La Religieuse et le Mâle

Meurtrière

AMAHLE

Soixante-dix-sept jours que je suis sortie. La plupart des gens penseraient que je suis idiote en me voyant debout devant la pierre tombale de ma mère sous l'orage.

La vie en prison, au début, n'a pas été rose. Il n'y avait pas une journée qui passait sans regretter mon acte. Cette femme et son bébé que j'ai tués. Je me suis traitée de meurtrière même si ce n'était pas prémédité mais je suis une meurtrière. J'aurais beau faire tous des bons actes et des bonnes œuvres, ça ne les ramènera jamais. J'ai imploré le pardon de Dieu pour mes péchés. Et depuis que je suis rentrée à Boston, je suis traitée de tous les noms dans mon ancien quartier. Quand j'y suis allée pour revoir la maison de mon enfance, j'ai été traité de Voleuse, Menteuse et Escroc. Mon père est introuvable. Pendant mon absence, mon père a escroqué la plupart de ces voisins et a fui avec des milliers de dollars. Il a sali notre nom de famille. Et j'ai rajouté Meurtrière à notre cv familial.

Dès que je suis sortie de prison, j'ai décidé de quitter l'Italie et de rentrer chez moi. Mais je n'ai plus de maison, pas de travail. Je dors pour le moment dans un foyer pour personnes sans abri.

La vie en prison n'a pas été très traumatisante dans l'ensemble. Rien avoir avec une série télé interdite au moins de 18 ans. Je n'ai pas eu besoin d'acheter la protection de quiconque avec des cigarettes ni de devenir l'esclave sexuel de quelqu'un. J'ai préservé ma chasteté. Certaines prisonnières couchaient avec des gardiens mais je n'ai pas voulu aller sur ce terrain. Mais là-bas, on a retiré tous mes choix. L'heure à laquelle me lever, quand aller me coucher, quand manger, quand aller me laver et quand sortir prendre l'air ne m'appartenait pas.

Durant ses dix ans, d'autres personnes avaient fait des choix à ma place, un peu comme au couvent.

Aujourd'hui que je suis libre, je ne sais pas quoi faire. Je suis revenue chez moi et je suis encore plus paumée qu'avant. Je n'ai plus rien et je suis là, je laisse la pluie ruisseler sur moi. Peut -être que cette pluie va laver un peu de mon passé et mes péchés.

Je baisse la tête et je lis le nom de ma mère inscrit sur la pierre, je respire la terre humide. Je n'ai plus de famille. Mon père qui est un monstre, je ne le considère plus comme mon père. Surtout qu'il me traitait tout le temps de bâtarde. Il s'est enfui avec des objets de valeur de la plupart des gens du quartier et la majorité des fonds d'une association. Il a laissé énormément de gens dans de graves problèmes financiers.

Soudain épuisée, je m'allonge sur l'herbe et je laisse la pluie tomber sur moi.

- Tu me manques, maman.

La pluie dégouline dans ma bouche quand je murmure ces mots. Que ressens-tu là-haut? Dois-je encore prier maman?

J'ai trouvé un emploi en tant que serveuse dans un bar qui fait aussi club de striptease. Je n'ai jamais mis les pieds dans ce genre d'endroits. En tant que religieuse, je considère ces lieux comme des lieux impurs et de débauche. Que Dieu me pardonne d'y mettre les pieds. Mais c'est le seul endroit qui a accepté de m'embaucher surtout quand le type qui m'a passé l'entretien a vu sur mon pauvre cv que j'ai été religieuse avant. Il a explosé de rire et m'a même proposé de m'initier aux plaisirs charnels. Pervers. En plus, il ressemblait vraiment à Pumbaa dans le Roi Lion.

Même si c'est le dernier endroit où je veux travailler, je prends ce travail avec reconnaissance qui pourra m'aider à trouver un appartement. Chaque centime gagné me servira.

Alors que la pluie tourne à un véritable orage, je décide de quitter les lieux. Ma mère et moi aimions les orages. Je vais juste me contenter d'être libre. J'observe la tempête qui fait rage, les arbres qui s'agitent violemment à cause du vent violent.