Chapitre 1 Maï

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Je sors de ma voiture en soupirant, mon sac pendant négligemment sur mon épaule. Encore une journée de travail épuisante qui s'achève. Je rêve déjà du moment où je pourrai me glisser sous les draps avec un bon livre, ma tête reposée sur l'épaule de Carl. L'idée de le retrouver me réconforte alors que je m'avance dans la neige, sentant le froid mordant de ce mois de janvier qui promet d'être rude.

J'ajuste mon manteau, resserrant mon écharpe autour de mon cou pour me protéger du froid. Mes pas sont rapides, pressés de regagner la chaleur de notre maison. Une maison qui, depuis trois ans, est devenue mon refuge, mon cocon. La perspective de la soirée me fait presque oublier la fatigue de la journée. Je suis impatiente de retrouver cet espace où tout semble plus simple, où les soucis du bureau s'évaporent comme par magie.

La neige craque sous mes bottes, je me sens apaisée par le calme qui règne dans la rue.

L'hiver à cette capacité de rendre tout plus silencieux, plus serein. À mesure que je m'approche de l'entrée, je me surprends à sourire, anticipant le confort de notre salon, la lumière douce des lampes, l'odeur familière de notre maison. Une fois à l'intérieur, je pourrai enfin me détendre, oublier la fatigue, et profiter de la soirée.

Mais quelque chose d'indéfinissable pèse sur mon cœur, un sentiment que je chasse rapidement en me rappelant que, malgré les petites tensions, notre mariage a toujours été solide. Nous avons traversé des épreuves, mais nous sommes toujours restés soudés. Ce soir ne fera pas exception. Je serre un peu plus mon manteau et monte les quelques marches qui me séparent de notre porte d'entrée.

Mes pensées se tournent vers ma journée au travail. Une journée comme les autres, remplie de nombreux coups de fil, de dossiers à trier, et de petites urgences à gérer. Le fix n'a pas arrêté de sonner, et à chaque appel, j'ai dû jongler entre les demandes du médecin, les patients empressés, et les fournisseurs désorganisés. Pourtant, au milieu de ce chaos, il y a toujours ces moments qui m'arrachent un sourire.

Je repense à la patiente qui m'a raconté une histoire amusante sur son chien, un labrador un peu trop gourmand qui avait dévoré la moitié de son canapé pendant qu'elle était sortie faire des courses. Ou encore à cet appel de la pharmacie, où l'assistant, apparemment nouveau, a confondu les instructions du médecin et m'a demandé si un patient devait vraiment prendre du « sirop pour rhinocéros ». J'avais éclaté de rire et il avait fini par rire aussi en réalisant son erreur.

Ces petites anecdotes font partie de ce qui rend mon travail supportable, voire agréable parfois. J'ai hâte de les raconter à Carl ce soir. Je sais qu'il rira en imaginant ce labrador déchaîné ou ce pauvre assistant de la pharmacie. Ce sont ces petites choses qui tissent notre quotidien, qui nous revoient que même dans les journées les plus banales, il y a toujours quelque chose de drôle à partager.

Je pense à la manière dont je vais lui raconter tout ça, à la lueur de notre salon, une tasse de thé chaud entre les mains, peut-être en profitant d'un moment de calme avant de plonger dans nos livres respectifs. Ces moments de complicité me sont précieux. Ils sont la preuve que, malgré les aléas de la vie, nous savons encore rire ensemble.

Avec ces pensées en tête, je me sens un peu plus légère en tournant la clé dans la serrure.

La porte s'ouvre, et immédiatement, l'odeur douce et familière d'orchidée emplit mes narines. C'est un parfum apaisant, celui que j'ai choisi pour nous représenter, un parfum qui m'accueille chaque soir et me rappelle que je suis enfin chez moi. Je pénètre dans l'entrée sans faire trop de bruit, ne voulant pas troubler la quiétude qui règne.

Mon cœur bat un peu plus vite, l'impatience de retrouver Carl me gagne, me lover dans ses bras, sentir sa chaleur contre moi, et me réchauffer à son contact. L'idée de poser ma tête sur son épaule, de sentir la sécurité qu'il m'apporte me fait presque frissonner d'anticipation. C'est dans ces moments simples que je trouve mon réconfort, quand le monde extérieur disparaît et qu'il ne reste que nous deux, dans notre bulle.

Rose Noire, Tome 1 : Tout en toi, m'appartient.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant