Rose Noire, Tome 1 : Tout en toi, m'appartient.

Chapitre 10 Maï

Je finis par lever les yeux vers lui, hésitant un instant avant de parler.

— Où étais-tu ? demandé-je, ma voix un peu plus douce que je ne l'avais prévu, mais la curiosité transparaît clairement.

Je ne devrais pas m'initier ainsi, mais j'ai besoin de mettre un terme à ce silence, à la façon dont il m'observe lorsque je prends une bouche de cette soupe extra, dois-je l'admettre.

John, qui m'observait tranquillement pendant que je mangeais, ne semble pas surpris par ma question. Il prend un instant avant de répondre, comme s'il pesait soigneusement ses mots.

— J'étais... occupé à régler certaines affaires, dit-il finalement, ses yeux rencontrant les miens avec une honnêteté tranquille. Des choses qui nécessitaient mon attention immédiate.

Il s'interrompt, comme pour évaluer ma réaction, mais je reste silencieuse, attendant qu'il continue.

— Je sais que ça peut paraître mystérieux, et je ne veux pas te laisser dans le flou, mais certaines de ces affaires sont... compliquées.

Ses mots sont mesurés, et bien qu'ils ne répondent pas complètement à ma question, ils révèlent une part de la vérité. Je suis consciente que je n'ai pas à savoir ce qu'il fait dans la vie, après tout nous sommes deux inconnus, dont la rencontre fut un peu forcée par la vie.

— Je comprends, murmuré-je en reposant ma cuillère. Ce n'est pas que je voulais te mettre la pression, c'est juste... difficile de ne pas savoir ce qui se passe, surtout après tout ce qui est arrivé. Mais aussi le fait que je ne te connaisse pas.

Je prends une autre bouchée, réfléchissant à mes paroles à venir.

⸺ Pourquoi tu es venue à ma rencontre au club ?

La question reste en suspens un moment, et je peux voir un léger changement dans l'expression de son visage, comme s'il pesait chaque mot avec une attention particulière. Il repose doucement ses mains sur la table, croisant ses doigts, ses yeux ancrés dans les miens.

— Pourquoi je suis venu à ta rencontre dans le club, dis-tu... murmure-t-il, plus pour lui-même que pour moi.

Il prend une inspiration, son regard se faisant plus intense, comme s'il replongeait dans ses souvenirs de cette nuit.

— D'abord parce qu'il m'appartient. Puis la façon dont tu es entré à l'intérieur, quelque chose en toi m'a interpellé, explique-t-il doucement. Tu étais différente de toutes les autres personnes. Il y avait une détresse, un besoin de comprendre quelque chose de plus profond en toi. Et ce n'était pas simplement pour... l'excitation ou la libération que la plupart des gens viennent chercher dans ce genre d'endroit. C'était plus complexe.

Il fait une pause, cherchant visiblement les bons mots.

— Je ne pouvais pas ignorer ça, poursuit-il, sa voix un peu plus douce. J'ai senti que tu te trouvais à un moment charnière de ta vie, que tu étais à la recherche de quelque chose de plus grand, de plus important, même si tu n'en étais pas totalement consciente. C'est ce qui m'a poussé à venir te parler.

Il se redresse légèrement, ses yeux ne quittant pas les miens, cherchant à voir si je comprends ce qu'il veut dire. Du coup, il n'est pas un habitué, mais celui qui détient le lieu. Bizarrement, cela ne m'étonne pas. C'est vrai, il semble si... sur... si sexy.

Je sens mes joues chauffer à cette pensée. Je dois trouver quelque chose à dire avant de finir en cendre.

— Comment tu expliques qu'une banale rencontre se finisse entre coups de feu et cette situation irréelle ? demandé-je, ma voix tremblant légèrement sous le poids de la question.