CHAPITRE 14

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SACHA

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SACHA


Comme tous les dimanches, je me gare dans l'allée de la maison avec appréhension. Je sors mes Kinder Bueno et en grignote une barre en détachant soigneusement chaque carré. Pour finir, je ne suis pas certain que ce soit le sucre qui m'apaise mais plutôt le prétexte de repousser le moment où je devrais franchir le seuil de l'entrée.

Le cœur battant la chamade, j'actionne la poignée puis entre sans frapper. Parfois je n'arrive plus à savoir s'il s'agit toujours de mon foyer. D'ailleurs, ce mot-là n'est sûrement pas le plus adéquat quand on sait ce qui s'est passé entre ces quatre murs. Et le départ de ma mère aura achevé de détruire toute notion de chaleur associée à ce lieu.

L'étonnement me gagne quand une odeur de citron flotte sous mes narines, remplaçant l'habituel mélange de renfermé, de sueur, de clope et d'alcool. En arrivant dans la pièce principale, je découvre l'espace entièrement rangé. Les volets ouverts permettent aux fenêtres de laisser de l'air entrer. Un courant frais s'infiltre même, via l'une des ouvertures laissée en oscillo-battant.

La table du salon ne présente aucun reste de pizza, pas de trace de bières. Est-ce que je suis en train de rêver ? À chaque fois que je viens ici, je trouve toujours les choses dans le même état et essaie perpétuellement de me convaincre que ce n'est que l'affaire d'une fois. C'est dire à quel point je suis un faible. Un lâche. Un pleutre.

Mes petits frères vivent sous l'égide d'un père qui ne m'a jamais rendu heureux durant mon enfance. Je sais à quoi ressemble le quotidien sous son joug, mais il est leur tuteur légal. Que puis-je faire pour lutter contre ça ? Cette question me triture depuis bien longtemps et je ne lui trouve pas de réponse appropriée.

Dos à moi, collé à l'évier de la cuisine, mon père fait la vaisselle. Je m'éclaircis la gorge pour attirer son attention et il se retourne. Son visage se montre bienveillant et j'ai même droit à un sourire. De plus en plus abasourdi par cette vision qui serait même impossible dans mes rêves les plus fous, je cherche à comprendre. Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'un tel changement se produise ?

Ma mère serait-elle revenue ? Un élan d'espoir me gonfle la poitrine puis retombe immédiatement comme un soufflé. Non, je me torture inutilement en pensant perpétuellement à ça. Les moments passés en sa compagnie sont les seuls qui appartiennent à mon passé et sont emplis de joie. Si j'avais su que tout prendrait fin brutalement, sans me laisser le temps de cligner des yeux, j'en aurais bien plus profité.

Le petit garçon que j'étais a pris sa maman pour acquise et s'en est mordu les doigts. Je ne peux m'empêcher de regretter toutes les minutes où j'ai éprouvé de la colère à son égard car elle m'avait vexé. Toutes les minutes où j'ai préféré jouer avec mes amis plutôt que de rester avec elle. Toutes les minutes où je suis resté enfermé dans ma chambre avec mes livres, plutôt que de feuilleter ses magazines avec elle.

« Le temps ne vaut que du jour où il nous est compté. »

Si seulement je l'avais compris plus tôt... Des picotements m'effleurent les côtes, comme si mon tatouage s'était mis à irradier pour me rappeler la teneur du message qu'il véhicule.

THE WINGMEN OF THE APOCALYPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant