Chapitre 4 - révélations

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- Leïla ?


La porte de sa chambre grince légèrement en s'ouvrant, un rai de lumière me précède, couvrant la moquette d'une douce lueur. Ma cage thoracique est comprimée par le stress et je plie et replie les doigts pour tenter de me détendre. Un problème de plus, voilà ce que je lui apporte. Alors que mon amie semble à mille lieux de les réclamer. Comme pressentis, des petits bruits explicites emplissent la pièce, se répercutant sur les murs et hérissant les poils de mes bras. Leïla rigole, lui semble...grogner ?


Bon dieu...


Ils ne semblent pas avoir entendu ma supplique, ni même mon cœur battant la chamade qui résonnerait presque aussi fort que leurs soupirs de plaisir. Je n'ai rien à faire là, c'est certain. Dans une autre réalité, une où je ne fuirais pas ma famille, où mon père n'aurait pas tracé mon destin, j'aurais attendu impatiemment le débriefing de cette nuit qu'elle m'aurait raconté, le lendemain à la fac autour d'un café. Mais l'urgence de la situation me fait racler ma gorge pour m'éclaircir la voix et reprendre plus fort.


- Leïla ? C'est Psyché.


J'observe une pause dans leur chorégraphie sensuelle, un silence que la musique du salon peine à couvrir s'abat sur la chambre, puis, j'entends un hoquet de surprise et tout se passe très vite. Un corps se retrouve poussé, et sous la faible lumière, je reconnais le visage d'Edward, celui de notre promo. La couette se rabat et deux yeux interloqués se posent sur moi.


- Quoi ?!


Un sourire gêné m'échappe, je mordille l'intérieur de ma joue sans plus trop savoir que dire. J'ai abattu ma dernière carte et égoïstement, j'attends qu'elle me dise quoi jouer en suite.


- C'est quoi ce bordel ? Râle Edward.

Leïla semble réaliser que je suis réellement là, ses épais sourcils bruns se froncent, ses lèvres pulpeuses se figent dans une interrogation silencieuse, elle comprend immédiatement que ce n'est pas normal. Jamais je n'ai fréquenté mes amis en dehors du cadre scolaire. Je n'avais pas le droit, enfant de faire des soirées pyjama alors jeune adulte, les soirées étudiantes ou même apéro étaient proscrit. J'avais inventé une version, dans laquelle j'avais trouvé un job étudiant qui me prenait tout mon temps après la fac. Me trouver alors ici, sur le pas-de-porte de sa chambre, dans une tenue approximative, lui met instantanément la puce à l'oreille.


- Qu'est-ce que tu fous là ? Elle me demande en allumant la lumière de sa table de chevet.


Je la découvre pleinement rabattant la couverture sur sa poitrine nue, laissant, à contrario, un Edward complètement nu qui plonge la main pour récupérer son caleçon en vitesse.Leïla croise mon regard et me sonde un instant, ses prunelles brunes me balayent de haut en bas comme pour s'assurer que je suis bien réelle. Elle bat des cils, puis zieute son amant avant de revenir une nouvelle fois vers moi.


- Ed sort de là, on se voit plus tard. Elle ordonne alors. Et transmet le mot aux autres, je veux tout le monde dehors.


Mon cœur rate un battement à ses mots et je m'appuie contre le chambranle pour m'empêcher de tanguer. J'ai misé juste. Edward s'échappe de la pièce, bien trop timide pour surenchérir tandis qu'une culpabilité profonde s'installe au creux de mon ventre. Toute la haine que je ressens envers mon paternel, se concentre à cet instant sur ma fureur de devoir bouleverser la vie des gens que j'aime.

Eros et PsychéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant