CHAPITRE 7

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LÉNA

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LÉNA


Ma deuxième semaine de cours à Yale me paraît plus longue que la première. Les cours m'intéressent, mais j'ai bien du mal à me concentrer. La douleur qui m'a vrillé le bide samedi dernier, pendant le match de lacrosse est revenue me hanter chaque jour, depuis. La sensation en elle-même est si étrange que je me demande si elle n'est pas simplement psychologique.

Une minute, tout va parfaitement bien, puis d'un seul coup, j'ai l'impression que mes organes se déchirent en deux, comme si on me dévorait de l'intérieur. Cela dure plusieurs instants puis brusquement, tout cesse et le mal reflue sans laisser la moindre trace, à tel point que je me demande si je ne rêve pas ces épisodes.

Tu deviens barge, ma pauvre...

En quittant mon cours de littérature grecque et latine, je me sens soulagée d'avoir enfin terminé cette journée. Je ne reprends pas avant demain, à onze heures, pour un amphi sur l'influence de la géopolitique dans la littérature contemporaine. Les notions sont plutôt denses et je ne m'attendais pas à étudier un sujet aussi précis et poussé. D'ailleurs, l'amphithéâtre était plein à craquer la semaine dernière, à croire que toute la fac s'était donné rendez-vous. Mes autres modules n'attirent pas la même foule et je me demande ce qui explique cette différence.

Pour couronner le tout, un sentiment de colère virulente ne me quitte pas. Il s'est fièrement ancré dans mes veines samedi dernier, au cours de la soirée et porte le doux nom de Sacha. La simple évocation de ce mec me rend hors de moi. Je sens cette haine fulgurante bouillir lorsque je revois ses lèvres se poser sur celles de Carrie, cette idiote prétentieuse.

Si je ne pensais pas avoir parfaitement cerné le personnage, j'aurais pu croire qu'il l'avait fait juste pour me rendre folle.

Folle de rage et de jalousie.

Car au final, c'est exactement le dénouement de ce petit jeu stupide à l'allure innocente, communément appelé « action ou vérité ».

Un bordel sans nom régit mon esprit et j'ai du mal à effectuer le tri. Qu'est-ce qui me m'énerve le plus ? Avoir cru un instant qu'il pourrait s'intéresser à moi alors que je passe mon temps à me persuader que l'amour est le plus venimeux des serpents ? Que contrairement à ses trois potes, Sacha n'était pas un branleur de service ?

Ou est-ce la confirmation qu'il n'est rien de plus que l'image qu'il renvoie, un abruti de sportif populaire au physique parfait, intéressé uniquement par une cruche dont le quotient intellectuel se compte sur les doigts d'une seule main ?

Je soupire. Pourquoi est-ce que je n'arrête pas de penser à lui ? Ce type n'en vaut pas la peine. N'importe où il marche, il traîne derrière lui une longue banderole avec inscrit dessus, en lettres majuscules : « PROBLÈMES ». Je ne crois pourtant pas aimer les chercher, mais je ne suis pas responsable de ce à quoi mon cerveau songe. Il décide tout seul, comme un grand, des pensées qu'il génère. Et parfois, j'aimerais l'empêcher de ramener certains sujets.

THE WINGMEN OF THE APOCALYPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant