Le choix d'une princesse

Chapitre 15 :

Aucune réaction, je tire sur les couvertures. Melling prend son deuxième oreiller et le dépose sous sa tête. Je lui dis :

- Bon... utilisons les grands moyens.

Je grogne et frotte mes yeux. Noria arpente ma chambre de long en large et se laisse tomber sur le lit. Elle me dit :

- Mon frère vient de divorcer.

- Pas vrai ? Comment ça ?

- Il a surpris son garde du corps avec Irina.

- C'est une superbe bonne nouvelle !

- Oui... On va dire ça...

- Bon... tu m'expliques qu'est-ce qui te chagrine ?

- Il va... il veut t'oublier...

Je me lève, j'ai du mal à réfléchir. Je m'installe sur la balançoire de ma terrasse.

Noria me dit :

- Qu'est-ce qui ne va pas, ma belle ?

- Je... ton frère va m'oublier et je ne veux pas...

- Tu craques toujours autant pour lui.

- Oui, mais maintenant il va m'oublier...

- Sauf si tu l'appelles ?

- Il ne va pas vouloir me parler...

Noria entre dans la chambre, elle prend mon portable qui est en train de charger. Elle compose le numéro de téléphone de son frère et court. Elle me passe mon portable, je dis :
- Allô ?
- À qui ai-je l'honneur ?
- C'est Melling.
- Désolé... Je ne connais aucune Melling, je vous prierai de ne plus jamais appeler à ce numéro...

Le prince me raccroche au nez. Je laisse tomber mon portable, le cœur lourd. Noria me serre dans ses bras, et je laisse couler mes larmes.

Une semaine plus tard

Nous nous trouvons à l'aéroport. Je serre une dernière fois ma mère dans mes bras, et une douleur sourde s'installe dans ma poitrine. Elle va vraiment me manquer.

Ma mère reste en France avec Estéban, qui a décidé de confier le royaume à son fils. Après avoir embrassé ma mère et serré une dernière fois la main du père de Melling, je sens que chaque geste est chargé d'émotion, comme si nous savions tous les deux que ces adieux marquent un tournant.

Nous prenons plusieurs photos ensemble, mais chaque sourire semble un peu forcé, comme si nous essayions de capturer un moment que nous savons éphémère.

Nous décidons ensuite de passer les douanes et de nous installer à la porte d'embarquement. Noria est excitée comme une puce ; elle a fait une liste de tout ce que nous allons visiter à Bangkok, mais moi, je me sens tiraillée entre l'excitation de l'aventure et la tristesse de laisser derrière moi ceux que j'aime. C'est l'heure d'embarquer dans l'avion.

L'hôtesse nous guide jusqu'à notre siège. Nous attachons nos ceintures de sécurité, et je jette un dernier regard en arrière, comme si je pouvais encore voir ma mère, là, au milieu de la foule. Noria préfère s'asseoir côté couloir. J'observe le balai des avions qui viennent d'arriver, et je vois des centaines de passagers quitter leurs appareils, chacun emportant avec eux des histoires et des souvenirs. Le commandant de bord fait son annonce, puis il met l'avion en route.

Noria, fidèle à elle-même, me prend la main et la presse, mais je sens que ma main tremble légèrement. J'essaie de la rassurer, mais une vague de tristesse m'envahit, me rappelant tout ce que je laisse derrière moi. Ça y est, l'avion quitte le sol, et c'est parti pour une nouvelle aventure... mais au fond de moi, je ne peux m'empêcher de penser à tout ce que je perds en chemin, à chaque kilomètre qui nous éloigne de ceux que j'aime.