6 - Toga

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L'heure du repas se fit dans une ambiance tendue pour la classe, les trois intrus ayant décidé de s'isoler depuis l'épisode vestiaire. Mina, Tsuyu et Ochaco qui s'étaient le plus rapproché de Toga se sentirent mal, surtout en apprenant ce qu'il s'était produit côté garçon. Katsuki était d'encore plus mauvaise humeur que d'habitude, la faute à un certain nerd ! Il ne comprenait plus rien et il ne savait pas si il avait envie de comprendre ce qui était arrivé à son ancien ami d'enfance. L'adolescent qu'il avait vu débarquer dans sa classe pas plus tard qu'hier n'avait qu'une ressemblance physique avec lui, sa personnalité semblait complètement différente. Il ne savait pas comment interagir avec lui, si il devait lui hurler de tout expliquer ou s'il devait s'excuser. Mais il était Kastuki Bakugo, le futur numéro un des héros, il n'était pas faible ! Oui, il ne l'était pas. Pourtant il avait volé dans les airs à cause du vert pas plus tard que ce matin ... Mais c'était parce qu'il n'était pas concentré ! Oui, c'était forcément à cause de ça ! Sinon c'est l'autre qui aurait mordu la poussière ! Kirishima avait bien remarqué que son ami ruminait dans son coin et il avait décidé de le laisser un peu tranquille, il était un peu bizarre depuis que la bande de trois était arrivé. Pour Shoto c'était encore quelque chose de différent qui le chiffonnait. Les cicatrices de ce Dabi lui semblait familière sans qu'il ne puisse en expliquer la raison, il avait l'impression de pouvoir déduire leur cause mais ils ne les avaient pas bien vu avant alors il n'était pas sûr. En se fiant uniquement à son instinct il dirait que c'étaient des brûlures de sur-exploitation du facteur alter, cela arrivait souvent aux personnes qui possédaient un alter lié au feu et qui dépassaient leurs limites. Quand à ceux qui provoquaient toute cette agitation il profitaient tranquillement de leur repas, un repas chaud et qui remplissait bien l'estomac. Le vert lançait régulièrement des regards en coin à son ami, analysant comment il se sentait en essayant de décrypter son langage corporel.

"Arrête Izu, je vais bien.

-Je sais, répondit le vert.

-Tu sais mais tu t'inquiètes. Ça me fait plaisir que tu fasses attention à moi, mais je vais bien. J'ai l'habitude, renchérit le brûlé.

-Tu ne devrais pas, répondit le vert d'un ton dur. Aucun de vous ne devrait avoir à considérer ça comme étant normal et réagir par habitude, je ne l'accepte pas.

-Moi je suis satisfaite que tu penses comme ça, répondit la blonde en souriant. Je sais pas pour l'abrutis mais moi je me fiches des autres tant que toi tu ne m'abandonnes pas.

-Ça me fait mal de l'admettre, commença Dabi en grimaçant, mais je suis d'accord avec la folle. Les autres je m'en fou, tant que je sais que toi tu penses pas pareil ça me va.

-Dabi, il est là. C'est l'occasion d'essayer de lui parler et tu n'auras surement plus besoin de moi après ça."

Dabi se leva et plaqua ses deux mains sur la table avec force, provoquant un silence dans la cantine et attirant l'attention de tous le monde.

"Que ce soit clair Izu, on est pas ici pour te laisser derrière ! J'ai pas l'intention de retourner là-bas même si les choses s'arrange, alors je t'interdis de dire ça !"

-C'est simplement logique, si tout s'arrange pour vous il n'y a pas besoin que vous restiez avec moi. Toga pourra retrouver ce qu'elle à perdu et toi tu pourras rentrer chez toi, c'est pour ça que j'ai accepté de venir."

La blonde se leva, les sourcils froncés de colère.

"Mais nous on s'en fiche de ça ! Tout ce qu'on veut c'est rester avec toi ! On veut juste pouvoir se tenir à tes côtés par ce qu'on sait que ce sera le meilleur avenir qu'on pourra avoir !"

Le vert se leva à son tour, prenant son plateau avec un air calme.

"Dabi et toi vous avez des choses que vous voulez faire, vous savez envie de devenir quelque chose de différent qu'actuellement. Vous n'avez pas besoin de moi et je n'ai pas l'intention de vous laisser passer à côté de ce que vous voulez à cause de moi."

