11 ~ De mauvais poil

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Charlie

Est-ce que je deviens folle ?

Tiraillée entre la tristesse, la peur et la colère, j'étais restée figer sur le lit alors qu'Ales venait de fermer la porte de la chambre pour rejoindre sa sœur.

« On arrive dans cinq minutes A'. »

Il avait prononcé cette lettre sans sourciller, rien ne semblait l'avoir choqué, alors que moi, ça m'avait frappé de plein fouet. J'avais pris une claque, une de plus. Était-ce elle la traitre ? Je n'arrivai pas à y croire pourtant...

« Ne fais confiance à personne. »

Mon cœur se mit à palpiter et j'étais incapable de bouger. Il l'avait rejoint, et s'il était dans son équipe ? Si en fait leur seul objectif à tous était de me tuer ? Finalement, il m'avait toujours menti, je m'étais fait enlevée, trois fois, à cause de lui, torturée, violée, et il l'avait laissé faire pour sa petite vengeance personnelle. Mais si rien de tout ça n'était fini ? Si je n'étais encore et toujours qu'un putain de pion ?

Je suis en train de devenir folle ?

Est-ce qu'on me prend pour une putain de conne ?

Ana était si douce, si gentille, si innocente. Mais ce n'était peut-être qu'un leurre, parce que finalement, les propres menaces que je proférais, je ne les prenais même pas en compte moi-même. Les femmes étaient les êtres les plus intelligents et vicieux de ce monde.

« Je l'ai suivi, et je l'ai vu, avec ce gars. »

Peut-être que Juliann avait, sans le savoir, vu Ana avec la mauvaise personne. Peut-être qu'il avait vu le début de tout ce bordel.

Mes mains se mirent à trembler, j'avais dit que je les rejoignais, mais j'avais envie d'aller partout sauf avec eux.

Il faut que je me casse.

Pourtant, j'étais incapable de bougée. Mon cœur se mit à battre encore plus vite, et ma respiration se saccada. Une violente pression appuya sur mon estomac.

J'ai envie de vomir.

Une sueur froide traversa mon corps, mes oreilles se mirent à bourdonner, et c'était le grand retour de mes crises d'angoisse. Je suffoquai, mais dans un élan de volonté de vivre, je me levai, et malgré mes jambes tremblantes et ma vision qui commençait tout doucement à se brouiller, je tentai de concentrer toutes mes forces pour garder le seul organe qui me ferait sortir d'ici, en fonctionnement : mon cerveau.

Je soufflai, et j'avais chaud, j'étais terrifiée. Je m'emparai d'un sac, et j'y mis quelques affaires rapidement sans prendre le temps de réellement faire attention à ce que j'apportais avec moi. Je n'avais pas beaucoup de temps. Si Ales jouait encore un jeu avec moi, s'il comptait m'amener dans un piège et me tuer, il allait se rendre compte rapidement que je ne viendrai pas. Il était intelligent.

Je vais peut-être me faire trucider dans quelques minutes.

La lourdeur dans mon corps s'accentua, alors que je pris le sac sur mon dos, et que je récupérai ma veste, pour sortir par la baie vitrée de la chambre dans laquelle j'étais.

Il faut que je fuie, loin d'ici.

Et mon angoisse ne cessait d'augmenter, alors que mes jambes ne fonctionnaient plus que dans un seul but, me sauver la vie.

Cours ou meurs, il parait.

Je rejoignis rapidement la terrasse principale avec la piscine à débordement, puis, lentement, je tentai de regagner le parvis de la villa. Il faisait nuit noire, et la fraicheur du vent qui caressait la peau de mon visage me faisait redescendre en température, me permettant de garder encore les idées froides. Mais je savais qu'une fois sortie d'ici, si j'y arrivai, la crise serait violente, ça serait peut-être elle qui me tuerait.

Chales T3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant