Pour que tu me reviennes

9. Sortir la tête de l'eau

Cela faisait à présent un mois qu'ils ne s'étaient pas vus. Depuis l'incident, ils s'évitaient du mieux qu'ils le pouvaient, se croisant par moment dans les couloirs du domaine papillon.

Le printemps commençait même à toucher à sa fin et Nezuko se demandait encore combien de temps allait-elle pouvoir tenir. Elle n'arrivait plus à faire comme si il n'existait pas.

La bonne nouvelle, c'est que son frère s'en était sorti, sa fièvre ayant baissé. La mauvaise, était qu'il avait beaucoup de rééducation à faire avant de pouvoir remarcher.

Avec tout ça, Nezuko passait le plus clair de son temps avec Tanjiro et délaissait ses amis. Ce dernier était d'ailleurs sur les nerfs et la jeune femme se disait qu'elle ne l'avait jamais vu dans cet état.

- Je vais te chercher un verre d'eau, dit-elle au pourfendeur avant de se diriger dans les cuisines.

La porte entrebâillée laissait apercevoir deux silhouettes l'une contre l'autre. Nezuko la poussa afin d'y entrer et de récupérer un verre en terre cuite et une cruche, faisant abstraction des deux personnes qui ne l'avaient pas vue rentrer.
L'un des deux gémit.

- Mmmm, Inosuke....

Nezuko reconnut la voix d'Aoi, elle se retourna pour apercevoir la main du sanglier dans le pantalon de son amie. Elle en lâcha son verre qui vint s'écraser avec fracas.
Les deux jeunes gens se retournèrent pour la fixer.

- Je...heu, pardon, dit Nezuko en se penchant pour ramasser les débris, je voulais juste apporter de l'eau à mon frère.

Aoi, gênée, descendit de la table où elle était assise.

- J'y vais, informa Inosuke en sortant de la pièce.

- Attends quoi !? Tu te défiles et me laisses seule ! S'exclama l'infirmière toute rouge. Je le déteste.

- Je suis désolée, continua Nezuko.

Mais Aoi secoua la tête.

- Tu n'as rien vu.

- Quoi ? Dit Nezuko choquée alors que son interlocutrice lui lança un regard glacial.

- Quoi que tu aies vu, tu n'as rien vu.

- Je ne sais même pas ce que j'ai vu...

- Bien.

Aoi se dirigea à son tour vers la sortie quand Nezuko l'interrompit.

- Pourquoi il te touchait à cet endroit ? Demanda-t-elle.

L'infirmière leva les yeux au ciel en pestant.

- Pourquoi tout le monde veut que j'explique ça ?

Puis elle partit en claquant la porte, laissant l'ancienne démone pantoise.

- Ça ira pour aujourd'hui, tu penses ?

Tanjiro sourit à sa sœur.

- Oui, tu peux rentrer.

- Tu veux que j'appelle Kanao.

Le pourfendeur se renfrogna.

- Non, ce ne sera pas la peine.

- D'accord, alors j'y vais.

Nezuko n'était pas mécontente de rentrer. Ce qu'il s'était passé dans les cuisines lui trottait dans la tête. Elle voulait des réponses mais auprès de qui allait-elle les demander ? Kanao ? Non, la jeune femme était bien trop réservée pour ça. À son frère ? Mais il ne faisait que lui dire la moitié des choses ces derniers temps.
Alors qu'elle réfléchissait, elle percuta de plein fouet quelqu'un.

- Oh pardon, dit-elle pour la énième fois de la journée.

Elle se frotta le crâne. Décidément ce n'était pas son jour.

- Non c'est moi qui suis désolé, répondit la voix masculine qu'elle ne connaissait que trop bien.

Elle leva les yeux vers son interlocuteur et une tête blonde lui sourit.

- Ze-Zenitsu, bafouilla-t-elle.

Celui-ci, un regard inquiet mélangé à de la tristesse, peinait à lui sourire.

- Tu m'évites ? Lui dit-il.

- Je croyais qu'il en était de même pour toi.

- Pas vraiment, je pensais juste que tu ne voulais plus me voir alors je t'ai laissé tranquille. Pourquoi ?

- Je...j'ai été très occupée et inquiète avec mon frère.

Le blond hocha la tête en signe qu'il comprenait.

- Maintenant que ça va un peu mieux, on peut se reparler ?

Nezuko craquait devant sa mine de chien battu.

- Oui, dit-elle, on peut.

- Parfait ! Tu te souviens quand je t'avais dit il y a quelques semaines de ça que je t'emmènerai quelque part ?

La jeune femme acquiesça. Qu'allait-il lui proposer ?

- Et bien, je t'y emmène maintenant.

- Maintenant ?! S'exclama Nezuko.

- À moins que tu aies d'autres choses de prévu ?

Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Elle se souvenait de son corps contre le sien lorsqu'ils étaient dans son placard et l'idée de se retrouver seule avec lui alors que le soir était tombé lui donnait des papillons dans le ventre.

- Non, rien du tout, répondit-elle, je te suis.

Il la prit par la main et l'entraîna hors du domaine, un grand sourire aux lèvres. Bientôt, la jeune femme se détendit et se mit à rire face à la situation. Elle avait l'impression de faire quelque chose d'interdit et ça en était palpitant.

Il l'emmena au bord d'une large rivière sous des saules, à l'abri des regards. Ils haletaient d'avoir couru.

- C'est joli, dit la jeune femme, mais je connais cet endroit.

- Ce n'est pas pour te le montrer mais pour qu'on se rafraîchisse.

Nezuko le regarda avec interrogation, la tête penchée sur le côté.

- S'y rafraîchir ?

- Tu veux aller dans l'eau ?

Le regard pétillant de la jeune femme s'illumina.

- Bonne idée de se tremper les pieds, il fait chaud même le soir maintenant.

Il lui prit le poignet pour l'arrêter avant qu'elle n'enlève ses chaussures.
Elle se retourna vers lui, inquiète.

- Je veux dire, entièrement dans l'eau.

Nezuko rougit.

- Mais je vais tremper mes affaires.

Zenitsu rit.

- Comme tu voudras, sache que tu peux tout retirer, je ne regarderai pas.

La jeune femme était encore plus rouge de gêne.

- Tu veux dire toute nue ?

- Je le serais moi aussi, lui dit-il doucement pour la rassurer.

- Mais...on n'a pas le droit de faire ça ?

- C'est vrai, mais je te rappelle qu'on n'a pas le droit de se voir actuellement non plus. Qui le saura ? Enfin, je ne veux pas te forcer.

- Non, c'est d'accord, répondit-elle du tac au tac.

- Vraiment ?

Elle le regarda avec une lueur de défi.
L'idée de commettre un interdit la galvanisait.

- Oui.

Le jeune homme se retourna pour lui laisser de l'intimité, alors qu'elle se mettait entièrement nue.

Elle entra dans la rivière. Elle était fraîche mais pas glacée ce qui lui fit du bien. Elle plongea son corps entièrement avant de mettre la tête sous l'eau et de rire aux éclats.
Elle se tourna vers le blond, toujours dos à elle.

- À toi maintenant.