Mon âme est en miette.
En fuyant la France pour intégrer l'université de Yale, je pensais avoir laissé mes démons derrière moi. J'avais tort...
J'avais pourtant tout anticipé : nouveau continent, nouvelle ville, nouveaux projets. Je devais recommenc...
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LÉNA
Assise sur mon lit, je griffonne deux ou trois mots qui me passent par la tête. Pour mon cours d'écriture créative, qui démarre au prochain semestre, je devrai rédiger une nouvelle sur un thème libre. Dès que j'ai une minute à moi, j'aime bien me poser avec un carnet pour noter les idées qui me branchent.
Comment ne pas être inspirée, avec Sacha dans ma vie ? Il est ma véritable muse et je ne peux défaire mon esprit de son doux visage. Je l'ai tellement observé que je pourrais le dessiner les yeux fermés. L'image mentale découvre d'autres horizons et je songe à ses deux tatouages. Le premier dont nous avons discuté pour la toute première fois à la bibliothèque, quand il a réalisé que j'étais française. Le second plus intime, qu'il était certain que je découvrirais...
Il ne s'est pas trompé. Sous le liseré de son boxer se dissimulent deux petites ailes aux plumes blanches, me rappelant une fois de plus que ce garçon est un ange caché parmi les hommes. Quand sa mission sur Terre sera achevée, il sera rappelé au ciel et son existence transcendera le reste. J'en ai la certitude.
Je me gratte doucement au niveau du flanc, en prenant garde de ne pas toucher à la zone interdite.
La porte s'ouvre soudain sur Sacha, vêtu de son uniforme de lacrosse.
— J'ai tout donné sur le terrain, me lance-t-il épuisé.
— Garde un peu de force pour le match, quand même, le chambré-je.
Il s'approche de moi et me dérobe un baiser frivole. Du bout de mes doigts, je caresse la peau gelée de sa joue.
— Tu as bien mérité une douche chaude, murmuré-je.
Il m'offre une moue innocente.
— À deux ?
Un sourire étire mes lèvres tandis que je referme mon carnet pour le poser sur ma table de chevet.
— Je ne peux pas.
Inquiet, il fronce les sourcils.
— Comment ça, tu ne peux pas ? Tu ne te sens pas bien ?
Mon sourire ne faiblit pas.
— Au contraire, je me sens très bien. Mais j'ai une bonne raison de pas pouvoir te rejoindre sous le jet d'eau.
Sacha retire son blouson et se frotte les mains pour les réchauffer. Il s'assied près de moi sur le matelas.
— J'ai une surprise pour toi, annoncé-je.
— Encore ? Tu me gâtes beaucoup trop, Léna. Chacune de tes surprises est tellement hors du commun que les miennes paraissent fades à côté.
Je ris. Un peu embarrassée, je cherche mes mots. Avec la tendresse qui le caractérise, Sacha dégage une mèche de cheveux de mon visage et la coince derrière mon oreille.
