Chapitre 2:Ukyo

15 2 0
                                    

J'entends des bruits de pas résonner qui me mettent immédiatement en alerte. Je tourne la tête vers la porte tandis que le bruit se rapproche jusqu'à ce que le visage du blond que j'ai aperçu plus tôt apparaisse. Juste derrière lui se trouvait le directeur de l'hôpital.

-Monsieur Saionji...

L'apostrophe du directeur détourne mon attention du blond. Je cherche à comprendre les raisons de sa présence.

-...je vous présente monsieur Ryusui Nanami, le descendant de la famille qui soutient cette hôpital depuis des générations. Il a souhaité vous rendre visite.

J'hoche la tête, mon regard se retournant vers le jeune Nanami. Il esquisse un sourire avant de prendre la parole.

-Bonjour, j'espère que je ne vous dérange pas à venir ainsi sans prévenir.

Je souris doucement et secoue la tête en signe de négation.

-Vous ne me dérangez pas au contraire. Je suis touché que vous ayez pris le temps de venir.
-Je vais vous laisser discuter. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je reste à votre disposition monsieur Nanami.

Ryusui hoche la tête en réponse et le directeur quitte la chambre en fermant doucement la porte derrière lui.

-Le directeur m'a parlé de vous et de votre parcours dans la marine, reprit Ryusui en prenant place sur la chaise près de mon lit, je n'ai pas pu résister à l'envie de vous rencontrer !

Je souris avec amusement. Ryusui garde ses yeux noisettes braqués sur moi, un grand sourire illuminant son visage. Sa légèreté et sa bonne humeur sont contagieuses.

-Pour être intrigué par ça, je suppose que vous êtes marin?
-En effet! Je suis devenu capitaine de mon propre navire il y a peu.

Ryusui croisa les bras, démontrant un intérêt croissant pour notre conversation.

-Vous écoutiez la mer à travers le sonar pendant des années, j'imagine que vous avez entendu des choses que peu de gens peuvent comprendre ! Vous pouvez me raconter ?

Je reste silencieux un instant, mon esprit vagabondant entre plusieurs souvenirs. Puis j'esquisse un nouveau sourire avant de reprendre la parole.

-Vous êtes vraiment venu écouter les histoires d'un homme cloué dans un lit d'hôpital? Je crains de ne pas être aussi intéressant que vous le pensez.
-Vous vous trompez, réplique Ryusui sans aucune hésitation, je navigue depuis le collège. La mer, je la connais. La moindre vague, le moindre souffle de vent. Mais je veux la comprendre davantage. Vous avez une expérience que personne ne peut prétendre avoir à 20 ans. Je désire tout savoir et tout découvrir ! Un marin qui ne voudrait pas saisir cette opportunité serait idiot !

Je ne peux empêcher un léger rire de passer la barrière de mes lèvres. Je me redresse légèrement dans mon lit en me calant plus confortablement contre les coussins tout en me permettant de mieux faire face à mon interlocuteur.

-J'ai entendu beaucoup de choses c'est vrai. Mais parfois, il n'y avait que le silence absolu. C'est ce qui m'a toujours le plus effrayé.
-Le silence ?

J'acquiesce, mon regard se durcissant quelque peu.

-J'ai une ouïe assez particulière...

Alors que j'allais poursuivre, Ryusui claque ses doigts comme si je venais de lui révéler une information capital.

-C'est pour ça que tu avais l'air de nous attendre ! En faite, tu nous avez entendu arriver du bout du couloir !

Un petit sourire étire mes lèvres et je hoche la tête pour confirmer les dires du plus jeune. Je n'ai même pas remarqué qu'il était soudainement passé au tutoiement. Puis, reprenant mon sérieux, je reprends le fil de mon récit.

-Mais le silence de l'océan, c'est comme le calme avant la tempête. Il annonce souvent l'arrivée de quelque chose de mauvais. En revanche quand je pouvais capter un son dans les profondeurs, quelqu'il soit, c'était comme entendre le cœur battant de la Terre. C'était la plus belle des symphonie !

Je réalise que je me suis laissé emporter. Je pense chaque mots, mais on pourrait penser que je ne fais que exagéré. Cependant, Ryusui boit toujours mes paroles, ses yeux brillants d'intérêt. Je me rend compte qu'il ne se contente pas d'écouter.
Il cherche à comprendre, à ressentir ce que j'ai vécu.

-Je comprends ce que tu veux dire, finit il par avouer, il y a quelque chose de presque...mystique dans ce silence, dans cette attente. C'est comme si la mer elle même retenait son souffle en attendant que nous fassions le premier mouvement.

Je hoche la tête un sourire toujours scotché aux lèvres. C'est bien la première fois que je n'ai pas l'impression de passer pour un fou en parlant comme ça. Je sens une étrange sensation m'envahir qui n'est pas dû à la maladie. Ça réchauffe le cœur. J'ai l'impression qu'une connexion se tisse entre nous en à peine quelques mots échangés.

-Exactement ! C'est une danse délicate où chaque geste compte et où chaque sons, aussi infime soit il, peut changer le cours des choses.

Notre discussion se poursuit naturellement jusqu'en début d'après midi, moment où Ryusui réalise qu'il prend du retard sur la suite de son emploi du temps et qu'un certain François doit déjà l'attendre.
Alors qu'il s'apprête à ouvrir la porte, le blond se retourne une dernière fois vers moi avec un sourire éclatant.

-Ukyo! Je pourrais te rendre de nouveau visite ?

Quelques heures de conversation ont suffit pour donner l'impression qu'on s'était toujours connu. J'esquisse un doux sourire en hochant la tête.

-Avec plaisir Ryusui.

L'étreinte du fil et de la mer.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant