Chapitre 1:Ryusui

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La brise matinal portait avec elle l'odeur salée de la mer tandis que le bateau entrait dans le grand port de Tokyo. Je tourne une dernière fois la barre du bateau avant que l'embarcation ne s'imobilise définitivement. Une fois que le navire est amarré, chaque membre de l'équipage peut toucher terre pour la première fois depuis plusieurs jours.
Alors que je prend le temps de m'étirer, fatigué par cette longue navigation, François, mon secrétaire et majordome se dresse juste devant moi.

-Monsieur Ryusui, commença t-il en s'approchant, je dois vous informer que votre présence est requise à l'hôpital Honmachi aujourd'hui.

Je fronce les sourcils, l'interrogation se lisant clairement dans mon regard.

-À l'hôpital? Pour quelle raison? Je croyais que la matinée était réservée pour l'inspection du nouveau navire ?

François inclina légèrement la tête, démontrant qu'il avait anticipé cette question.

-En effet Monsieur mais il s'agit d'une visite importante en lien avec les œuvres caritative de la famille Nanami. Comme vous le savez, l'hôpital Honmachi est un établissement qui a été construit par votre arrière grand père en vu de soutenir les marins malade et leurs famille. Il s'agit du plus ancien établissement soutenu par votre famille. Le directeur sollicite votre présence afin de discuter de la situation actuel de l'hôpital et du futur de l'établissement.

La mer m'appelait comme toujours, et l'idée de passer la matinée à parcourir les couloirs froids d'un hôpital ne m'enchantait pas vraiment. Mais je sais que ces obligations qui m'incombent font partie d'un héritage que je dois assumer.

-Très bien allons y tout de suite.

La famille Nanami n'était pas uniquement connu pour ses exploits maritimes mais aussi pour ses implications dans des œuvres sociales. Il s'agit là d'une tradition que je respecte particulièrement, même si elle entre parfois en conflit avec mon désir irrépressible de prendre la mer.
À mon arrivée, je suis immédiatement accueilli par le directeur. J'entre dans le centre hospitalier à sa suite et il me guide à travers plusieurs couloirs dans l'optique de rejoindre son bureau. À mesure que nous progressons dans l'établissement, je ne peux m'empêcher de laisser mes yeux vagabonder tout autour de moi. Je suis surpris par la sérénité du lieu et encore plus par la dévotions du personnel alors qu'ils sont malheureusement en sous effectif.

C'est alors que nous passons devant une chambre dont la porte est entrouverte. Mon regard est automatiquement attiré par le jeune homme allongé dans son lit. Il dégage une aura de calme absolue qui transcende le mal qui l'habite. Nos regards se croisent alors. Malgré la fatigue évidente qui marque ses traits et la pâleur de son visage, ses yeux brillent comme la plus belle des émeraudes.

-Nous y sommes presque.

La voix de l'homme me détourne du patient. J'acquiesce, sans pouvoir m'empêcher de jeter un dernier regard vers cette chambre. Il s'agissait de la chambre 188.

Le bureau du directeur est assez spacieux et décoré avec simplicité et élégance. Nous nous asseyons et l'homme plus âgé engage une conversation sur les récentes améliorations apportés à l'hôpital et les défis récents auxquels ils sont confrontés.
Je l'écoute distraitement, mon esprit encore tourné vers la scène fugace que j'ai entrevu dans la chambre 188. La douceur émanant du jeune homme et l'intensité de son regard ont su frapper mon esprit comme un éclair. Une partie de moi est impatiente de terminer cette visite pour retourner au plus vite vers le port mais une autre, plus curieuse et surtout plus désireuse est poussé à en savoir plus sur l'endroit et sur ce patient mystérieux.

La réunion se poursuit par des discussions sur des rapports financiers et des proposition d'amélioration sur lesquels je prends quelques notes. Puis, lorsque tout les points furent abordés, je décide de reprendre la parole.

-Je suis impressionné par le travail que vous faite ici, surtout dans des conditions aussi difficile! Je m'exclame avec sincérité, pourriez vous me faire visiter quelques autres sections de l'hôpital, en particulier les services qui pourraient bénéficier d'un soutien supplémentaire ?

Le directeur, bien que surpris par cette demande, acquiesce avec un sourire ravis.

-Bien sûr, suivez moi je vous prie.

Nous quittons la pièce et commençons une visite détaillé des différentes installations. Je fais de mon mieux pour rester concentré sur les explications fournies par le directeur mais mon esprit fini toujours par retourner vers cette chambre. C'est toujours comme ça, à chaque nouveau désir. Il se marque au fer rouge dans mon esprit jusqu'à accomplissement.
Chaque endroit que le directeur me fait visiter est imprégné d'une atmosphère différente mais l'ensemble respire la dévotion implacable du personnel et le courage des patients qui se battent pour leurs santé. Tout au long de la visite, je prends notes des besoins mentionné par le directeur, certains urgent, d'autres moins.

Finalement, après avoir échangé plusieurs salutations avec le personnel je finis par reconnaître le couloir par lequel nous étions passé plus tôt. Le couloir menant à la chambre 188. Sans hésiter une seconde, je saisi cette opportunité unique.

-Excusez moi Monsieur le directeur..., dis je en prenant soin, pour une fois, de peser mes mots.

En effet, ce n'était pas quelque chose dont j'avais l'habitude. J'exprime toujours mes idées sans filtres, ce que les autres, en passant par ma propre famille, ont tendance à désapprouver. Mais le cadre particulier dans lequel je me trouve m'invite à faire attention. Je ne voudrais pas qu'on se fourvoie sur mes intentions, surtout si ça doit concerner un patient en lutte perpétuelle.

-Tout à l'heure nous sommes passé devant la chambre 188...la sérénité qui en émane m'a particulièrement touché. Pouvez vous m'en dire plus sur ce patient ?
-Ah, la chambre 188, fit le directeur en hochant la tête d'un air entendu, c'est un patient spécial en effet. Il s'appelle Ukyo Saionji. Il a servi dans la marine en tant que opérateur sonar pendant 7 ans, de ses 18 à ses 25 ans. Ce fut l'année où on lui a diagnostiqué sa maladie à un stade...malheureusement trop avancé, poursuivit il dans un soupir triste, et bien sûr il a été obligé de quitter ses fonctions à partir de là. Il est arrivé ici il y a quelques semaines.

L'évocation de son passé marin me touche plus que je n'aurai imaginé. Voilà peut être ce qui m'avait tant attiré chez lui lorsque nos regard se sont croisés en début de matinée. Ce qui est sûr, c'est que ça ne fait qu'attiser mon désir d'en savoir plus sur cet homme.

-Puis je lui rendre visite? Demandai-je en tentant de dissimuler au mieux mon impatience.

Le directeur semble prit d'hésitation sur le moment, mais acquiesce néanmoins.

-Je pense qu'il serait ravis d'avoir de la visite, encore plus de quelqu'un comme vous. Il est souvent seul ici. Je vous laisserai un moment en privé.

Nous traversons donc le couloir jusqu'à atteindre la chambre 188 dont la porte était toujours entrouverte. Je lance de nouveau un regard au directeur, qui me donne la permission d'entrer d'un hochement de tête. Puis mes yeux se pose de nouveau sur le patient dont je connais enfin le nom. Ukyo. Ses prunelles vertes sont déjà braqués sur nous, comme si il nous avait attendu. Je sens une connexion inexplicable s'établir entre nous, comme si c'était le destin lui même qui m'avait mené jusqu'ici.

L'étreinte du fil et de la mer.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant