CHAPITRE 30

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LÉNA

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LÉNA


En voiture avec Nadia, j'éclate de rire à toutes les conneries qu'elle me raconte. Le générique d'Inspecteur Gadget résonne à fond dans les enceintes et avec les vitres baissées, les passants que nous croisons nous prennent littéralement pour des folles. Et j'adore ça. Cette sensation de liberté, ce manque d'intérêt pour le regard d'autrui. Ce détachement des idées les plus sombres, des pensées comme des ombres.

— Ça me fait plaisir de te voir comme ça, me dit soudain Nadia en baissant un peu le volume.

Dehors, la nuit est déjà noire en cette fin d'après-midi. Je finis de nouer mon chignon en m'observant dans la glace du pare-soleil, puis le rabat pour qu'il cesse de me gêner.

— Comment ?

— Heureuse.

Un sourire me gagne. L'angoisse est toujours présente, tapie au fond de moi. Parfois, elle remonte et me cause des maux glacés. Il en sera sûrement ainsi toute ma vie. L'essentiel réside dans le fait que j'ai surmonté les pires obstacles. Je n'ai plus la sensation d'avoir perpétuellement la tête sous l'eau. Je respire à grande goulée et je croque la vie à pleines dents. Mon entrain passé m'avait manqué, je suis heureuse de me retrouver.

Je ne suis plus vraiment l'ancienne moi, mais plutôt une version 2.0. Cette année m'aura tabassée sans ménagement, contribuant à me rendre plus forte, plus solide, plus résiliente. Le prochain qui me traitera comme une petite chose fragile se frottera à la dure que la vie m'a poussée à devenir.

— Tu sais que tu peux me parler, Léna.

— Je sais.

Sacha est toujours l'unique personne à connaître mon secret, et cela me convient. Peut-être qu'avec du temps j'aurai envie de m'ouvrir sur le sujet. Pour l'instant, je me sens mieux et je compte poursuivre sur ma lancée.

— Je n'arrive pas à croire que Noël a lieu la semaine prochaine, dis-je. Le premier semestre est passé à une vitesse hallucinante.

— M'en parle pas ! Les partiels m'ont laminée, je suis à bout de nerfs.

— Tu as terminé ?

Elle hoche la tête.

— Pas toi ?

— Il me reste un dossier de littérature comparée à envoyer lundi soir, dernier délai.

— Tu t'en sors ?

— Je dois encore rédiger la conclusion et me relire.

Honnêtement, j'ai été plutôt préoccupée ces derniers temps mais j'ai tout de même réussi à ne pas laisser de côté mes cours. Au contraire, ils sont apparus comme un refuge. Les livres, les mots, la littérature... cette passion qui m'anime et parvient à m'entraîner dans des univers où tout est possible, a contribué à me sauver. Mon cursus a été une bouffée d'oxygène, chaque fois que j'ai eu besoin de m'oublier.

THE WINGMEN OF THE APOCALYPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant