5 ~ Traité de paix

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Pré-NDA: Et coucou.

TW: Sexe.

Charlie

A la moitié du joint que j'avais piqué à Atrax, accompagné d'un verre de rhum coca, et emmitouflée dans la veste de Gabriel, je profitai de l'air frai pour me remettre les idées en place.

J'avais donné congé à toute l'équipe pour le reste de la semaine après l'expérience traumatisante qu'ils avaient vécu, et je m'attendais déjà à une vague de démission dans les jours à venir.

Et je les comprends.

Et en rentrant, j'avais appelé les parents d'Hugo. Et aussi horrible que cela pouvait être, je m'étais sentie rassurée lorsque sa mère avait décroché, en pleurs. Rassurée, parce que je n'allais pas avoir la lourde responsabilité de lui annoncer la mort de son fils, rassurée parce que je le savais, je n'aurai jamais trouvé les bons mots. Y en avait-il d'ailleurs ? Des bons mots dans ce genre de situation ?

Toutes mes condoléances.

Courage.

Sois forte.

Ces phrases, que j'avais entendu bien trop longtemps, bien trop souvent. Qui pourtant n'avaient jamais eu aucun sens pour moi. Et qui n'en n'avaient surement pour personne. Alors après la mort de mon père, je m'étais jurée de ne plus jamais les prononcer à quiconque avait perdu un être cher, quitte à paraitre froide, sans compassion. Parce que c'était finalement ce que j'aurai aimé qu'on soit avec moi.

La pitié n'aide pas, elle tue.

« Toutes mes condoléances. » Rien à foutre de tes condoléances.

« Courage. » Est-ce que j'ai le choix ?

« Sois forte. » Et si je n'ai pas envie ?

Alors, j'étais restée silencieuse au téléphone. Je l'avais écoutée pleurer, sans rien dire. Je l'avais écouté déverser sa peine, en tentant d'en prendre un peu. Mais je savais que ça ne serait jamais suffisant, ça ne l'était jamais. Et puis lorsqu'elle s'était calmée, elle m'avait remercié, et une fois de plus je n'avais rien répondu.

Parce que c'était ma faute.

— Tu me fais la gueule ?

La voix d'Atrax me sortit de mes pensées, je ne l'avais pas entendu arriver. Je posai mes yeux sur lui, le regardant allumé son joint, alors que je tirai sur celui que je lui avais pris. Puis lentement, il braqua ses iris noirs sur moi, en prenant une grande bouffée de sa drogue. Je le détaillai, fuyant légèrement son regard, qui m'avait toujours mis mal à l'aise. Il avait rabattu la capuche de sa veste sur ses cheveux noirs, obscurcissant un peu plus son visage. Il avait le même air de mauvais garçon qu'avait Ales, la même prétention, la même insolence. Cette cicatrice qui partait de son œil droit, pour descendre jusqu'en bas de son visage ne l'entachait pas. Elle le rendait juste un peu plus différent. Un peu plus flippant aussi. Mais surtout unique.

Il arqua un sourcil face à mon absence de réponse.

Puis je m'appuyai contre la rambarde, en tirant une nouvelle latte.

— Un peu. Soufflai-je.

Il arqua son deuxième sourcil face à ma franchise à laquelle il ne devait pas s'attendre, puis il plissa les yeux, m'interrogeant silencieusement.

Et je soufflai la fumée, alors que mon regard dévia sur Ales qui descendait les escaliers. Il avait retiré son plâtre. Et sa jambe le faisait souffrir, je le voyais à ses traits tirés.

Chales T3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant