Les jours passent, et je sens le temps s'échapper entre mes doigts comme du sable. Chaque matin est plus difficile que le précédent. Je m'éveille avec cette sensation que mon corps n'est plus vraiment le miens. Mes forces diminuent, lentement mais sûrement, et chaque mouvement devient une épreuve. L'équipe médicale me rassure, me parle d'un possible traitement, mais je peux lire dans leurs yeux que l'espoir est fragile. Je ne leur en veux pas. Je savais, au fond, que ce jour arriverait. On peut combattre, repousser les limites de notre corps, mais il y a toujours un moment où la réalité nous rattrape.
Je ne sais plus exactement combien de jours se sont écoulés. L'idée du temps m'échappe de plus en plus, mes journées étant entrecoupées de médicaments, de siestes longues et agitées, et de visites de l'équipe médicale. Gen continue de venir, parfois avec des gâteaux, mais je n'arrive plus à les apprécier comme avant. Je le vois bien : il s'inquiète. Il essaie de me faire rire, de me distraire avec ses histoires farfelues, mais il sait aussi que je m'affaiblis.
Et puis il y a Ryusui. Lui non plus ne parvient pas à dissimuler son inquiétude. Il s'efforce de maintenir une façade de confiance en me parlant avec enthousiasme de ses projets d'exploration, de ce qu'il découvrira, des horizons qu'il franchira. Mais je vois dans ses yeux que chaque mot est une lutte contre la réalité. Il veut me croire capable de tenir bon, d'attendre son retour. Il veut croire en la force que j'avais toujours montrée, mais cette force m'abandonne, et nous savons tous les deux que le moment approche.
Je ne lui dis rien. Je me contente de l'écouter, de hocher la tête quand il me parle de l'océan, de ses cartes maritimes et des mystères des profondeurs qu'il compte explorer. Mais mes pensées, elles, sont ailleurs. J'essaie de me préparer. Pas à l'idée de la fin, non, ça fait un moment que j'ai accepté cette idée. Je tente de me préparer à la fin de notre relation. Comment lui dire adieu alors que je vois bien qu'il n'est pas prêt ? Comment lui permettre de continuer sans moi ?Je sens mon corps s'épuiser au fil du temps. Je dors davantage, passant de longues heures à flotter entre conscience et inconscience, mes rêves souvent habités par les souvenirs de nos moments ensemble. Des fragments de rires partagés, des images de notre première escapade en mer, et ces silences remplis de cette complicité silencieuse que je n'ai connue qu'avec lui. Des souvenirs si vivants, et pourtant si lointains maintenant.
Un matin, je me réveille en sentant une douleur vive dans ma poitrine, différente de celles auxquelles je suis habitué. Plus forte, plus insistante. Je tente de me redresser, mais cette simple action m'arrache un gémissement de douleur. Je lutte pour reprendre mon souffle, ma vision se brouillant. C'est alors que la porte s'ouvre doucement, et je le vois entrer, comme tous les jours. Ryusui. Sa simple présence me réconforte, même si je sais que c'est temporaire.
- Ukyo, comment tu te sens aujourd'hui ? demande-t-il d'une voix pleine de douceur, mais aussi d'une légère tension, comme si une part de lui craignait la réponse.
- Un peu... plus fatigué que d'habitude, dis-je avec un sourire maladroit.Il s'approche de moi et s'assoit à côté du lit, prenant ma main avec une douceur que je ne lui avais jamais vue avant ces derniers jours. D'habitude, il est tellement plein d'énergie, si vibrant, mais là, il est calme, presque hésitant.
- Je vois. Les médecins m'ont dit que c'était normal...
Je ne garde le silence. Je sens bien qu'il a autre chose à me dire.
-Ukyo...j'ai décidé d'annuler ma prochaine expédition. Ils peuvent me remplacer.
-Quoi?J'ouvre de grands yeux. Mon cœur se serre. L'intrépide capitaine, l'ambitieux Ryusui, renoncer à une expédition ?
-Je préfère...
-Hors de question Ryusui, je le coupe instantanément, je ne veux pas que tu fasses ça. Je te l'ai dit dès le départ. Je refuse que tu mette ta vie entre parenthèse pour moi.
-Je ne peux pas partir en te laissant comme ça. Si il arrive quoi que ce soit je ne pourrai pas être de retour avant plusieurs jours.
-Si tu fais ça je ne te laisserai pas entrer dans la chambre, je tranche, plus sèchement que je ne l'aurai voulu.
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L'étreinte du fil et de la mer.
Fiksi PenggemarÀ mon arrivée, je suis immédiatement accueilli par le directeur. J'entre dans le centre hospitalier à sa suite et il me guide à travers plusieurs couloirs dans l'optique de rejoindre son bureau. À mesure que nous progressons dans l'établissement, je...