L'étreinte du fil et de la mer.

Chapitre 17:Ryusui

Je prends une gorgée de thé alors que Ukyo demeure toujours contre moi. C'est alors que je le sens se redresser brusquement et commencer à tousser.

-Je vais chercher le médecin !

Ukyo m'agrippe le poignet avant que je ne puisse me lever. Je le vois secouer la tête puis lorsqu'il reprend son souffle il relève mes yeux vers moi.

-Je...j'aurai dû mieux me redresser avant de boire...j'ai juste avaler de travers...

On se fixe un instant avant d'éclater de rire en cœur. Le son de son rire, léger et sincère, semble effacer le moment de tension qui s'était installé. Je secoue doucement la tête en me rasseyant à côté de lui.

- Tu m'as fait peur, dis-je,pendant un instant, j'ai vraiment cru qu'il t'arrivait quelque chose de grave.

Ukyo me regarde avec un regard attendri, ses yeux toujours pétillants de son récent éclat de rire.

- Désolé, souffle-t-il en reprenant lentement son souffle, mais je vais bien, je te promets.
-Ouais, eh bien, la prochaine fois, pense à respirer avant de boire, je plaisante en lui tapotant légèrement l'épaule.

Il secoue la tête, un sourire toujours accroché à ses lèvres, avant de poser sa tasse à côté de lui. Je sens sa main retrouver la mienne, et cette simple pression contre mes doigts me fait instantanément oublier l'incident.
Nous restons là, nos doigts entrelacés, savourant la sérénité du moment. Le bruit des vagues et le vent qui souffle doucement contre les voiles du bateau créent une atmosphère presque irréelle. Ukyo paraît plus détendu que jamais. Il inspire profondément, laissant l'air marin remplir ses poumons.

-Je suis vraiment content que tu m'aies convaincu de venir, Ryusui, murmure-t-il, ses yeux fixés sur l'horizon, je ne sais pas pourquoi j'ai mis tant de temps à accepter.

Je le regarde, un sourire tendre sur les lèvres, reconnaissant de voir cette lueur de bonheur dans ses yeux.

-Je savais que tu avais juste besoin d'un petit coup de pouce. La mer fait partie de toi. C'était évident que ça te ferait du bien.

Ukyo tourne la tête vers moi, son sourire adouci par l'émotion. Il ne dit rien pendant un moment, mais je peux lire la gratitude dans son regard. Je sens qu'il a tant à dire, mais comme à son habitude, il préfère laisser le silence parler pour lui.

- Ça me fait tellement de bien, dit-il finalement, sa voix basse, comme si ces mots lui échappaient malgré lui.

Je me penche un peu plus vers lui, mes doigts caressant doucement le dos de sa main.

- Tu vois, c'est pour ça que je voulais que tu viennes, dis-je doucement, pour que tu te souviennes de ce que ça fait de vivre pleinement, de ressentir cette liberté.

Ukyo hoche la tête, son regard se perdant à nouveau dans l'immensité de la mer. Le soleil commence à descendre lentement dans le ciel, peignant l'horizon de couleurs orangées et roses. Nous savons tout mes deux ce que ça signifie mais n'en disons rien. L'air est frais, mais réconfortant. Tout semble en paix, comme si ce moment avait été fait sur mesure pour nous.
Puis malgré moi, je suis contraint de le laisser un instant pour changer de cap. Il était déjà l'heure de rentrer. Les courant sont bons, je sais que nous ne mettrons pas longtemps à regagner le port. Je me dirige vers la barre, laissant Ukyo profiter encore un peu de ce moment seul sur le pont. Alors que je prends le gouvernail en main, je jette un coup d'œil vers lui. Il est assis, contemplant l'horizon, et même à cette distance, je peux sentir à quel point il est en paix. Un petit sourire se forme sur mes lèvres. Je n'aurais jamais pensé le voir aussi serein après tout ce qu'il a traversé.
Je m'assure que le bateau reste sur le bon cap et que tout se passe bien avec l'équipage, puis je reviens vers lui. Le ciel est maintenant paré de nuances de pourpre et d'or, offrant un magnifique couché de soleil.

-On va devoir rentrer, dis-je doucement en me rasseyant à ses côtés.

Ukyo acquiesce sans quitter l'horizon des yeux, un léger sourire au coin des lèvres.

- Je sais, murmure-t-il, mais je ne suis pas encore prêt à dire au revoir à tout ça.

Je comprends parfaitement ce qu'il veut dire. Ce moment a quelque chose de magique, d'intemporel, et je donnerais n'importe quoi pour pouvoir l'étirer encore un peu.

-Tu sais, on peut toujours revenir, dis-je doucement en essayant de lui offrir un peu de réconfort, pour ça, tu n'a qu'un mot à dire !

Ukyo tourne finalement la tête vers moi, ses yeux brillants sous la lumière du crépuscule.

- Sans doute... mais ce moment-là, ici, maintenant... je ne l'oublierai jamais.

Ses paroles touchent quelque chose en moi, et pendant un instant, je ne trouve rien à dire. Il a raison. Ce moment est unique, comme un instant suspendu dans le temps. Je passe un bras autour de ses épaules et l'attire doucement contre moi.

-Alors, profitons-en jusqu'à la dernière seconde, dis-je finalement, ma voix un peu plus basse.

Nous restons ainsi, blottis l'un contre l'autre, à regarder le soleil se fondre lentement dans l'horizon. L'air devient plus frais, et je sens Ukyo frissonner légèrement, mais il ne bouge pas. Nous ne disons rien. Les mots semblent inutiles dans un instant aussi parfait que celui-ci.
Lorsque le port apparaît dans notre champ de vision, je sens Ukyo se redresser légèrement. Il se tourne vers moi, et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il pose doucement ses lèvres contre les miennes. Le baiser est tendre, plein de douceur et de reconnaissance, et il dure juste assez longtemps pour sceller ce moment entre nous.

-Encore une fois...merci, murmure-t-il contre mes lèvres, pour tout.

Je le regarde dans les yeux en sentant une chaleur douce se répandre en moi.
La mer nous ramène lentement vers la côte, mais dans mon cœur, ce moment nous appartient encore. Rien d'autre n'existe que ce bateau, cette mer, et lui.