Chapitre 14:Ukyo

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J'esquisse un petit sourire en calant ma tête dans le creux de son épaule. Je sens sa main quitter mes cheveux pour se reposer sur mon épaule. Je n'ai jamais été doué pour exprimer ce que je ressens, pour parler de mes peurs ou de mes espoirs. Mais avec lui, les mots viennent plus facilement, même s'ils restent parfois emprisonnés dans ma gorge.

- Tu ne sais pas à quel point je me sens... vivant, quand je suis avec toi.

Les mots s'échappent avant que je ne puisse les retenir, mais je ne les regrette pas. C'est la vérité, après tout. Avec lui, chaque instant prend une dimension différente. Même ici, dans cette chambre d'hôpital, je me sens comme quelqu'un qui a encore un avenir, des rêves à partager, des aventures à vivre.

-Ukyo, qu'est ce que tu dirais partir pour une ballade en mer? Me demande subitement Ryusui.

Je glousse légèrement, toujours amusé par cette spontanéité que lui est le seul à posséder.

-C'est sans doute mon plus grand rêve. Mais maintenant...
-On va le faire, me coupe t-il.

Je me redresse pour lui faire face en ayant immédiatement repris mon sérieux.

-Je doute que mon état le permette Ryusui. S'il te plaît, ne me donne pas de faux es...
-Est ce que je t'ai déjà menti une fois? Ça serait le temps d'une journée ! Et on prendra toutes les dispositions nécessaires ! S'exclame-t-il avec un grand sourire.

Je le regarde, surpris par son enthousiasme débordant. Ryusui a toujours eu ce don de rendre possible l'impossible, de faire naître des rêves même là où il n'y avait que des doutes. Mais cette fois-ci, je suis hésitant. Mon état n'est pas stable, et même si l'idée de retrouver la mer m'enchante plus que tout, je ne peux ignorer les risques. Pourtant, face à son sourire éclatant, une part de moi commence à y croire, juste un peu.

-Ryusui, murmuré-je en tentant de maintenir un ton raisonnable, tu sais que je ne peux pas me permettre de prendre ce genre de risques... Pas maintenant.

Il s'approche encore un peu plus, ses yeux brillants de cette détermination que je connais si bien.

-Ukyo, je ne te parle pas d'une aventure folle, ni de partir pour des mois. Juste une journée. Une petite escapade en mer, à quelques kilomètres du port. Je veux te montrer ce que ça fait de retrouver l'air marin, les vagues, le vent. Même si ce n'est que pour un moment.

Je sens mon cœur se serrer, partagé entre l'envie et la prudence. Son regard me transperce. C'est comme si pour lui, cette idée était bien plus qu'une simple sortie. C'est un rêve qu'il veut partager avec moi, un moment volé à la maladie, à l'hôpital, à tout ce qui nous enferme ici.

Je soupire légèrement en baissant les yeux avant de répondre d'une voix plus faible :

-Et si... et si je ne tiens pas le coup ?

Il tend sa main et la pose doucement sur la mienne, son expression adoucie.

-Je te le répète:on prendra toutes les précautions nécessaires. Les médecins seront informés, on aura tout ce qu'il faut à bord. Mais tu mérites de sentir l'air frais sur ton visage, Ukyo. Même juste pour quelques heures. Tu mérites de vivre ça à nouveau.

Je reste silencieux un instant, les yeux rivés sur nos mains entrelacées. Je n'ai jamais aimé me montrer vulnérable, et pourtant, Ryusui sait exactement comment briser les murs que je me suis construits. Sa détermination est contagieuse, et peu à peu, je sens cette petite flamme d'espoir renaître en moi.

- Juste une journée, dis-je finalement, ma voix à peine plus haute qu'un murmure.

Ryusui esquisse un sourire, et je peux voir la joie pure briller dans ses yeux. Il sait qu'il m'a convaincu, et je ne peux m'empêcher de sourire aussi, même si une pointe d'inquiétude reste accrochée à mon cœur.

- Je savais que tu dirais oui ! S'exclame-t-il avec une excitation presque enfantine.

Il posa un rapide baiser sur mes lèvres avant de poursuivre.

-Tu vas voir ça sera parfait, Ukyo!

Je laisse échapper un léger rire, secouant la tête devant son enthousiasme. Il est vraiment incorrigible, mais c'est ce que j'aime chez lui. Peu importe les obstacles, il trouve toujours un moyen de me rappeler que la vie vaut encore la peine d'être vécue.

-Très bien, je cède, mais on fait ça correctement. On suit les consignes des médecins, d'accord ?

Il hoche la tête avec vigueur, ses yeux toujours pétillants d'excitation.

-Promis, répond-il en attrapant mes deux mains comme pour sceller notre accord, tu ne le regretteras pas, Ukyo. Je te le garantis.

Je souris à nouveau, plus sincèrement cette fois, et je sens une bouffée d'espoir m'envahir.

-Je viens de réaliser quelque chose.

Ryusui penche légèrement la tête sur le côté, ses yeux brillant de curiosité. Je ris, amusé, puis sans réfléchir je viens poser un baiser sur sa joue.

-Tu es mon printemps Ryusui.

L'étreinte du fil et de la mer.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant