Rose Noire, Tome 1 : Tout en toi, m'appartient.

Chapitre 9 Maï

Le sommeil me fuit ce soir, comme il l'a fait si souvent ces derniers jours. C'est pourquoi je me retrouve allongée sur l'herbe fraîche du jardin, un plaid sur mon corps, le regard perdu dans l'immensité du ciel nocturne, contemplant les étoiles qui scintillent au-dessus de moi. Le calme de la nuit est apaisant, mais mon esprit ne cesse de tourner, explorant les méandres de ma vie, de ce qu'elle était et de ce qu'elle pourrait devenir.

J'ai passé la journée à réfléchir, à essayer de comprendre ce que je vais faire maintenant. Tout semble si incertain, si flou. Je devrais m'inquiéter pour mon travail. Mais étrangement, je m'en fiche un peu. Après avoir frôlé la mort, mes priorités ont changé. Ce qui semblait autrefois crucial me paraît maintenant si insignifiant.

Je me concentre sur des pensées plus immédiates, plus concrètes. Des choses futiles parfois, mais qui ont une certaine résonance dans ma vie. Je m'imagine ce que je dirais à Olivia si je devais la revoir, comment j'exprimerais ma colère, ma déception, mais aussi ma tristesse. Elle était ma meilleure amie, et cette trahison a brisé quelque chose en moi. Et puis, il y a Carl... Que pourrais-je lui dire de plus que ce que je ressens déjà ? Le poids de la trahison, la douleur de voir notre mariage s'effondrer de manière si brutale.

Je repense à ces conversations que nous avions, celles où nous parlions d'un futur enfant, d'une famille que nous construirions ensemble. L'idée de devenir mère m'avait traversé l'esprit à plusieurs reprises, et à chaque fois, j'avais hésité, pas encore prête à franchir ce pas. Maintenant, un soulagement inattendu s'empare de moi en réalisant que je n'ai pas pris l'initiative de retirer mon stérilet. Cette décision, cette hésitation, m'a peut-être épargné une douleur supplémentaire, un lien encore plus fort avec Carl, un lien qui serait difficile à rompre maintenant que tout est fini entre nous.

Le ciel au-dessus de moi semble infini, tout comme les possibilités de ce que ma vie pourrait devenir. Je suis en train de changer, de me transformer, et bien que ce processus soit déplaisant, il est aussi nécessaire. Peut-être que ce jardin, ce ciel étoilé, est le seul endroit où je peux vraiment laisser aller ces pensées, ces peurs, ces espoirs.

Je respire profondément, laissant l'air frais de la nuit remplir mes poumons, la chaleur de mon corps formant des vapeurs au-dessus de moi. Ce n'est pas encore clair, ce que je vais faire, où je vais aller, mais une chose est sûre : je ne suis plus la même personne que j'étais avant. Et peut-être que, dans ce changement, il y a une chance pour moi de reconstruire quelque chose de nouveau, quelque chose de meilleur. Pour l'instant, je me contente de regarder les étoiles, laissant leur lumière lointaine apaiser mon esprit agité.

— Marta m'a fait savoir que tu avais passé la journée dans le jardin ?

La voix sensuelle de John me surprend, brisant le silence de la nuit. Je me redresse rapidement, un peu trop vite d'ailleurs, une grimace de douleur traverse mon visage alors que mes côtes douloureuses protestent contre ce mouvement brusque. Mon regard se tourne vers lui, debout à quelques pas de moi, vêtus d'un costume turquoise impeccable qui semble accentuer sa prestance naturelle. Il ressemble à une figure mythologique, presque comme Zeus, descendant des cieux, imposant et mystérieux.

Mon cœur se met à battre frénétiquement, réagissant à la manière dont il m'observe, son regard perçant, semblant scruter bien au-delà de ce que je montre à l'extérieur. Il y a quelque chose dans sa présence qui capte toute mon attention, une force tranquille qui m'attire autant qu'elle m'intimide, comme dans ce club.

— Oui... j'avais besoin de prendre l'air, de réfléchir un peu, répondis-je, ma voix légèrement tremblante, trahissant mon trouble face à sa proximité soudaine.

Il s'avance lentement, ses mouvements mesurés, comme s'il ne voulait pas m'effrayer. Je peux sentir la chaleur de sa présence même dans la fraîcheur de la nuit, et cela me déstabilise plus que je ne voudrais l'admettre.