Plusieurs semaines se sont écoulés, et le printemps se fait déjà sentir. La matinée passe doucement, baignant la chambre d'hôpital d'une lumière douce. Main dans la main, Ukyo est assis contre le matelas de son lit et ses yeux sont rivés vers la fenêtre. Il avait l'air perdu dans ses pensées. Mais ces derniers temps, j'ai l'impression qu'il est plus serein. Moins en proie aux angoisses. Et le retour des beaux jours doit probablement avoir un impact sur son moral même si il ne sort pas souvent. J'ai appris il n'y a pas si longtemps que le printemps était sa saison préféré. J'aurais été prêt à parier qu'il s'agissait de l'été, mais il m'a confié qu'il lui préférait la douceur du printemps. Chaque fois que je venais le voir ces dernières semaines, il me parlait de la lumière, des arbres en fleurs qu'il apercevait à travers la fenêtre, et de l'air qui semblait plus doux, même ici, dans cette chambre d'hôpital. Et maintenant quand j'y pense, je me dit que cette saison lui correspond parfaitement. Je n'avais jamais vraiment pris le temps d'apprécier la saison auparavant. Le printemps était pour moi un simple passage avant l'été et ses aventures exaltantes. Mais maintenant, je comprends ce qu'Ukyo voulait dire lorsqu'il parlait de la douceur du printemps. C'est une saison d'espoir, un moment où la vie reprends ses droits, mais avec une lenteur, une délicatesse qui permet de tout savourer.
- Tu rêves encore de parcourir le monde ? Demande-t-il soudainement, sans détourner les yeux de la fenêtre.
Sur le moment, je suis pris de court par sa question. Ukyo ne parle que rarement de l'avenir, conscient, peut-être plus que moi, de la fragilité du temps qu'il lui reste. Pourtant, cette fois, son ton est calme, presque curieux, comme s'il voulait vraiment connaître ma réponse.
Je souris doucement avant de répondre en laissant mes doigts serrer un peu plus les siens.-Bien sûr, je réponds avec sincérité, il y a tant de choses que je veux encore voir, tant de rêves à réaliser.
Il hoche légèrement la tête, comme s'il s'y attendait. Mais un léger sourire se dessine sur ses lèvres pâles, et il tourne finalement son visage vers moi.
- Un jour, j'aimerais voir le monde à travers tes yeux, Ryusui.
Je suis frappé par la douceur de ses paroles. Il ne parlait pas comme quelqu'un qui sait que son temps est compté, mais comme quelqu'un qui se prépare à une nouvelle aventure.
- Tu verras, Ukyo, je réponds doucement, quand tu iras mieux, on partira ensemble. Je te montrerai tout ce que j'ai rêvé de voir, et même plus. On traversera le monde.
Ses yeux se plissent légèrement, et il rit doucement. Ce son, rare et précieux, fait battre mon cœur un peu plus vite.
- Tu ne t'arrêtes jamais de rêver, n'est-ce pas ?
-Jamais. Et toi non plus. Tu as encore des rêves, je le sais.Il reste silencieux un moment, ses yeux retournant vers la fenêtre. Le vent agitait doucement les branches des cerisiers en fleurs à l'extérieur, et je vois son regard s'adoucir.
-Bien sûr que j'en ai encore, souffle t-il comme si c'était l'évidence même.
Sa réaction me réchauffe le cœur. Un plus grand sourire se glisse sur mes lèvres et je le quitte des yeux un instant, me perdant dans mes pensées. Je suis interrompu dans cet instant presque contemplatif lorsque je sens Ukyo me lâcher la main.
-Ryusui...
Je relève la tête dans sa direction et c'est alors qu'il se décale dans son lit pour laisser un emplacement vide.
-Tu veux bien venir près de moi?
Je souris tendrement et acquiesce en me relevant. Je m'assois à côté de lui, puis laisse mon dos reposer contre le matelas. À peine me suis je installé que je sens Ukyo se blottir contre moi. Je passe mon bras autour de ses épaules, rapprochant son corps du miens en venant poser un baiser dans ses cheveux. Sa respiration est calme et régulière, et je peux sentir la chaleur de son corps à travers nos vêtements. Ce simple geste de se rapprocher, de partager cet espace intime, semble si naturel, si apaisant. Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour, être assis dans une chambre d’hôpital puisse me sembler si précieux.
Les branches des cerisiers dansent doucement dehors, et je me surprends à les observer, essayant de voir le monde à travers les yeux d'Ukyo, de comprendre cette paix nouvelle qu’il semble avoir trouvée.
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L'étreinte du fil et de la mer.
FanfictionÀ mon arrivée, je suis immédiatement accueilli par le directeur. J'entre dans le centre hospitalier à sa suite et il me guide à travers plusieurs couloirs dans l'optique de rejoindre son bureau. À mesure que nous progressons dans l'établissement, je...