Chapitre 6 - I've dug two graves for us

23 3 10
                                    

Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine, menaçant d'éclater à chaque seconde qui passe. Je sens à peine mes jambes lorsque je cours vers la porte d'entrée, une arme dans ma main.

Comment est-elle arrivée là ?

J'entends à peine la fenêtre de la chambre grincer et notre agresseur s'extirper en savourant le chaos qu'il a engendré. Au moins, il ne s'en prend pas de nouveau à Leïla.

Tout est allé si vite.

J'ai tiré sur un homme ?! Mon doigt a glissé si facilement sur la détente et je n'ai pas hésité une seconde. C'était presque une évidence. Un instinct au goût ferreux qui s'est répandu pour envahir ma conscience. J'ai tiré. Comme mon père l'a fait cette nuit là. Cependant cette fois, j'ai vu, de mes propres yeux, les dommages que cela pouvait causer.

Cette homme s'est introduit chez Leïla. Une ombre fantomatique de la nuit qui s'est glissée près de nous en silence. Un silence traître prenant la personnification d'un être sculpté comme une armoire à glace qui a bien failli tuer mon amie. Merde, merde, merde...Est-ce un homme de mon père ?Je n'ai pas pu distinguer un détail important dans la pénombre, qui m'aurait permis de reconnaître un des membres du camp Vlachos.

Était-il venu me ramener ?

Mes mains tremblent et paradoxalement, mes doigts ont du mal à se desserrer de l'arme. Cet objet que je déteste tant semble avoir sauvé la vie de mon amie...et tirer encore plus la sonnette d'urgence. Je sens encore ses doigts sur mon visage, et la morsure de ce regard que je ne pouvais discerner. Tout est allé si vite...Et ce n'est qu'en me précipitant vers la porte d'entrée que je réalise que je ne trouverais aucun secours auprès de ces nouveaux intervenants, nos sauveurs. Certes, ils ont fait fuir l'homme, mais comment pourrais-je leur expliquer ces coups de feu ? Cette scène inimaginable pour des étudiants à la vie si normale ? Je ne peux pas. Mon père n'a pas perdu de temps pour me retrouver et commanditer la mort de Leïla, ce serait mettre en danger plus de monde que nécessaire.

Je dois partir.

Le cœur aux bords des lèvres, la porte est enfoncée sous mon regard médusé. Avec fracas, j'observe la serrure lâcher dans un craquement de bois déchirant, mon sang se glace face à une nouvelle intrusion, mais je découvre le visage paniqué d'un grand blond.

- Qu'est-ce que c'était ?!

Comme si on se connaissait depuis toujours, il se précipite vers moi et ses mains saisissent mes épaules avec une poigne si ferme que je manque de lâcher prise, je suis tentée de m'écrouler. Il me secoue avec force, l'incompréhension déformant ses traits. Son regard tombe finalement sur mes mains, alors que je peste mentalement contre mon esprit qui n'est pas capable de me dépatouiller de cette situation. Il ne parvient plus à réfléchir, il est passé en mode survie.

- Est-ce que c'est toi qui as tiré ?

En réponse, mes doigts se desserrent, l'arme m'échappe et glisse pour s'écraser sur le sol. Mes muscles se crispent et ma bouche s'entrouvre. Je veux répondre. Il le faut.

- Ce n'est rien.

Un hoquet de surprise m'échappe face à cette voix, je fais volte-face au moment où le grand blond décroche ses yeux de ma carcasse vide.

- Leïla...je m'étrangle.

Mon amie se traîne hors de sa chambre, une main massant sa gorge, mais pourtant le menton haut.

- Tout va bien, elle assure d'une voix pourtant enrouée.

Je ne peux décrocher les yeux de sa silhouette qui au premier coup d'œil lui confère une certaine assurance, mais qui, en regardant de plus près, cache un corps malmené il y a peu.

Eros et PsychéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant