la cuisse.-Putin de merde de mobilier de gnognotte ! Grogna-t-il.
-Monsieur, est-ce que ça va ?
Le commissaire leva les yeux. Louis Marceaux l'avait entendu alors qu'il passait à côté de son bureau, et s'était permit de passer la tête par l'encadrement de la porte.
-Je vais bien, merci, gamin.
Le jeune policier fit la moue : il avait tout de même 27 ans !
-Ça tombe bien que vous soyez là. Je voulais vous voir.
-Vous vouliez me voir ? Reprit Louis étonné.
Le commissaire n'avait jamais montré un intérêt particulier pour lui. Il savait qu'il était là, il voulait qu'il bosse et basta.-Oui. Je voudrais savoir comment avance l'affaire sur laquelle vous travaillez.
C'était donc cela. Louis avait bien compris que ce boulot ne ressemblait pas aux petites affaires qu'on lui confiait d'habitude. Il commençait à se demander dans quoi il s'était engagé.
-Je n'ai pas encore beaucoup d'informations. Je n'ai rencontré qu'une famille...
-Laquelle ? Le coupa le commissaire.
-Celle de la mère au foyer. Valérie Trudot.
-Et quesque ça a donné ?
-Pas grand chose. La fille la plus grande, Julie, se méfiait. L'homme qui servait de mari à la victime était une tombe. La plupart des informations me viennent du plus petit.
-Et qu'elles sont-elles ?
-Le gosse, Marius, je crois, m'a raconté que sa mère se méfiait du type que Julie aimait. Un homme grand, d'après la description qu'il m'a faite. Le détail qui l'a surtout marqué, c'était qu'il avait les yeux complètement noirs.
Le commissaire Gardon haussa les sourcils. Complètement noirs ? Il se moquait du monde ?
-Je vous jure que c'est ce qu'il m'a dit.
-Et vous avez son nom, à cet homme mystérieux ?
-Antoine.
-Et son nom de famille ?
Louis prit un air confus. Il avait complètement oublié de demander le nom de famille du mystérieux bonhomme. Il avait tellement été perturbé par cet interrogatoire...
Le commissaire lui jeta un regard méprisant.
-Vous avez vraiment beaucoup de choses à apprendre mon garçon.
Puis il ajouta :
-C'est tout ?
-Oui.
-Très bien. Rédigez-moi un rapport et dépêchez vous de trouver le nom de famille de cet énergumène aux yeux noirs. Allez ! Et plus vite que ça !
Louis quitta la pièce précipitamment.
Une fois seul, l'inspecteur Gardon frémit. Puis se mit à rire.
-Le nom de famille....Putain de bordel....Ce petit manque pas de culot...
Etienne Gardon n'arrivait plus à s'arrêter. Ce gamin lui plaisait bien, finalement. Le commissaire se retrouvait à travers ce bougre. Lui-même avait fait la même erreur dans ses jeunes années, au cour de sa première grosse enquête. La vie était étrange parfois.
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Démons Du Crime
Mystery / ThrillerParis ravagée par une série de meurtres étranges. Antoine, jeune garçon de 17 ans, est poursuivi par des démons intérieurs. Julie, jeune fille de 18 ans, est en deuil après le décès de sa mère. Louis, tire-au-flanc du commissariat, se retrouve avec...