Deuil

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Louis s'avançait dans la rue en réfléchissant. Marie-Élisabeth lui avait donné la liste des victimes. Quatre pauvres personnes.

La première personne tuée était une femme d'un certain âge qui n'avait plus de contact apparent avec personne. Sauf avec les infirmières qui s'occupaient d'elle. Tout le monde s'attendait à la voir mourir bientôt. Ce qui n'enlevait pas le dramatique de sa mort. Louis ne pensait pas que ce soit la piste la plus facile à explorer. Il laissa donc cette investigation pour la fin.

La deuxième victime était un adolescent. Un geek introverti d'après ce que Louis avait appris de ses collègues. Pas quelqu'un qui connaissait beaucoup de monde non plus.

La troisième était une mère de famille. Elle était au chômage et s'occupait des ses quatres enfants et de son mari qui travaillait en tant que carreleur.

La quatrième, c'était de loin le plus intéressant. Un homme. La quarantaine, à la tête d'une entreprise. Une bijouterie plus précisément. Une personne qui a beaucoup d'ennemis. Mais Louis ne se décida pas à aller interroger de ce côté. Cet homme devait connaître beaucoup de gens et Louis ne voulait pas se mettre dans une situation délicate avec un homme influent.

Son choix se porta alors sur l'avant dernière victime. Celle qui avait été tuée un jour auparavant . La mère de famille. Louis trouvait cela horrible. Qui donc pouvait infliger cela à une famille ?

Il se dirigea vers le faubourg saint Honoré. La famille en deuil vivait à quelques rues dans un petit appartement. Comme tout le monde, ou presque, à Paris.

Louis sonna. Une jeune fille vint lui ouvrir. Elle était vêtue de noir et ses traits étaient tirés. Elle avait dû beaucoup pleurer. Le cœur de Louis se serra. Un si joli visage ne devrait pas connaître les larmes. Il se promit intérieurement de bien s'acquitter de sa mission. Ce serait sa façon d'empêcher le mal.

-Entrez. Lui dit la jeune fille d'une voix étouffée.

Louis fit un pas dans l'appartement. La famille vivait vraiment serrée. Cinq dans un 3 pièces ce n'était pas le luxe.
Louis fut guidé jusqu'à un salon. La pièce avait beau être petite et dérangée, elle dégageait une chaleur agréable.

-Papa ! Hector ! Gustave et Marius ! Venez ici ! Il y a un officier qui voudrait nous parler.

Le policier regarda la jeune fille, étonné. Une autorité naturelle avait traversé sa voix.

Les trois garçons et leur père s'assirent sur le canapé en face de Louis. La fille au joli visage resta debout. Louis prit une grande inspiration et expliqua la raison de sa visite.

-Tout d'abord, je voudrais vous présenter mes condoléances pour le malheur qui vous a frappé.

La fille hocha la tête. C'était, semblait-il, la maîtresse de maison.
Louis continua son explication, non sans jeter des coups d'oeil admiratifs à la jeune fille.

-Je dois vous interroger pour ce qui est arrivé à votre mère, ou a votre femme. Dit-il à l'intention du père.

Le regard de la fille se voila.

-Je suis vraiment désolé. Mais j'ai besoin d'informations pour retrouver le meurtrier.

Elle poussa un profond soupir.

-Je m'appelle Julie. Dit-elle.

-Louis. Marceau. Répondit-il.

Puis, il ajouta :

-Pour commencer, je voudrais savoir si votre mère avait des ennemis.

-Pas que je sache.

Louis posa un regard interrogateur sur les autres membres de la famille. Uns à uns, ils secouèrent la tête. Sauf le plus petit. Il semblait hésiter.

-Il y a bien cet homme qu'elle n'aimait pas... Tu sais, celui avec lequel tu trainais Julie.

Sa soeur lui lança un regard noir.

-Antoine ne ferait jamais ça ! Ce n'est pas parce qu'il est bizarre qu'il est prêt à tuer des gens !

-Excusez-moi, mademoiselle. Vous pouvez tout de même décrire cet homme ?

Les yeux de Julie lancèrent des éclairs. Mais, se trouvant devant un policier, elle se décida à répondre.

-Antoine a environ mon âge. Il est grand, les cheveux châtains.

-Comment l'avez-vous rencontré ?

Julie poussa un soupir excédée.

-Vous ne voulez pas non plus savoir si je suis vierge ?

Le tact de la jeune fille mit le policier dans l'embarras.

-Je... Je m'excuse si je suis un peu rude. Mais mes questions sont indispensables...

Julie prit un air buté et ne voulut plus répondre à aucunes autres questions. Louis ignorait ce qu'il avait fait de mal mais il ne chercha pas plus loin. Il se tourna vers le père.

-Savez-vous pourquoi votre femme est allé sur le lieu où elle a été tué ?

L'homme grogna :

-J' sais pas. Elle avait un truc à faire.

Louis soupira intérieurement.

-Et vous trois ? Vous savez quelque chose ? Demanda-t-il aux trois garçons.

Ils secouèrent négativement la tête.
Louis décida que cela suffisait.

-Je vous remercie de m'avoir accueilli.
Au-revoir.

Le plus jeune garçon le raccompagna à la porte. Et alors qu'il allait sortir, il l'interpella.

- 'Scusez ma soeur. Elle fait toujours la tête quand on parle de lui.

-Lui qui ?

-Antoine. C'est son amoureux alors... Elle voulait pas que 'man sache alors elle f'sait sa relation en cachette.

Louis comprenait mieux. Certaines questions subsistaient pourtant.

-Pourquoi parles-tu au passé ?

-Parce qu'il y a quelques jours, Antoine a envoyé un message à Julie pour lui dire qu'il la quittait.

Louis hocha la tête. La jeune fille devait être vraiment à cran entre sa rupture et la mort de sa mère.

-Faites quand même attention si vous le croisez.

-Antoine ? Pourquoi ?

-Parce qu'il est chelou. Il a les yeux complètement noirs.

Démons Du Crime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant