Bazar

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-Que...ce...que...je fais...là... Furent les premiers mots d'Antoine. Sa voix était rauque de ne pas avoir parlé et d'avoir crié, même en esprit, contre les voix.

Elles étaient revenues... Puis avaient à nouveau disparu. Le garçon ignorait ce qui les poussait à partir ou venir mais il était heureux qu'elles se taisent.

Antoine remua... Et il ouvrit les yeux.

Il eut juste le temps de voir que trois personnes se tenaient dans la pièce avant que Julie ne l'étreigne.

-Bon... Maintenant, il va falloir que tu m'expliques. Tout. Sans omettre un seul détail. Lui chuchota-t-elle.

Il hocha légèrement la tête. De toute manière, il ne pouvait rester avec les voix. Ces meurtres devaient cesser. Il en avait assez de tuer pour se soulager.

-Mais avant va falloir que tu vois avec les deux loustics derrière moi. C'est des flics et ils ont pas l'air de vouloir rigoler.

Antoine réprima un frémissement et hocha à nouveau la tête.

Julie s'écarta et le jeune homme put voir clairement les deux policiers. Le premier devait avoir à peu près son âge et était blond. Le deuxième était une femme dans la force de l'âge.
Ce fut elle qui prit la parole en premier.

-Monsieur Mercieix, nous voudrions savoir ce que vous faisiez dans la nuit du lundi 13 au 14 octobre mais aussi quelques jours avant le 10 et quelques jours après le 16. Somme toute que faisiez vous le jour des meurtres.

Julie retint un soupir. Cette policière connaissait son métier et elle n'y allait pas par quatre chemins. Antoine n'avait plus vraiment de moyen de s'en sortir sans mentir. Elle l'observa à la dérobée.

Le jeune homme respirait rapidement mais il ne semblait pas avoir de remords. Julie le connaissait assez pour savoir qu'il était honnête. Il n'allait pas mentir.

-Je suis... Commença-t-il.

Mais il ne put terminer sa phrase, interrompue par l'entrée fracassante d'un homme ventripotent.

Il dit, essoufflé :

-Bordel...et screneugneu...vous auriez...pu...me prévenir. Que...vous aviez trouvé...le coupable.

Marie-Élisabeth sourit. L'homme n'était autre que le commissaire Gardon.
C'était tout lui d'arriver de manière aussi impromptue !

-Alors c'est lui ? Demanda-t-il après avoir repris son souffle.

-L'a pas l'air d'un tueur.

-Commissaire, ce monsieur s'apprêtait à nous révéler ce qu'il sait. Dit Marie-Élisabeth en se tournant vers Antoine.

Ce dernier hocha la tête et se mit à parler. Le débit était incroyable, il fallait s'accrocher pour comprendre mais pour la première fois depuis cinq ans...

-Je suis désolé. Je suis désolé. Tous ces gens méritaient pas ce que je leur ai fait. Je pouvais pas faire autrement vous comprenez ? Elles me parlaient. Elles voulaient du sang. Je devenais fou.

À partir de ce moment du récit, des larmes coulèrent sur les joues d'Antoine. Enfin, il relâchait ces années de souffrance quelque part.
Antoine recommença à parler plus doucement.

-Ce sang sur mes mains... Ces cris... Ce regard implorant... Et le pire c'est que je ne voulais pas les tuer. J'en avais juste besoin. Elles en avaient besoin. Depuis le début elle me manipule. Est-ce que c'est ma faute ? Je ne sais pas. Pourquoi c'est tombé sur moi ? Je l'ignore. Ce que je sais, c'est que je suis foutu. 

Il acheva sa phrase et releva la tête. Un silence s'était installé. L'inspecteur, qui ne respectait que lui et peut-être sa brigade, ne prit pas de gants le brisa.

-C'est qui ces "Elles" dont tu parles

Le regard d'Antoine se fit fuyant puis...

-C'esT Nous ! On a prOFité de La faiBLesse D'AntoiNe pour lui FaIRe faIre ce qu'on voULAit !

L'assemblée sursauta. Alors... Ce que disait Antoine était vrai. Des voix le possédait. Julie posa ses yeux sur le garçon. Il semblait pris dans une sorte de transe. Ses yeux roulaient sous ses paupières et ses muscles se tendaient et se détendaient à un rythme effréné.

Julie entendit la porte claquer. Louis s'était enfui par peur. Marie-Élisabeth à sa suite, mais pour le rattraper. Il ne restait plus que le commissaire Gardon avec elle et Antoine.

La jeune femme posa encore une fois son regard sur Antoine. Elle s'arrêta un instant sur ses lèvres et la solution pour le calmer lui apparut comme une certitude.

Sans se soucier du commissaire Gardon, elle s'approcha. Elle attrapa le col lâche de la chemise d'hôpital d'Antoine, le maintenit droit et posa ses lèvres sur les siennes.

Démons Du Crime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant