13 ~ Eclats de Passion

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TW: Sexe.

Alessio

Sur la terrasse de ma chambre, je fumais mon joint, après cette soirée cauchemardesque.

Je l'observai dormir profondément. Comme si elle était en paix.

Pourtant, quelque chose la bouffait. Quelque chose la tuait. Et j'étais désarmé.

Une fois sortis de la salle avec Mat, elle avait insisté pour rentrer. Et elle s'était mise à pleurer, elle m'avait supplié de la ramener, comme si sa vie en dépendait, comme si ça allait mal tourner. Elle avait fait une crise de panique violente, plus violente que les autres, plus dévastatrice, incapable de parler, incapable de respirer, et je n'étais pas arrivé à la calmer. Mat était intervenu, à deux, nous l'avions sorti de la boite, par l'entrée du personnel pour que personne ne la voit dans cet état, pour la préserver.

Et elle s'était débattue, comme elle ne l'avait jamais fait. Jusqu'à ce qu'elle fasse un malaise. Comme si son corps n'en pouvait plus, comme si son esprit ne voulait plus lutter. Elle était épuisée, et moi je ne pouvais rien faire. Mat avait pris la route en moto, pour m'ouvrir le chemin, et qu'on puisse rentrer plus vite.

La dernière fois que j'avais roulé si vite, c'était lorsqu'elle était à moitié morte dans cette voiture avec le doc, lors de son premier enlèvement.

Une fois à la villa, alors qu'elle avait repris connaissance sur le chemin, elle avait refusé qu'on la touche, elle avait refusé qu'on s'approche. Ma mère, mon père et Ana étaient sortis sur le parvis, et comme moi, incapables d'agir, ils étaient restés loin, terrorisés eux aussi par ces démons qui semblaient la hanter.

Elle avait fait le chemin de la voiture à la villa seule, Mat et moi de chaque côté à quelques mètres, elle était entrée, et s'était ruée vers l'alcool. Une bouteille de rhum en main, elle s'était installée sur la terrasse seule, et elle avait bu. Bu pour se calmer, bu pour oublier. Elle avait bu les trois quart de la bouteille sans aide, sans un mot, ni même un regard. Et je l'avais observé faire.

Parce que je ne savais pas quoi faire pour l'apaiser.

Parce qu'elle n'avait pas voulu de mon aide.

Elle avait fini par s'endormir sur un des transats, dans le froid, alors que Mat à qui ma mère avait proposé d'entrer, mon père, ma mère, ma sœur et moi étions restés à l'intérieur, pour la surveiller. Aucun de nous n'avait bougé, les yeux rivés sur elle, silencieux, prêt à intervenir, prêt à l'écouter. Mais elle ne voulait pas être aidée.

Elle avait perdu le control d'elle-même, elle avait laissé ses démons prendre le relais. Parce que je le savais, tout ça, elle n'y était pas préparée. Charlie Roy était la femme la plus forte que je n'avais jamais rencontré. Mais c'était trop, pour ce petit bout de femme, qui avait encore envie malgré tout, de croire en l'humanité. Malgré toute sa haine, toute cette condescendance qu'elle avait envers ses semblables, c'était trop lourd pour elle.

Et moi je n'avais rien pu faire.

Je n'avais pas su faire.

Je n'avais pas su quoi faire.

Juliann... Toi tu aurais su... Toi, elle t'aurait laissé.

Je fermai les yeux en tirant une nouvelle latte du joint pur que je m'étais roulé. Parce que j'avais besoin d'oublier. J'étais assez fort pour prendre ses démons, mais je n'étais pas assez fort pour la voir dans cet état. Je n'étais pas assez fort pour accepter de la voir mourir à petit feu.

Un soupir s'échappa de mes lèvres en même temps que la fumée. Et la drogue m'apaisait un peu, mais pas suffisamment. Mon cœur battait encore trop vite, parce que moi aussi, j'avais fait une crise d'angoisse, au moment où j'avais compris que je n'arriverai pas à calmer la sienne.

Chales T3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant