Fratrie

17 3 14
                                    

Antoine était perdu. Il ne savait ce qu'il devait faire. Quelles voix écouter.
À quels saints se vouer. Ce qu'il savait, c'est qu'il était heureux.

Un calme, une plénitude s'était installée en lui quand son regard avait croisé celui de Julie. Les voix avaient refluées. Elles avaient été remplacées par ce sentiment.

Antoine frotta son genou endolori : il avait passé beaucoup de temps à genoux aux côtés de Julie quand elle était inconsciente, mais aussi quand elle était avec lui, à le regarder. Cette dernière avait fini par lui demander d'appeler les urgences, ce qu'il avait fait.

Il avait été reconnaissant aux ambulanciers de ne pas avoir posé plus de questions que ça sur la blessure de la jeune fille. Ils l'avaient emmené sans autres interrogations sur le type de blessure bien que celui qui semblait être le plus haut placé lui ait jeté un drôle de regard. Ils lui avaient juste demandé un numéro de téléphone. Le jeune homme leur avait donné le sien.

Antoine n'avait plus de nouvelles depuis deux petites heures mais cela ne l'inquiétait pas. Cela aurait peut-être dû.

Il était incapable de réfléchir. Il profitait enfin d'un moment de répis. Les voix ne martelaient plus sa tête de réflexion et il savait que cela ne durerait pas.

Il poussa un soupir et s'endormit.

***

Il fut réveillé par des coups précipités sur sa porte d'entrée. Antoine se leva, intrigué. Il n'avait plus de contact avec grand monde et seule une petite minorité de personnes savaient où il résidait. Il alla ouvrir.

Sur le palier, se trouvaient deux petits garçons, haut comme trois pommes. Ils se ressemblaient énormément. Les deux avaient les cheveux bruns et les yeux verts. Ils avaient encore des traits de poupons mais un air résolu se peignaient sur leur visage.

Antoine ignorait ce qui les amenait, mais ils avaient l'air décidé.

-Quesque vous faîtes-là ?

Les deux garçons échangèrent un regard qu'Antoine n'arriva pas à interpréter, puis, celui qui était à droite prit la parole. Il portait un pull bleu tandis que son frère, c'était forcément son frère, portait un pull bordeau.

-Nous cherchons notre sœur.

-Je ne l'ai pas vu. Répondit Antoine et il referma la porte aux nez des gamins.

Il ne voulait pas être brusque, mais il sentait que les voix reprenaient leur place et il n'avait pas encore terminé de se reposer.

Il n'avait pas fait trois pas, que les deux enfants frappèrent à nouveau. Antoine décida de les ignorer. Au bout d'un moment pourtant, il se résolut à leur ouvrir. De toute façon il ne pourrait pas dormir avec le raffut qu'ils faisaient. Autant les laisser s'expliquer.

-Maintenant vous allez nous écouter ? Demanda l'enfant au pull rouge d'une petite voix qui tira un sourire attendri à Antoine.

-Oui. Mais pas longtemps. Essayez de faire vite.

L'autre garçon, il semblait à Antoine que c'était lui qui dirigeait les opérations, prit une inspiration et se lança.

-J' m'appelle Marius. Et voici mon frère Gustave. Nous savons qu' vous avez vu not' sœur. Elle vous voyait souvent avant. Et on est sûrs, mon frère et moi qu'elle vous voit toujours.

Antoine fronça les sourcils. Mais de qui parlaient-ils donc ? Ils étaient sûrs de ne pas s'être trompés ? Il ne côtoyait pas grand monde.
Le garçon continua sans remarquer le trouble d'Antoine.

-Elle vous a plus vu après la mort de 'man, mais aujourd'hui, elle a disparu après not' discution. Je suis sûre qu'elle est passée ici.

Un doute se fraya un chemin dans l'esprit d'Antoine. Seraient-ils les frères de...

-Comment s'appelle votre sœur ? Demanda-t-il d'une voix blanche.

-Julie. Mais vous d'vez le savoir non ?répliqua le garçon pull bordeau.

Antoine ocha vaguement la tête.
Puis il s'effondra sur le sol.

Démons Du Crime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant