Chapitre 9 - La main de la mort

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Ma tête tourne, mes paupières sont lourdes, presque impossibles à soulever. Pourtant, je me réveille dans un brouillard épais, chaque battement de mon cœur résonnant comme un coup de marteau dans mes tempes. Je me rappelle de la course-poursuite, de cette voiture noire menaçante qui a causé notre accident, puis un grand choc, Leïla au bord du précipice de la mort et finalement...cette seringue.

J'ai été drogué.

Je lutte contre l'inconscience, contre cette lourdeur écrasante qui m'enveloppe comme une chape de plomb. Mon corps est engourdi, mes membres mous, comme si j'étais vidée de toute énergie. Je cligne des yeux plusieurs fois, le monde autour de moi est flou.

Ploc ploc ploc...

Peu à peu, mon organisme évacue la drogue dissipant, également, mon trouble. Les contours de l'endroit où je me trouve prennent enfin forme, mais ce que je vois ne fait qu'accentuer la panique qui monte en moi.

Ploc ploc ploc...

Le plafond au-dessus de moi est bas, trop bas, et craquelé comme s'il allait s'effondrer à tout instant. Les murs, d'un gris sale, suintent d'humidité. Une odeur âcre et moisie flotte dans l'air, un mélange de renfermé, de sueur, et de quelque chose de plus métallique, peut-être du sang. L'atmosphère est oppressante, comme si l'air lui-même pesait sur ma poitrine, m'empêchant de respirer correctement.

Ça sent comme chez mamie.

Cette pensée enfantine s'impose à moi alors que je concentre le restant de mes forces à baisser le menton pour mieux saisir l'environnement. Je suis allongée sur un lit en piteux état, le matelas affaissé sous mon poids, est si fin que les ressorts poussent contre mes vertèbres. La couverture qui me recouvre est rugueuse et imprégnée d'une odeur de poussière. Le lit grince lorsque je tente de bouger, et je ressens une douleur sourde à l'arrière de ma tête, là où j'ai dû me cogner lors de l'accident. Une de mes mains s'y porte instantanément mais cela m'arrache un gémissement de douleur. Chacun de mes muscles me tiraille et je n'ose même pas sonder mon poignet. Tout mon corps est en décalage, lourd et léthargique, l'esprit flottant à la surface d'un océan d'inconscience.

Ploc, ploc, ploc...

Il faut que je sorte d'ici. Un instinct brûlant me l'intime repoussant bien loin chaque paramètre qui m'en empêcherait. Je suis dans un sale état, je ne sais pas où je me trouve et...

Une plainte étouffée dans un souffle vient chatouiller mes oreilles, je tourne lentement la tête vers cet écho, et là, à côté de moi, je la vois.

Leïla.

Elle est allongée sur un autre lit tout aussi délabré, à quelques mètres de moi. Sa peau paraît à vif sous la lumière crue qui pend du plafond, par un fils plein de rouille, projetant des ombres vacillantes sur les murs. Son visage est marqué par des ecchymoses, sa lèvre a éclaté à cause de l'accident et elle porte les stigmates de l'étranglement qu'elle a subi. Mais sa poitrine se soulève lentement, elle respire. C'est tout ce qui compte.

Un profond soulagement m'envahit, malgré la douleur lancinante qui parcourt mes muscles. Ils ne l'ont pas laissé mourir. J'aimerais tendre la main vers elle, la pièce n'est pas grande, je pourrais facilement la toucher si seulement tout mon être ne me faisait pas autant souffrir. Je tente alors d'appeler son nom, mais ma voix n'est qu'un murmure rauque, brisé par la sécheresse de ma gorge. Le simple effort de parler me laisse épuisée, mon souffle court et irrégulier. Je prends une longue inspiration, mais l'air vicié me brûle les poumons. Le plafond semble se refermer sur moi, et le sentiment d'être prise au piège devient insupportable. Je suis dans un endroit souterrain, je le sens.

Eros et PsychéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant