Démons

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Antoine était assis dans son canapé, la tête entre les mains. Il avait beau augmenter la pression, les voix ne se taisaient pas.

-Tu crois vraiment pouvoir nous échapper ? Tu es faible et nous sommes forts. Les forts tuent les faibles. Alors écoute-nous. Tue pour nous. Nous avons besoin de sang. De sang ! Va et tue...

Tous les jours, Antoine les entendaient. Les somnifères les faisaient taire pour quelques heures, mais l'organisme d'Antoine en était déjà saturé. Le seul autre moyen d'avoir la paix c'était de céder. De tuer. De leur donner du sang.

Antoine avait déjà cédé quatre fois. Et il ne se le pardonnait pas.

Avant, elles n'étaient pas comme ça. Avant elles ne lui détruisaient pas le cœur de cette manière. Elles ne l'obligeaient pas à faire ces choses horribles.

Elles étaient apparues cinq ans auparavant.
Tout avait commencé quand ses parents l'avait abandonné. Son père avait succombé d'un coma éthylique, dû à une trop forte consommation d'alcool. Dans la même semaine, sa mère s'était suicidée pour échapper à un règlement de compte.
Ce n'était pas des gens très recommandable.
Peut-être Antoine aurait-il finit aussi mal si ses parents étaient encore de ce monde. Peut-être était-ce un mal pour un bien.
Antoine s'était retrouvé orphelin à 12 ans. Et elles étaient apparues. Ses yeux étaient devenus noir d'encre à leur emprise. C'était une conséquences parmi les autres. Antoine se souvenait qu'elles avaient commencé par le guider, puis elles l'avaient agacé et désormais elle l'obsédaient. Cela faisait cinq ans qu'il se débattait. Cinq ans qu'il vivait l'enfer.
Sa vie était vouée à l'échec.

-Tu vois tu le reconnais. Tu ne sers à rien. Tu n'es rien. Donne-nous du sang. C'est ta seule utilité. Du sang.

Antoine les ignora. Il ne devait pas céder. Il avait déjà tué la mère de l'être qu'il aimait le plus au monde !

Le garçon leva la tête. Au dessus de la télévision, il y avait un portrait. Julie. Elle était si belle avec ses yeux bleues et ses cheveux bruns. Antoine soupira. Il l'avait quitté quand il avait commencé à tuer. Il ne voulait pas la mêler à tout ça. Mais maintenant...
Il n'était plus sûr de son choix. Peut-être qu'il n'aurait pas dû. À la réflexion, c'était les voix qui lui avaient soufflé cette idée. Celle de la quitter pour ne pas l'inquiéter.
Antoine comprenait maintenant. Elles ne voulaient pas qu'il y ait quelqu'un d'autre qu'elles pour le guider.

Il savait ce qu'il devait faire. Mais il ne trouvait pas le courage.

-Tu es lâche. Mais ça nous arrange.

Antoine esquissa un rictus. C'étaient facile pour elles. Elles le regardaient agir et le critiquaient quand elles en avaient envie.
Lui, il encaissait.

Mais pour une fois, il voulait se rebeller. Il n'avait pas encore le courage pour revenir vers Julie mais il pouvait se ressaisir.

Antoine sauta sur ses pieds, attrapa son manteau et se rendit en ville. Se promener lui ferait le plus grand bien. De plus, il fallait qu'il rachète un couteau à jambon. Il avait, comme qui dirait, égaré le sien.

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