Chapitre 14 - Jamais les femmes

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TW : Agression sexuelle, Viol


Je n'ai jamais vraiment connu d'homme. J'ai déjà eu des béguins pour des garçons de mon collège puis de mon lycée. Des amourettes qui débutent parce qu'on se plaît physiquement. Et puis c'est sympas d'avoir un amoureux, comme les copains, alors même qu'on ne sait pas réellement ce que signifie l'amour. On se tient la main, on s'embrasse, parfois même, on y glisse la langue. C'est la seule chose que j'aie connue, le frisson d'une étreinte un peu risquée, le goût des lèvres de l'autre, l'estomac qui se serre lorsque sa main glisse sur vos fesses. Je n'ai rien connu d'autre, parce qu'à la différence de mes amis, mon père n'a jamais permis que je développe de quelconques relations. Aussi, sur ce point, je colle à merveille au cliché de la fille du parrain promise à un mariage. J'ai dû m'éduquer seule sur ce sujet et bien que je ne vénère pas le concept de virginité, je n'avais jamais imaginé qu'on me l'arrache de la sorte.

Dans mon idéal, jamais ma première fois n'est synonyme d'un corps qui ne m'appartient plus.

Je devrais le vouloir. Je devrais être consentante pour la première fois comme pour les autres à venir.

Les hommes comme lui ne prennent pas, ils volent. Ils se nourrissent de peur et de silence, croyant que leur force réside dans ce qu'ils arrachent plutôt que dans ce qu'ils construisent.

En un battement de cils, l'espace entre nous n'existe plus. En une fraction de seconde sa main s'est glissée sur ma nuque, l'attrapant d'une poigne si ferme qu'il pourrait me briser les cervicales. J'ai à peine le temps de m'en inquiéter qu'elle se fourre dans mes cheveux qu'il empoigne pour tirer ma tête en arrière.

Un profond sentiment d'injustice enfle en moi. Je devrais avoir l'habitude, après tout, je connais leur code sur le bout des doigts à force. Je suis familière à toutes les douleurs qu'il procure et pourtant... Je suis toujours autant démunie. Je n'ai que ma haine, profonde et sourde. Mon corps ne m'aide pas en plus de cela. Le traître est si mou et si rigide à la fois, les informations mettent un temps fou à parvenir à mon cerveau, j'entends la voix de Leïla et ses dernières paroles et je considère ma nouvelle meilleure amie qui ne me quitte plus : l'impuissance.

Même si mon âme hurle, je suis groggy, il a raison sur ce point. La terreur est en partie responsable de mon immobilité, mais ce mélange atroce, ajoute la touche finale.

- Ne me touche pas... Je m'étrangle dans un sanglot.

J'ai honte de pleurer. De n'être bonne qu'à ça. J'aurais pu être une héritière entraînée, rodée à ce genre de situation. Mais je ne suis qu'une femme en colère, démunie contre l'immondice masculine.

Cet enfoiré se repaît de mon désespoir, ignorant mes suppliques. Elles n'existent pas dans son monde. Son autre main ne se prive pas pour parcourir mon corps. Je retiens mon souffle lorsque sa paume cueille mon sein pour le presser aussi délicatement qu'il tient mes cheveux. Mon âme se brise lorsque sa bouche se colle dans mon cou. Ses lèvres y capturent la peau fine et ses dents m'égratignent lorsqu'il y mord. Son souffle brûlant salit ma peau et je frissonne de dégoût. Je n'arrive pas à réagir. Mon esprit s'enfonce un peu plus dans un nuage cotonneux, quelque chose ondule en moi tentant de se décrocher. Je suis prisonnière de mon propre corps, mon âme le sens et avant d'être encore une fois bien trop abîmée, elle tente de s'enfuir, me faisant spectatrice.

On ne sait pas comment réagir, lorsque nos mots ou simplement notre être cris "non", on ne devrait pas savoir comment s'y prendre pour sortir de cette situation, car dans un monde idéal, ça s'arrêterait aux premiers signes de refus et il ne serait pas de notre responsabilité d'en subir les conséquences. Dans une douce utopie...

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 02 ⏰

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