Chapitre 5 - Que le sang coule

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Eros

Le plancher craque sous mon poids.

Mon cœur bat à un rythme régulier et fait pulser le sang jusqu'à ma main qui tient fermement ma dague.

L'appartement dans lequel je pénètre est plongé dans le silence, des cadavres de bières jonchent le sol et je fais attention de ne pas m'y prendre les pieds. C'est un jeu d'enfant. J'avance à pas de loup tel un funambule sur son fils branlant. Mais je sais que je ne chuterais pas, cette procédure, je l'ai déjà réalisée mille fois. Chacun de mes pas est calculé et précis et le peu de bruit que je génère se perd dans les caresses de vent qui s'engouffrent de par la fenêtre du salon ouverte.

Je sais qu'elle est ici.

Ce n'était pas bien compliqué de la suivre, cette jeune femme est étonnement imprudente pour une fille de mafieux. On dirait qu'on ne lui a rien appris.Mais c'est tant mieux pour moi.

Il m'a suffi de garder une bonne distance et de ne pas lâcher sa silhouette des yeux. Chaque poussée d'adrénaline qui lui intimait de se retourner était prévisible, je n'avais qu'à me fondre dans les ombres de la nuit, sans trop me presser en plus. Un jeu d'enfant. Même les yeux bandés, j'aurais pu anticiper ses mouvements. Elle m'a bien aidé également en ne prenant pas garde à bien fermer la porte de l'immeuble derrière elle. On ne m'a jamais autant facilité la tâche.

D'habitude, je suis confrontée à des professionnels, des cibles constamment sur leur garde et profondément entraînée à survivre. Pas plus tard que la semaine dernière, il m'a fallu sortir l'artillerie lourde pour abattre ma proie. Après une longue semaine d'infiltration en tant que barmaid, j'ai pu approcher ce gros bonhomme, un capitaine de police bien trop renseigné sur les mercenaires. Il semblait pouvoir déjouer tous mes plans et pourtant, mon sniper ne l'a pas loupé et à su, lui, trouver son front.

Ici, pas de difficulté, je pourrais presque laisser un soupir de plaisir m'échapper tant la tâche sera rapide et sans complications. J'ai attendu suffisamment longtemps pour que l'appartement de son amie se vide. D'après mes calculs, elles ne sont plus que deux dans ce studio, ma proie et une dénommée Leïla Adams qui fréquente la même université. Une fille sans histoire, presque banale, ne comptant aucun surentraînement de défense. Une étudiante classique aussi facile à écarter qu'une mouche. Et vu le silence, elles ont dû s'endormir. J'en suis presque déçu, j'aurais aimé qu'elles m'entendent entrer et les découvrir terrifiées, roulées en boule l'une contre l'autre sur le lit. Un peu de lutte aurait pimenté ma mission. Je me serais délecté de leur larme.

C'est toujours plus amusant que de voir la vie les quitter alors qu'elles dorment paisiblement. Ce serait terriblement ennuyant et je ne prendrais même pas de plaisir à voir leur sang tâcher ma lame.

Je tends l'oreille, mais je n'entends que ma respiration alourdie par l'épaisse cagoule qui recouvre mon visage. Alors je poursuis mon avancée. J'évolue à merveille dans l'obscurité, comme si j'étais né pour ne faire qu'un avec elles. Des frissons courent le long de mon échine et je fais rouler mes épaules pour savourer ce sentiment de puissance. L'extase atteint son apogée lorsque je déboule dans la petite chambre, confortable malgré le manque de place. Comme je m'y attendais, deux corps qui ne se réveilleront pas demain matin, sont étendus paisiblement.

Qu'était-elle venue faire ici ?

À vrai dire, je m'en moque pas mal.

Rien ne la sauvera.

Je joue avec mon arme, à mesure que j'avance vers elles, en la faisant voltiger d'un mouvement du poignet, elle retombe habilement dans ma paume à chaque fois. Je ne fais aucun bruit, si bien que j'entends un léger ronronnement s'élever d'une des filles.

Eros et PsychéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant