CHAPITRE 18

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LÉNA

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LÉNA


Une solide étreinte. La chaleur d'une paume contre la mienne. Un souffle régulier. Mes vêtements toujours humides. Un rayon de soleil qui caresse mon visage, à travers le rideau mal tiré.

Face à moi, le lit de Nadia semble défait, signe qu'elle est venue dormir ici en coup de vent, entrant et sortant sans que je m'en aperçoive.

Blottie dans les bras de Sacha, je me sens plus calme qu'hier. L'anxiété ne part jamais bien loin, je le sais. Tel un boomerang, elle me revient en pleine figure quand je m'y attends le moins. Confier à ce garçon mon plus sombre secret m'a déchirée. Chaque mot m'a replongée dans ce souvenir atroce et pourtant, je n'ai pas conté chaque image gravée dans ma mémoire en détail. Je me suis contentée d'aller à l'essentiel, ce qui représente déjà beaucoup pour moi.

Ce matin, j'ai l'impression d'être libérée d'un poids. Ce fardeau qui pèse sur mes épaules depuis cet été n'est plus juste ma responsabilité. En le partageant à Sacha, j'ai formulé le vœu tacite qu'il m'aide à supporter cette douleur. Pourquoi lui ? Je ne sais pas... j'aurais pu choisir mes parents. Après tout, ils ont toujours été aimants et m'ont soutenue dans toutes mes entreprises. Je leur racontais toujours tout jusqu'à cet événement...

Comment avouer, les yeux dans les yeux, à sa maman, qu'un monstre s'est emparé de notre intimité avec une brutalité qui donne envie de crever ?

Comment avouer, les yeux dans les yeux, à son papa, qu'on ne supporte plus son reflet dans la glace et que mourir n'inspire plus la peur mais l'espoir ?

Comment avouer, les yeux dans les yeux, à ses parents, que leur petite fille a été souillée par l'acte le plus abject qui soit et par une personne qu'ils portent dans leur cœur ?

Car mes parents adoraient Pierre. Ils n'ont jamais su pourquoi nous nous sommes séparés, parce qu'il m'est impossible de le leur dire. Peut-être dans dix ans, peut-être dans vingt ans. Peut-être jamais.

Quand j'ai cru que Sacha avait trahi ma confiance, en balançant ce que nous avons découvert aux urgences, j'ai eu l'impression de devenir folle encore une fois. Apprendre à placer sa foi en les autres est un exercice qui me pose les plus grandes difficultés. Si en plus je commets déjà des erreurs, je ne m'en sortirai jamais...

Puis il a su me convaincre que je me fourvoyais. Le garçon que j'ai appris à connaître en dehors de sa sphère sociale où il porte son masque public tient plus que tout à ses petits frères. Et je sais ce que représente une promesse à ses yeux. Son témoignage a finalement achevé de me convaincre...

Qui mieux que lui aurait pu comprendre ce qu'on ressent lorsqu'on est victime d'un acte d'une violence inouïe ? J'ai supporté ça quelques mois, lui des années. Nos situations ne sont pas comparables, car les malheurs n'ont pas d'échelle de valeur. Ils sont tous horribles à leur manière et il ne s'agit pas d'une compétition.

THE WINGMEN OF THE APOCALYPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant