Alessio
Figé face à mon père et mon cousin, Charlie dans mon dos qui s'accrochait à mon tee-shirt comme si sa vie en dépendait, et le bruit des gouttes tombant du bureau de mon père contre le sol. La situation ne pouvait pas être plus burlesque.
— CHARLIE ROY ! QU'EST-CE QUE C'EST QUE CETTE PIZZA DIGNE DE RAYONS SURGELES D'UN SUPERMARCHE ?! Hurla ma mère.
Ah bah si, elle peut.
Ma mère, d'habitude d'un calme à tout épreuve, déboula dans le bureau en poussant fermement mon père et Nino, dans le seul but de mettre une raclée à la coupable du crime affreux qui venait d'être commis.
Ma mère est calme, sauf quand on ose commander une pizza et la bouffer chez elle, la grande reine de la cuisine.
Le temps sembla passer au ralentis les secondes qui suivirent, ou nous nous fixions tous, sauf Roy toujours planquée dans mon dos.
Et je ne savais pas si j'avais envie de rire, ou de m'enfuir en courant. Ma mère pouvait vraiment être flippante quand elle s'y mettait.
Mon regard croisa celui de Nino, et nos iris s'accrochèrent avant de se fuir. Mais c'était trop tard, le mal était fait. Je l'entendis pouffer, puis retenir son rire de justesse, et je dus mordre violemment mes joues intérieures pour ne pas me faire entrainer.
— Qu'est-ce qui vous fait rire vous deux ?! Vous n'avez pas honte ?! Nino, je suis sûre que c'est toi qui lui as commandé ! Lança ma mère en se retournant vers sa nouvelle proie.
Les yeux de Nino s'écarquillèrent, alors qu'il se pinçait les lèvres pour ne pas éclater de rire, mon père recula d'un pas en fixant sa femme. Le grand Antonio Stelleti n'avait peur de rien, sauf de celle qu'il avait épousé. J'en profitai pour jeter un coup d'œil au bureau, et mes yeux s'arrondirent lorsque j'aperçus le dossier sur lequel Charlie était assise quelques minutes plus tôt.
Trempé.
Foutu.
Discrètement alors que Nino bégayait pour ne pas se faire étriper, j'attrapai le dossier bleu du bout des doigts, et je le fis passer dans mon dos, pour que Charlie le cache sous son pull. Ce qu'elle comprit rapidement lorsque j'entendis le bruit du papier frotter contre le tissus.
Mais je n'étais pas le seul à avoir entendu, tous les regards se rebraquèrent sur nous, et je vis mon cousin reprendre sa respiration.
— Charlie Roy ! Gronda ma mère, retire-toi de mon fils tout de suite !
Oh non maman...
Ma mère se mélangeait souvent les pinceaux avec la langue française lorsqu'elle était en colère, ce n'était pas sa langue maternelle, et même si elle la parlait bien, ça restait parfois approximatif selon les émotions qui la traversaient, et son niveau de contrariété.
Ne rigole pas, ne rigole pas.
Et cette phrase nous termina tous. Mon père se frotta le visage, Nino gonfla ses joues, Charlie tira plus fort sur mon tee-shirt, et je sentis le gout de mon propre sang s'écouler dans ma bouche tant je mordis fort dans mes joues.
Seul ma mère restait stoïque, comme si sa tournure de phrase n'avait rien d'ambigu, mais c'était largement suffisant pour nos esprits tordus.
Et ce fut les secondes les plus longues de ma vie, jusqu'à ce que j'entende Charlie pouffer derrière moi qui m'embarqua dans la foulée. J'éclatai de rire, suivi de mon cousin qui ne put se retenir plus, et même mon père lâcha un rire nerveux.
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Chales T3
Lãng mạnAprès avoir déposé son brevet, Charlie Roy pensait arriver au bout de ses peines, pourtant la vie venait de lui mettre une nouvelle claque. L'ultime, celle qui la ferait basculer du côté sombre de sa personnalité. Et alors qu'elle pensait que le pl...