Le vert traversa la cantine dans le silence, déposa son plateau et emprunta un couloir, disparaissant derrière un mur. Dabi tapa du point sur la table, une expression de colère au visage et Toga se saisit du couteau de son plateau qu'elle serra contre elle pour tenter de se calmer et retenir ses larmes. Le reste des élèves n'avait rien comprit à l'échange, il ne comprenait pas la pseudo-dispute qui venait d'avoir lieu entre les trois amis. Par ce qu'ils étaient amis, non ? Là tout de suite la classe 1-A ne savait pas vraiment. Dabi alla déposer son plateau d'un pas rageur et prit une sortie différente du vert, sûrement pour évacuer sa colère. Mina prit son courage à deux mains et s'approcha de la blonde, voulant l'aider et aussi se rapprocher d'elle. Toga ne réagit pas à sa venue et continua de serrer le couteau dans ses mains. La jeune fille à la peau rose prit une petite inspiration et décida d'engager la conversation.

"Qu'est-ce qu'il c'est passé ?"

Silence.

"Tu sais on a bien remarqué que vous étiez pas vraiment méchants et on s'est dit que ça serrait bien si on se rapprochait, qu'on pourrait se comprendre. Alors je sais que ça doit être dur, mais tu pourrais me faire un peu confiance ?"

La blonde leva les yeux et détailla l'adolescente devant elle. Mina semblait nerveuse et se triturait les mains, elle avait s'en doute peur qu'elle la rejette et c'est précisément ce qui fit baisser sa garde à Toga.

"J'ai grandit dans des bidons-villes."

La rose sursauta mais se concentra immédiatement sur les paroles de la jeune fille.

"Mon père était alcoolique et ma mère à foutue le camp. Comme si ça suffisait pas je me suis retrouvé avec se stupide alter qui m'a pourrit la vie. Je paris que vous savez pas ce que ça fait, de pas pouvoir contrôler son corps, de pas pouvoir réfréner une envie et de finir par faire quelque chose d'horrible.

-Tu veux dire que ton alter te pousse à faire quelque chose que tu veux pas ?

-Ouais, mon alter est lié au sang alors j'ai constamment envie d'en boire ou d'en observer. Si je me retiens trop je finis par voir flou et quand je reviens à moi c'est trop tard, précisa-t-elle avec un sourire amer. J'ai fais plein de chose que je ne voulais pas, mais j'ai toujours chercher un moyen de faire disparaitre ces effets. Pourtant personne ne m'a cru, que ce soit la police ou les personnes que je considérais comme mes amis, ils ont tous finis par m'abandonner et me traiter de monstre. Alors à force d'être traité comme tel, j'ai finis par me dire qu'il valait mieux vivre comme un monstre. J'ai arrêté de me retenir, je faisais mal aux gens et sa me dérangeais pas parce qu'eux aussi me faisaient du mal, j'ai continuer pendant un moment. Et puis je suis tombé sur Izu, dit-elle avec un sourire ravie en regardant son interlocutrice. J'arrivait pas à le toucher, j'arrivais pas à le tuer et j'en étais heureuse. Il m'a assommé et quand je suis revenu à moi il était assis à côté de moi, il me regardait normalement. Il n'avait pas de haine ou de peur dans ses yeux, il regardait simplement une ado comme lui. J'ai commencé à pleurer et il m'a rassuré, il m'a dit que ce n'était pas de ma faute, que je n'avais rien fais de mal. Il m'a dit qu'il resterait avec moi jusqu'à ce que je puisse me contrôler parfaitement, que si j'avais besoin de sang il suffisait de lui demander et que si besoin il m'arrêterait si j'allais trop loin. Ce jour là je me suis promis de rester avec lui jusqu'au bout, de l'aider du mieux que je le pouvais."

Mina n'avait pas osé l'interromprez pendant son monologue et il y avait beaucoup d'information à traiter d'un coup. Premièrement elle ne savait pas qu'un alter pouvait avoir se genre d'effet ! Personne n'avait jamais pensé que certain vilain ne pouvait pas se contrôler à cause leur alter, encore moins que le comportement de certaine personne puissent amplifier le phénomène ! Deuxièmement Toga venait d'admettre qu'elle avait tué des personnes, même si Mina ne pouvait pas vraiment savoir si cela était voulu. Et enfin troisièmement, Izuku était celui qui avait stoppé la folie de la blonde. Il l'avait protégé du monde et aussi protégé le monde d'elle, ce qui soulevait une question encore plus perturbante pour l'apprenti-héroïne :

Qui définissait ce qui faisait d'un vilain un vilain ?


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