CHAPITRE 12

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SACHA

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SACHA


D'une main tremblante, je dégage la mèche de cheveux qui me tombe dans les yeux. Devant moi, un secouriste d'une quarantaine d'années qui semble savoir ce qu'il fait, vérifie plusieurs signaux vitaux de Léna. Je contrôle la déflagration qui brûle dans mes veines, me poussant à poser les mille questions qui me calcinent les veines. Si je gêne les professionnels, c'est elle qui en pâtira et ce n'est pas ce que je souhaite.

Alors je me terre dans un silence douloureux me donnant l'impression d'avaler des lames de rasoir qui neutralisent mes cordes vocales.

— Nous arrivons dans deux minutes, signale le conducteur à son collègue.

L'autre hoche distraitement la tête, les doigts manipulant la nuque de Léna, toujours inconsciente.

Quand j'ai découvert tout ce sang sur son pantalon et qu'elle s'est évanouie la seconde suivante, j'ai senti mon cœur éclater. Mes jambes sont soudain devenues du coton et j'ai moi-même failli m'effondrer. Par je ne sais quel miracle, j'ai réussi à m'élancer vers elle et à la retenir avant qu'elle ne chute sur le vieux carrelage des sanitaires. Elle aurait pu se fracasser le crâne et aggraver sa situation.

Les interrogations défilent dans ma tête. D'où peut provenir autant de sang ? Bien sûr, l'explication la plus plausible serait d'ordre hormonal. Mais qu'est-ce qui explique aussi l'évanouissement ? Une perte de fluide trop soudaine et conséquente ?

Une petite voix dans mon for intérieur murmure qu'il s'agit de quelque chose de plus grave et je serre les dents de toutes mes forces pour contenir ma rage. Quel que soit le mal qui ronge Léna, je m'en veux d'être impuissant, assis sur une banquette de fortune dans une ambulance.

Composer le 911, c'est le premier réflexe qui m'a traversé l'esprit. Les rumeurs doivent aller bon train sur le campus. Je ne doute pas que Spotted Yale s'emparera de l'affaire au plus vite. Malheureusement, il n'existe aucun levier que je puisse actionner pour l'éviter. Tout se sait toujours dans cette université, inutile d'essayer de lutter. Je l'ai moi-même appris à mes dépens l'année dernière.

Quand le véhicule se stationne devant l'entrée des urgences, mon estomac effectue une cabriole. Tout se passe très vite et de manière saccadée. Avant même de me rendre compte comment je suis arrivé là, je me retrouve dans une salle d'attente meublée de chaises en mauvais état et toutes dépareillées. La mienne, rouge et bancale, me donne envie de lui filer un violent coup de pied pour évacuer ma frustration mais je me contiens. Si je me fais remarquer, on me mettra dehors et je veux être là lorsque Léna reviendra à elle.

Dès lors, l'attente est interminable et tout m'insupporte. Le cliquetis de la vieille horloge dont les aiguilles déconnent. Les raclements de gorge réguliers d'un enfant victime d'une toux grasse. Les bruits de bouche d'une cinquantenaire qui mâchouille un chewing-gum comme si sa vie en dépendait. Le métronome parfait créé par le talon de bottes d'un petit vieux appuyé sur sa canne. Si je m'écoutais, je leur rentrerais tous dans le lard.

THE WINGMEN OF THE APOCALYPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant