Tribunal

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Quelques semaines plus tard...

-J'ai peur.

Ce fut la première phrase d'Antoine au tribunal. Julie lui prit la main et entrelaça ses doigts aux siens pour lui donner du courage.

La salle se remplissait. Antoine n'avait pas encore été appelé mais cela ne saurait tarder. Le juge, dans son habit noir était monté sur l'estrade. Son marteau à la main, il attendait un peu de silence avant de commencer le procès.

Antoine était censé être seul avec son avocate mais Julie avait tellement bataillé pour être à ses côtés, que le juge avait fini par accepter. Il avait marmonné :

"Ces jeunes, tous les mêmes irresponsables... De toute manière elle est témoin..."

L'accusé avait souri à cette phrase, songeant qu'elle ressemblait beaucoup à celles du commissaire Gardon.

Ce dernier attendait, assis au premier rang, accompagné de Marie-Élisabeth et de Louis qui signifiait son mécontentement d'une grimace.

Le jeune policier ne voulait plus rien avoir à faire avec cette histoire. Il s'était enfin trouvé une petite amie et il aurait aimé rester avec elle plutôt que de se trouver là, au tribunal.

-L'accusé Antoine Mercieix est attendu à la barre.

Le jeune homme prit une inspiration et s'avança.

-Êtes-vous bien Antoine Mercieix ?

-Je le suis.

Puis, le juge s'adressa à l'assemblée.

-Antoine Mercieix est jugé pour attenter à la vie de Bernadette Robert, de Jules De Micheli qui n'avait que 15 ans, de Valérie Trudot et d'Éric Landoux.

Le juge se retourna vers Antoine.

-Niez vous avoir assassiné ces honorables personnes ?

Antoine leva ses yeux à nouveau bleu et les plongea dans ceux du juge, il répondit ensuite d'une voix qui sonnait juste.

-Non.

-Pourquoi avez-vous tué ces personnes ? Avez-vous des circonstances atténuantes ?

-J'en ai... Mais vous ne me croirez pas.

Le juge fronça les sourcils et haussa la voix.

-C'est à moi d'en juger. Parlez.

Antoine détacha son regard de celui qui le jugeait. Il jeta un œil à Julie pour se donner du courage et se mit à raconter.

-Ce sont "les voix" qui m'ont demandé d'exécuter ces personnes. Ou plutôt de tuer. "Elles" avaient besoin de sang. Je ne pouvais rien faire, si ce n'est les écouter.

Le juge fronça plus fort encore ses sourcils. Sa tête était froissé de mécontentement. Qui était ce jeune impertinent qui lui débitait des excuses encore moins crédible que ce qu'il avait vu jusqu'à présent ? Ce qui n'était pas peut dire étant donné que cela faisait 27 ans qu'il était en fonction.

-Qu'est-ce que ces élucubrations ?

-Vous voyez, vous ne me croyez pas ! Plaida Antoine.

Une lueur de doute passa dans les yeux du juge puis il redevint froid et sans émotion.

-Tâchez de réexpliquer plus clairement.

-Je... Hésita Antoine.

-Vous n'avez plus rien à dire ? Parfait ! Voyons les témoins maintenant.
Julie Trudot est attendu à la barre.
L'accusé est prié de se retirer et de gagner sa place dans les tribunes.

Julie s'avança.

-Mademoiselle Trudot, confirmez-vous les dire d'Antoine Mercieix ici présent ?

-Je les confirme monsieur le juge.

Le juge eut un mouvement de recul puis repris son interrogatoire.

-Avez vous un élément pour prouver ces faits ?

-Je n'en ai pas, monsieur le juge.

-Moi j'en ai une !

La voix avait retenti depuis le premier rang. Antoine se tourna et reconnu l'homme au crâne dégarni qui s'était exprimé.

Ne se laissant pas dominer, le juge interrogea calmement l'homme qui venait d'interompre son discours.

-Quel est vôtre nom ?

-Etienne Gardon, monsieur le juge, je suis commissaire.

-Un homme de loi qui défend un accusé, on aura tout vu. marmonna le juge.

-Quelle est cette preuve ? Demanda-t-il enfin.

Pour toute réponse, le commissaire sortit une clef USB de sa poche.

Le tribunal était équipé d'un vidéoprojecteur.

Le juge fit signe à un agent d'aller récupérer la clef pendant qu'il allumait l'ordinateur.

La clef, une fois introduite dans le lecteur, se mit à clignoter.

Un fichier s'ouvrit.

Antoine se mit à trembler. C'était quand les voix étaient sorties à l'hôpital.

Il chuchota :

-Comment a-t-il eu ces extraits de vidéos ? Je ne l'ai pas vu filmer.

Comme s'il lisait dans ses pensées, le commissaire lui fit un clin d'oeil.

Le visage du juge changeait de couleur passant du rouge au blanc en passant par le gris.

Quand la vidéo se termina, le juge prit  son marteau et annonça :

-L'accusé Antoine Mercieix est condamné à payer 45 000€ d'amende et à 3 mois de prison au lieu des 3 ans réglementaires pour un homicide involontaire.
Des remarques ?

Personne ne broncha et surtout pas Antoine qui s'en sortait à si bon compte.

Le marteau claqua et cette histoire ce termina.

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